CHRETIENS DE CENTRAFRIQUE : REVEILLEZ-VOUS!

Le 08 janvier 2004, dans une analyse qui avait pour titre : « Manœuvre Politicienne », je déclarais ceci : « Aux responsables des mouvements religieux centrafricains et chrétiens en particulier, il faudrait laisser tomber le ministère de ventre pour le ministère apostolique véritable. Ramener les hommes au travers de l’église par la parole de Dieu dans un monde nouveau, une dimension nouvelle. Arrêter de transformer nos églises, notre pays en une grande salle d’attente pour le paradis ; mais pousser les fidèles et la nation toute entière au travail et à l’excellence, les jeunes à l’éducation perfectionnée et au succès, les femmes au réveil à tous les niveaux. »

 

Cinq mois plus tard, cette interpellation est encore d’actualité, elle est même devenue cruciale pour la survie du Centrafrique et pour l’aube d’une ère nouvelle : CHRETIENS DE CENTRAFRIQUE : REVEILLEZ-VOUS !

 

Loin de moi l’idée de vouloir susciter une discussion entre les discoureurs bibliques et théologiques ; lin de moi l’idée de donner aux partisans du néant spirituel l’occasion de parler et encore loin de moi l’idée d’inaugurer la danse des opposants du christianisme ; mais l’appel est légitime et il faut avoir le courage de le lancer.

 

Dans cet exercice qui consiste à identifier les causes de nos maux et à y trouver les solutions adaptées en comprenant d’emblée le mécanisme producteur ; il est un domaine, une famille à laquelle je ne m’étais jamais adressé : les chrétiens. Pourquoi les chrétiens ?

 

Les statistiques, vérité récalcitrante du quotidien, si celles-ci ne sont pas trafiquées, sont claires : En Centrafrique, près de 68% de la population est chrétienne, toutes tendances du christianisme confondues.
Qui dit 68%, veut aussi dire première force du pays et fort de ce constat, cela devient alors important, je dirai crucial de pousser cette composante majoritaire de notre pays à œuvrer pour l’avènement d’une ère juste en centrafrique

 

Loin de moi l’idée de me transformer en prédicateur et enseignant, je n’ai pas reçu ce ministère ; loin de moi l’idée de prétendre maîtriser à la perfection la science divine, mais en moi la volonté de participer à l’amélioration de la situation concrète des masses de notre pays et pour cela, il faudrait emmener toutes les composantes de notre pays à mettre la main à la pâte.

 

Cette précision est d’autant plus importante pour la compréhension de cette réflexion parce que je ne prêche pas l’instauration d’une théocratie en Centrafrique ou du décalogue comme à la ‘charia’. NON, je parle et j’appelle au réveil des chrétiens, première force corporatiste centrafricaine, pour une participation active et effective à l’œuvre de la renaissance centrafricaine.

 

La première fois que mes pieds ont foulé le sol centrafricain, c’était en Octobre 1981, la première chose qui a attiré mon attention était le nombre des endroits de culte, je m’explique. De ma Roumanie natale où je venais, le communisme était à son paroxysme et avec son corollaire le contrôle de la pratique du culte libre.
Entre Octobre 1981 et Octobre 2000, date de ma dernière traversée Banguissoise, je serai toujours émerveillé par le nombre sans cesse croissant de lieux de culte, ce qui prouve que l’œuvre des pères de l’évangélisation du Centrafrique a porté ses fruits et que la christianisation de la société centrafricaine a évolué. Mais entre ce constat de réussite évangélique et la réalité quotidienne centrafricaine, chrétienne comprise ; il y’a un grand écart, suivez mon regard.
Lorsque Bokassa instaura sa dictature, les chrétiens aussi l’ont subi. Lorsque le pouvoir autocratique du CMRN et du RDC sévit, les chrétiens aussi le vécurent de visu. Lorsque la calamité sortie des urnes en 93 entraîna le pays tout dans une descente aux enfers neuf ans et six mois durant, les chrétiens aussi descendirent. Lorsque la transition consensuelle liquide depuis Mars 2003 l’espérance si grande que le peuple a placé en elle, les chrétiens aussi y sont liquidés.

 

J’ai toujours dit et répété que le royaume de Dieu a deux dimensions : céleste et terrestre.
Je me souviens encore de ce jour de février 88 où je me suis fait baptisé dans les majestueuses eaux de l’Oubangui. Seize années se sont écoulées, et je suis encore bel et bien vivant, je ne suis pas allé au ciel le jour même de mon baptême, je suis sur terre, j’ai pu faire des études, et faire ma vie comme bon nombre de ma génération et de ma promotion ; tout ça pour dire que l’on ne monte pas au ciel le jour où l’on rencontre le seigneur, mais que l’on vive sur terre. De ce constat, découle alors ce principe de vie : Je ne suis pas de ce monde comme l’a dit Jésus-christ, mais je ne laisserai pas le monde me gâcher la vie, car si Dieu ne jugeait pas nécessaire que je vive sur cette terre, il aurait permis que je n’existe pas ou que j’atterrisse ailleurs.

 

Je me pose parfois cette question, qui demeure sans réponse jusqu’à ce jour : « ceux qui se basent sur ce que Jésus a avancé pour dire qu’ils ne sont pas de ce monde et refusent de militer activement pour l’amélioration de la situation de leur nation doivent demander d’aller immédiatement au ciel », je m’explique.
Nous nous faisons soigner par les autres, nous suivons leurs programmes scolaires, nous profitons de leurs découvertes et de tant d’autres choses, et nous restons cloisonné dans nos églises qui sont devenues des salles d’attente pour le paradis, et pourtant ce n’est pas cette vision là que j’ai des chrétiens et de l’église.
Apocalypse 22 : 2 « et coulait au milieu de la rue de la ville. De chaque côté du fleuve l’arbre de la vie, qui donne du fruit douze fois par année, une fois chaque mois. Ses feuilles servent à la guérison des nations ».
L’église, les chrétiens, sont ces instruments entre les mains de Dieu pour la réalisation de sa volonté concernant les hommes.

 

Des choses et valeurs que j’emporterai de l’occident le jour où je déciderai de rentrer de manière définitive et permanente au pays, il y’a :

1)     la gestion du temps,

2)    la notion du travail bien fait,

3)    la rigueur et la productivité,

 

Mon frottement quotidien avec l’occident depuis un certain nombre d’année m’a permis de savoir comment ces peuples ont acquis ces valeurs : grâce au christianisme en général et catholicisme en particulier, je m’explique.
Le système sur lequel s’est bâti la majorité des nations occidentales en période de la pause bolchevique est la religion qui à un moment était mêlé à l’état, et cette pratique a inculqué aux hommes des contrées dont je parle, les trois notions précitées.
Contrairement à des pays où la fondation s’est faite dans le sang et les conflits, l’unification des différentes contrées qui ont vu naître l’Oubangui-chari et le Centrafrique ; s’est faite pour une bonne partie avec la participation des missionnaires ; une grâce que peu de nation ont eu : avoir Dieu a sa fondation.
Parler du chrétien, de la foi, de la croyance, mêlé à la politique, à la politique politicienne ; dans un texte qui tient sur un écran d’ordinateur est une tâche extrêmement difficile, vu que le sujet est vaste et que les points de vue diffèrent les uns des autres.
Celui-ci se veut être au centre, en ne versant pas dans un discours de doctrine et d’interprétation, mais en restant sur le quotidien que nous trinquons tous, chrétien ou pas.

 

Je pars de ce constat, il est inadmissible et inconcevable pour moi d’accepter la démission de l’église face à la misère croissante de mes compatriotes. Il est inacceptable qu je me taise, lorsque la franc-maçonnerie et la rose-croix s’installent aux commandes de l’église.
Pour développer un pays, ce n’est pas seulement en priant et en faisant du social. Non, un pays se dirige et se développe dans et avec la politique, car tout est ‘Politique’. Je ne dis pas par là qu’il faudrait que tout le monde se lance en politique, mais c’est quand même absurde vous me l’accordez, que de dire ne pas appartenir à un système et y participer, ne fut-ce qu’en y apportant sa voix lors d’élection. Dieu, lui-même a déclaré que toute autorité est établie par lui. Pour les chrétiens de Centrafrique, nous devrons d’abord faire cet exercice pour essayer de comprendre (sur le plan spirituel) pourquoi nous avons connu ces cinq affameurs durant ces quarante trois dernières années.

 

Nous sommes en Mai 2004, et les échéances importantes se présentent devant nous. Les hommes d’église doivent avoir le courage des prophètes Samuel, Nathan et Jean-baptiste, de rappeler à nos dirigeants leurs erreurs, c’est un ministère qu’ils ont reçu de Dieu. Mais non seulement rappeler cela à nos dirigeants, ils doivent aussi verser dans l’émancipation d’une véritable société civique et civile politisée (gestion de la cité) ; chose que recommande la bible.

Mathieu 25 :35 à 40« car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli chez vous ; j’étais nu vous m’avez habillé ; j’étais malade et vous m’avez pris soin de moi ; j’étais en prison et vous êtes venus me voir. Les justes lui répondirent alors : quand t’avons-nous vu affamé et t’avons nous donné à manger, ou assoiffé et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger et t’avons nous accueilli chez nous ou nu et t’avons-nous habillé ? Quand t’avons-nous vu malade ou en prison et sommes nous allés te voir ? Le roi leur répondra : je vous le déclare, c’est la vérité : toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »

 

Cette conversation entre le christ et ses disciples, est à mon avis un appel au travail productif, n’a-t-il pas dit aux disciples de donner à manger à la foule qui le suivait ? Et les disciples de répondre qu’ils n’avaient que cinq poissons et deux pains.
Que possédons-nous à l’heure d’aujourd’hui ? Il existe parmi les chrétiens, des hommes de grande référence intellectuelle, des hommes d’affaires ; en plus de tout cela, nous pouvons dire que nous avons la bible. Ce n’est pas la bible qui viendra régir notre système des choses, mais c’est la pratique de cette recommandation dans la vie de tous les jours de chaque homme chrétien centrafricain, qui fera que, porté à une responsabilité de la république, ce dernier fera ce qu’on attend de lui dans ses responsabilités et avec toute la rigueur et droiture du monde.

 

Un observateur attentionné disait il y’a trois ans : « lorsque la Chine se réveillera, le royaume des ténèbres sera ébranlé », cette observation qui s’applique dans cette logique qu’un habitant sur cinq de la planète est chinois, s’applique aussi dans toute sa rigueur au Centrafrique : deux centrafricains sur trois sont chrétiens ; et le jour où ces derniers se réveilleront, je crois que notre pays se portera relativement bien, malgré l’horloge biblique actuelle.
Je prêche pas pour la création d’un mouvement chrétien, d’un parti politique chrétien, mais que chaque chrétien de Centrafrique, là où il se trouve, réalise quelle est son importance dans l’œuvre de la renaissance centrafricaine et de la guerre à mener contre la corruption, le tribalisme, le clientélisme, le SIDA, la pauvreté, la division.

 

De tous les dangers qui pèsent sur nous le plus grand, c’est l’éclatement et la disparition pure et simple un Centrafrique comme pays unique, et il appartient aux chrétiens de militer pour que renaisse notre pays.

 

Dernièrement, dans une discussion en aparté, quelqu’un me faisait remarquer pourquoi ; malgré sa diversité raciale et ethnique ; les Etats-Unis d’Amérique sont unique et restent la première puissance mondiale. Parce que seulement 1% des américains se proclament athée. Cette remarque pour dire, que c’est dans le chrétien que se trouve l’espérance et la possibilité de permettre à l’histoire de notre pays de s’écrire autrement, et pour en arriver : CHRETIENS DE CENTRAFRIQUE : REVEILLEZ-VOUS !

Clément BOUTE-MBAMBA

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18