Barracuda 2

Cela fait une dizaine de fois que je relis la dépêche de l'AFP et je n'arrive toujours pas à le réaliser; on a un nouveau proconsul. On a eu droit à "Il y'a le président, après le président il y'a moi et après moi, c'est le mur". Après Mantion et Barril, on a maintenant Pèrez. La seule différence avec les précédents est la consonance espagnol du nom, laissant penser que les parents de ce général ont fuit, eux aussi, une dictature (Franco) pour se réfugier en France. Ce qui ferait de l'individu un bonhomme plus apte à appréhender les réalités centrafricaines. L'avenir le dira.... Je relisais hier une vielle déclaration de Gary Lineker qui disait à propos de l'équipe de football d'Allemagne que "le football est un jeu qui se joue à onze contre onze et à la fin ce sont les allemands qui gagnent". Pour le paraphraser, je dirais que "la Centrafrique est un grands pays habité par de grands enfants qui se battent tout le temps et à la fin, c'est la France qui dirige". Inutile de vous dire qu'en écrivant cette dernière ligne j'ai honte d'être centrafricain. Ceci surtout après que des compatriotes (connaissance et amis) ont, dans une instance officielle et nationale, demandés la prise en charge de nos régis financières par l'étranger. "On est pas assez responsable pour gérer notre pays, gérez le pour nous" est, au bout du compte, le message envoyé. Pour dire les choses d'une manière plus direct et moins policé, on dira "on est trop con pour gouverner notre pays, faites le à notre place". Ces bonnes âmes ont probablement oubliés que le gratuit n'a jamais existé dans ce monde et que, par conséquent, il faudra un jour ou l'autre "rembourser" d'une manière ou d'une autre. Dans tout les cas, c'est l'abandon volontaire de ses prérogatives qui est choquant. On vient d'avoir une conférence dite nationale sensée permettre à tout un chacun de "vider son sac" et proposer ses vues et options. On a trouvé le temps de se pardonner, de fixer les tranches d'âge d'éligibilité à la présidence, de spéculer sur les femmes des potentiels candidats à la présidence, à appeler les "autres" à venir gérer nos comptes mais on n'a pas trouver le temps à poser les questions qui, me semble, fondamentalement vitales. A savoir, qui a payé le renversement de Patassé et quel est le prix que la Centrafrique devra payer? Quelles sont les contenus des "accords de coopération" liant la Centrafrique à la France? Comment Kolingba a pu bénéficier de l'aide du chef rebelle MBémba pour gagner l'Ouganda après sa tentative de putsch qui a généré tant d'horreur envers nos compatriotes yakomas? Quels sont les moyens mis en place pour empêcher qu'un futur "démocratiquement élu" s'arroge le droit de tailler à sa mesure la constitution de la Centrafrique et de la fouler au pied ensuite? Quels sont les mécanismes qui seront mis en place pour garantir la liberté de la justice et de la presse ainsi que celle du citoyen lambda? Comment dans une république, ou tout les individus sont sensés être égaux devant la loi, il puisse exister encore des instances d'autorité qui puisse s'acquérir par le sang (les chefs de village et de quartier)? Quels sont les structures et les mécanismes de contrôles parlementaires de nos instances de sécurités (défense nationale, services de renseignements, coopération, etc....)? Ou commence et ou finie la responsabilité individuelle dans la gestion des biens de la communauté? Comment définir des instances nationales d'arbitrage objectives permettant la résolution pacifique des conflits? Pourquoi la Centrafrique, après plus de 40 ans d'indépendance garde encore un drapeau portant l'étoile d'un parti politique n'existant plus? Quels seront les moyens prioritaires à mettre en œuvre pour réduire notre vulnérabilité vis-à-vis de nos voisins pour notre approvisionnement du fait de notre enclavement?.....

Va-t-on repartir vers de nouvelles élections bidons mettant en place un régime bidon dans les mains d'un proconsul dont le souci principal sera la préservation du "pré carré" au mépris de nos populations? On est en droit de le penser car les mêmes maux générant les mêmes effets. On va bientôt avoir les "coopérants militaires" qui coopéreront tellement bien qu'ils contrôleront les passagers à la descente d'avion, décideront ou non si vous avez le droit d'entrer ou non dans tel endroit ou non. Il s auront leur armés d'informateurs se prenant pour des espions, ayant vendus ce qui leur reste de dignité, faisant des rapports approximatifs pour entrer dans les grâces des nouveaux distributeurs d'euros. Et dans une dizaine d'année, de nouvelles élections nous amènera un nouvel Patassé nostalgique des "temps anciens", sans programme politique sinon que le désormais classique "pousse toi que je m'y mette et que j'y reste". Pendant ce temps, la frange centrafricaine la plus instruite, la plus au courant de la réalité cynique de ce monde, la plus indépendante et la plus à même de faire bouger les choses par les compétences quelle a acquise est incapable de s'organiser et s'éternise en d'interminables discours sur des supports virtuels dont le centrafricain moyen ne connaît même pas l'existence. Il s'en trouve, à ce qu'il parait, certains justifiant l'injustifiable par le niveau zéro de Patassé pour expliquer leurs échecs passés. Je me suis demandé pendant très longtemps ce que faisaient mes arrières grand parents et la suite pour que nous soyons si en retard. Maintenant je sais.....

Innocent Yamodo
USA (
09 oct 2003, 05:26:06)

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 17