La RCA assise sur une poudrière, selon son ministre de l'Intérieur

BANGUI, 17 mai2003 (AFP) - 10h42 - L'insécurité en Centrafrique est en passe d'être jugulée, mais le pays est "assis sur une poudrière" en raison de la dissémination des armes, a assuré à l'AFP en fin de semaine le nouveau ministre centrafricain de l'Intérieur et de la Sécurité nationale.

"Nous sommes vraiment assis sur une poudrière" en raison de la quantité d'armes détenues illégalement tant à Bangui que dans l'arrière-pays", a déclaré le colonel Michel-Paulin Bondeboli, nommé au titre des Forces armées centrafricaines (FACA) dans le gouvernement, issu du coup d'Etat du 15 mars dernier dirigé par un civil, le Pr Abel Goumba.

"Il est difficile de savoir qui détient des armes, a-t-il dit. L'ancien régime en a distribué à ses militants; un dépôt de munitions comprenant des armes de guerre a été pillé lors des mutineries (1996-1997) et tout est loin d'avoir été récupéré; dans les zones de combats (ces derniers mois), des armes ont été abandonnées, en particulier par les gens de (Jean-Pierre) Bemba", chef du Mouvement de Libération du Congo (MLC), auquel avait fait appel l'ancien président, Ange-Félix Patassé, avant son renversement.

Depuis lors, "des fouilles ont été menées et certaines récupérées mais on est loin du compte", a-t-il estimé. Le nouveau gouvernement comprend un secrétaire d'Etat chargé du désarmement.

Concernant l'insécurité à Bangui et encore plus dans certaines régions de l'arrière-pays, qualifiées de "zone de non droit" par une organisation centrafricaine de défense des droits de l'homme, le ministre a déclaré: "on est en train d'endiguer tout ça".

"Je crois que l'armée pourra y faire face avec le concours de la force de la Cémac (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale) et l'appui logistique de la France (...) Nos militaires vont aller parcourir ces régions du nord", a affirmé M. Bondeboli.

Arrivée en décembre dernier, la force de la Cémac, composée d'environ 300 hommes, est restée à Bangui après le 15 mars mais attend encore la redéfinition de son mandat à la suite du changement politique. Trois cents militaires français sécurisent également l'aéroport de Bangui depuis le coup d'Etat.

La presse, qui regorge de témoignages à ce sujet, comme la rumeur publique, impute pour une bonne part l'insécurité persistante aux "libérateurs" (ex-rebelles) et à des militaires tchadiens venus initialement sécuriser la capitale centrafricaine en proie aux pillages après le 15 mars.

"Les ex-rebelles, c'est possible. Mais l'armée tchadienne, c'est à prendre au conditionnel", a commenté le ministre centrafricain.

La majorité du contingent tchadien a été rapatrié et une centaine d'hommes devraient être intégrés dans la force Cémac.

Le ministre de l'Intérieur a assuré que le déploiement des représentants de l'Etat sur l'ensemble du territoire était imminent. "Les préfets et sous-préfets doivent être en place à temps pour organiser la fête des mères" le 25 mai, a-t-il dit. "Les forces de sécurité seront aussi déployées avec les moyens nécessaires", a-t-il précisé.

En raison des combats dans le tiers nord et nord-ouest du pays, les autorités avaient regagné Bangui alors que les villageois se cachaient dans la brousse où beaucoup sont toujours réfugiés. Les principales localités de ces régions sont totalement dévastées.

Le colonel Bondeboli a également assuré que la liberté d'expression, largement contrôlée sous l'ancien régime, était garantie. "Chaque citoyen est libre à condition qu'il respecte la loi (...) Nous ne sommes pas là pour museler les partis politiques. Notre mission est de permettre la tenue d'élections le plus tôt possible".

Le président autoproclamé, le général François Bozizé, a annoncé une période de transition de 18 à 30 mois avant la tenue de nouvelles élections.


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 16