L’agenda électoral du CNT est une plaisanterie de mauvais goût

Par Thierry BANGUI

 

Le Conseil National de Transition (CNT) a publié son « agenda électoral » ce mardi 27 janvier 2004. Dans la dépêche de l’AFP, de ce même jour, intitulé « Centrafrique : le Parlement de transition publie un ‘agenda électoral’ », on pouvait lire que le CNT a repoussé les élections municipales après les législatives et la présidentielle. « Les législatives et la présidentielle sont prévues en janvier 2005 (…), mais les élections municipales, prévues par le gouvernement avant ces deux scrutins, ne figurent plus dans le calendrier du CNT »(afp). Ce qui n’est ni plus ni moins une plaisanterie de mauvais goût. Quelle mesquinerie ? Cet agenda ne cacherait-il pas un calcul politicien ?

 

On peut imaginer que certains barrons de la « transition consensuelle » qui ont une ambition présidentielle se rendent  déjà compte que leur chance – par les urnes – est mince et espèrent décrocher la mairie de Bangui pour en faire un tremplin ! Gagner la mairie de la capitale ne leur serait pas non plus évident, ils veulent ainsi observer l’évolution des évènements afin de se ranger derrière celui qui aurait plus de chance de gagner la présidentielle, de monnayer ainsi leur soutien par celui du futur élu (président) à leurs candidatures aux municipales !

 

Nos fameux « Conseillers » du CNT doivent savoir que si les municipales n’avaient pas lieux avant les législatives et la présidentielle, elles auraient plus de chance de ne pas être tenues dans les mois qui suivront les deux autres scrutins. Car une fois le retour à l’ordre constitutionnel fait, les partenaires du pays se désinterésseraient des municipales (sur le plan soutien financier) et les futures autorités feraient des difficultés de trésorerie du pays un alibi pour renvoyer les consultations municipales aux calendes grecques afin de nommer par clientélisme – comme il en est le cas aujourd’hui – les maires de nos villes et communes.

 

Nos fameux « Conseillers » du CNT doivent aussi savoir que les élections municipales sont très importantes pour la démocratie locale, élément incitateur des populations à participer à la vie, au développement de leurs communes. Ne pas les placer au centre des consultations à venir, c’est manquer de vision politique, celle du développement local, moteur de l’amélioration des conditions et du cadre de vie de nos concitoyens.

 

Il n’échappe certainement pas aux « Conseillers » que cette dernière décennie, l’aide au développement octroyée par nos partenaires (la Banque mondiale, la France à travers l’Agence française pour le développement, etc.) passe – à juste titre – par les institutions locales (les municipalités, en l’occurrence) et les ONG ! Cette nouvelle stratégie des bailleurs, faisant confiance à ces institutions, vise à éviter les détournements jadis des aides par les autorités centrales, pour que celles-ci parviennent aux destinataires, que sont les populations, à travers la réalisation des projets pour améliorer leurs conditions de vie.

 

Il est donc urgent que la vie dans nos cités (villes, communes et villages) soit animée par des élus locaux, des hommes et femmes qui ont la légitimité des populations, qui auront de comptes à leur rendre et non par des maires (Présidents de délégation spéciale) nommés – par clientélisme – par décret présidentiel ou arrêté ministériel. D’où la nécessité d’organiser les élections municipales avant les législatives et la présidentielle et tout cela avec le concours de la communauté internationale qui nous presse et semble prête à nous aider.

 

Thierry BANGUI

Marseille (France) [28 janvier 2004]

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18