Pierre KALCK repose à Montreuil : l'oraison funèbre

Le corps de Monsieur Pierre KALCK repose désormais au cimetière de Montreuil, banlieue Est de Paris, mardi 17 février 2004.
Les obsèques se sont déroulées hier après-midi dans un recueillement total à l'église Saint-Pierre du Gros Cailloux à Paris, devant une nombreuse assistance. La communauté centrafricaine était présente.  L'oraison funéraire prononcée par Jean-Bosco PELEKET a en effet été particulièrement appréciée.
A cette occasion l'association ARDACA (association pour la recherche et la diffusion de la culture africaine) au nom de tous ses adhérents, tient à souligner combien elle a été affectée par la dispariton de Pierre KALCK, un de ses illustres fondateurs. Pierre KALCK a été par ailleurs membre du Conseil d'administration de l'ARDACA, lequel a apporté un soutien au Comité de soutien au Professeur Abel Goumba poursuivi, il fut un temps, par les autorités de Bangui.
Pierre KACK, qu'il repose en paix. Des centrafricains lisant certaines lignes qu'il a tracées sur l'Histoire de leur contrée se souviendront et sauront apprécier à sa juste valeur la somme des contributions versées aux dossiers encore ouverts.

Victor BISSENGUE,
ARDACA, webmaster de sangonet
Paris, mercredi 18 février 2004.

 

L'oraison funèbre prononcée par  Jean-Bosco PELEKET:

Un juste nous a quitté

Pierre KALCK est parti

Un juste nous a quitté

C’est par ces mots que j’ai voulu annoncer la disparition du grand homme jeudi matin sur

Internet, la toile qui relie la diaspora centrafricaine entre elle et le monde.

J’ai hésité et utilisé en fin de compte une formule française classique.

Respectueux en effet des principes, il m’a semblé qu’il revenait à Abel GOUMBA ou à un compagnon de première heure de Barthélemy BOGANDA d’user de la formulation de nos ancêtres qui sied à point nommé, à la circonstance :

Pierre KALCK est parti,

Un juste nous a quitté.

La tradition a été respectée car il s’est trouvé un vieil homme pour transmettre par le tam-tam, repris m’a-t-on dit, de village en village du bord de l’Oubangui à l’intérieur des terres, dans la région de la Ouaka notamment, la terrible nouvelle : un juste nous a quitté.

Mon premier correspondant sur internet a aperçu vendredi soir une belle et brillante étoile traverser de part en part le ciel de Centrafrique. Il en a conclu : « Monsieur KALCK a rejoint le royaume de dieu, la cité des justes ».

Madame KALCK,

Les enfants et petits enfants de Monsieur KALCK,

J’ai accepté de témoigner. Je voudrais dire avant tout que la diaspora centrafricaine estime que votre époux, votre père et grand-père mérite mieux : Aussi a-t-elle entrepris les démarches utiles auprès des autorités centrafricaines afin qu’un hommage national lui soit rendu, lui qui plus que tout autre mérite cet honneur de l’Oubangui-chari et de la Nation centrafricaine ;  lui qui est Centrafricain à part entière.

Mesdames, Messieurs, chers compatriotes et amis,

Monsieur KALCK était un humaniste véritable, pas un de ces hommes qui, sous le couvert d’une théorie de façade ou d’un semblant d’humanisme poursuivait d’occultes intérêts.

Monsieur KALCK était un juste. Administrateur d’outre-mer, il s’est toujours attaché à :
- respecter ses administrés,
- les associer à la gestion leurs affaires
- promouvoir l’école et à l’éducation.

Monsieur KALCK était un homme d’honneur. Il l’a démontré à suffisance. Pendant la phase de la décolonisation, il s’est tenu loin de toutes les turpitudes. De retour en métropole, il a servi la république dans ce qu’elle a de plus noble.

Monsieur KALCK était un homme de justice. Juge de l’ordre administratif, il appartient à cette magistrature de l’honneur qui sublime la magistrature assise et celle debout.

A l’OFPRA on se souviendra, il a infléchi les méthodes de cet organisme vers une étude toujours plus rigoureuse et compréhensive des cas.

A l’AFASPA, on se souviendra de ses analyses éclairées, chaleureuses. Communicateur hors pair, il savait partager sa générosité, son savoir, immense au demeurant. Ceux qui fréquentèrent l’Institut Régional d’Administration de Metz dont il a été le directeur, les Oubanguiens puis les Centrafricains dont il a été le mentor n’oublieront jamais la main amicale et néanmoins ferme qui présida à leur formation. Leurs descendants après eux, les descendants de leurs descendants et ces autres qui viendront, continueront à tirer profit de ce qu’il a su transmettre en son temps.

Monsieur KALCK n’était pas de ces hommes pour lesquels le savoir est un pouvoir à tenir hors de portée des Africains, une machine à aliénation et à domination. Il était de cette élite, noblesse d’esprit pour laquelle la culture, le savoir est avant tout libération de l’homme de ses préjugés, de ses peurs et démons ; un véritable passeport pour l’universel.

Au moment où je parle, voici que me reviens en mémoire, le souvenir émouvant de la dernière soirée passée le 8 octobre 2003 à ses côtés et en compagnie de sa famille si attachante et où il évoquait l’épopée de Fachoda, les vestiges du royaume de Kouch, le soulèvement des Oubanguiens contre le travail forcé et autres brimades.

La production intellectuelle de Monsieur KALCK est de très grande facture. Nombre d’intellectuels Africains, Français et des citoyens du monde ont découvert ou découvriront l’histoire de l’Afrique centrale et de la RCA un peu grâce à elle.

Monsieur KALCK, votre œuvre est immense. C’est plus que jamais une source intarissable où Centrafricains et citoyens du monde viendront puiser pour enrichir le patrimoine culturel universel.

Merci cher Monsieur, reposez en paix, de la paix du Juste, la paix de Dieu.

La Terre centrafricaine se joint à la Terre française pour vous recevoir.

Paris le 17 février 2004

Jean-Bosco PELEKET


Pierre KALCK est mort, jeudi 12 février 2004


Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18