Un Nigérian racketté et fusillé par des militaires, selon un rescapé

BANGUI, 16 sept 2003 (AFP) - 17h12 - Un Nigérian a été enlevé le week-end dernier à Bangui par des soldats centrafricains qui l'ont racketté puis fusillé, a raconté son compagnon survivant mardi à l'AFP.

"Barry Akompo et moi partions dimanche à M'baïboum, à la frontière camerounaise, pour des achats, quand le taxi qui nous transportait vers la sortie nord de Bangui a été arrêté par un policier", raconte Jérôme Akata, la voix encore tremblante.

Après vérification des documents d'identité, le policier a décidé de faire appel aux "libérateurs" - nom donné par les Centrafricains aux auteurs du coup d'Etat du 15 mars dernier-, "un lieutenant et trois éléments armés qui sont arrivés à bord d'un 4X4".

Les deux jeunes Nigérians sont rackettés: le lieutenant leur confisque tout leur argent, soit 1.568.5OO francs CFA (2.300 euros).

"J'exerce ce métier des armes depuis des années et je n'ai jamais eu une telle somme, me dit le lieutenant. Alors, comment toi, qui es si jeune, peux-tu disposer d'une somme aussi importante?", se souvient ce jeune homme de 28 ans.

"Vous êtes suspects, on va vous conduire à la SERD (Section d'enquête de recherche et de documentation, police politique, ndlr), nous a dit l'officier", ajoute-t-il.

Les mains ligotées dans le dos, l'un contre l'autre, les deux hommes sont en fait conduits en brousse.

"L'un d'eux nous a alors tiré dessus au pistolet automatique à bout portant. Je suis tombé le premier, indemne, mais Barry s'est écroulé sur moi, touché. Il y a eu ensuite des rafales de Kalachnikov, et le groupe s'en est allé", se rappelle le jeune Nigérian, qui à réussi à regagner Bangui grâce aux villageois.

Barry Akompo a été tué "de plus de dix balles" et son corps repose dans une morgue de Bangui, a affirmé M. Akata.

Aucun responsable militaire, politique ou de gendarmerie n'a pu être joint mardi par l'AFP pour confirmer ou démentir ces affirmations.

Deux autres corps ont été retrouvés lundi non loin de l'endroit où le ressortissant nigérian a été fusillé, a-t-on appris de source hospitalière.

Mi-août, un élève avait été tué et deux autres blessés par des militaires au cours d'une manifestation de lycéens dans la capitale centrafricaine. L'officier commandant ces soldats avait été rétrogradé par le président François Bozizé.

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 17