La sécurité reste le défi numéro un du nouveau régime

BANGUI, 12 mai 2003 (AFP) - 11h46 - Deux mois après le coup d'Etat du 15 mars dernier qui a porté au pouvoir le général François Bozizé, la sécurité reste le défi numéro un auquel est confronté le nouveau régime. particulièrement dans l'arrière-pays.

"La sécurité est le problème numéro un à Bangui mais aussi en province. Tout est lié à ça: l'économie, le dialogue national et la préparation des élections, le retour de l'aide internationale", souligne-t-on de source diplomatique.

Multitude d'armes disséminées dans la nature, anciens militaires désoeuvrés ou ex-rebelles désarmés sans ressource, pauvreté généralisée, constituent un cocktail qui peut se révéler explosif.

Grâce à l'amnistie décrétée par le général Bozizé, quelque 800 militaires, réfugiés en République démocratique du Congo (RDC) après la tentative de putsch de mai 2001, ont ainsi regagné Bangui ces dernières semaines avec l'espoir d'une réintégration soumise à l'examen au cas par cas.

A Bangui, le couvre-feu a été une nouvelle fois réduit et n'est plus en vigueur que de minuit à cinq heures de matin. Mais les tirs intempestifs, qui avaient cessé, ont repris et les braquages à main armée sont fréquents, y compris dans les quartiers populaires pour des butins de misère.

Cette recrudescence d'actes de violence coïncide avec le rapatriement de la majorité des 500 Tchadiens, déployés à Bangui alors que la ville était en proie aux pillages après le coup d'Etat. "Les Tchadiens étaient durs mais efficaces", constate-t-on de source humanitaire.

Le vide causé par leur départ n'a pour l'instant pas été comblé. La force de paix de la Cémac (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale), qui devrait intégrer prochainement une centaine de Tchadiens dans la limite de 350 hommes, "a des moyens importants, mais ne fait pas de patrouille", déplore un proche du nouveau pouvoir.

De leur côté, les 300 militaires français arrivés après le coup d'Etat du 15 mars ont pour mission d'assurer la sécurité de l'aéroport.

Quant à l'armée centrafricaine, après de multiples luttes fratricides et les humiliations infligées ces derniers mois par l'ancien régime dont la sécurité était assurée par des forces étrangères, elle nécessite, de l'avis général, une sérieuse reprise en main avant d'être à nouveau opérationnelle.

En province, dont des régions entières échappaient déjà au contrôle de l'ancien régime, la situation apparaît plus problématique. Des bandes armées incontrôlées -parfois des ex-rebelles démobilisés- sévissent principalement dans le nord et le nord-ouest du pays où était implantée la rébellion avant de fondre sur Bangui.

Réfugiés dans la brousse depuis des mois en raison des combats, des milliers de villageois ne sont toujours pas rentrés chez eux, relève la presse.

Dans d'autres régions, les axes routiers ne sont pas sûrs. Bien qu'ils ne soient pas une nouveauté en Centrafrique, des "zaraguinas" ("coupeurs de route") sont signalés dans la région de Bambari (400 km au nord-est de Bangui), passage obligé pour gagner tout l'est du pays.

Même à l'ouest, la présence de zaraguinas a été signalée sur l'axe vital pour l'approvisionnement de la Centrafrique qui relie Bangui au port camerounais de Douala.

"Le gouvernement dit que la sécurité est une priorité mais les moyens ne suivent pas", déplore une source humanitaire. Une mission de l'Unicef, qui s'est rendue sous escorte la semaine dernière dans l'Ouham (nord-ouest), a bien constaté la présence, dans la préfecture de Bossangoa, d'un détachement de militaires, mais dépourvu de véhicules.

"On nous dit de regagner nos postes. Mais les nouveaux préfets ne sont toujours pas partis prendre leurs fonctions à cause de l'insécurité", s'indigne un enseignant affecté à Bambari.

"La situation n'est ni rose ni noire, concède Parfait M'Baye, ministre de la Communication. Maintenant, il faut réorganiser l'armée et la remettre sur le terrain".


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16