Où est donc passé la République Centrafricaine?

Tout le monde sait que le tas de boue qui nous sert de pays n’a de pays que le nom. La forme républicaine du pays a été mis a mal par les alliances stratégiques de l’ère Patassé et de la coalition CPC/BOZIZE-MBAYE/ZAKAWA.

La diplomatie Centrafricaine n’a de rayon que le « da ti gûgû » (le bâtiment qui abrite le ministère des affaires étrangères à Bangui).

Tous les compatriotes éclairés savent que les orientations de la politique et de la diplomatie Centrafricaine sont dictées pour une part depuis le palais du bord de la mer à Libreville ou  du palais présidentiel de N’djamena et au quai d’Orsay ou au palais de l’Elysée à Paris d’autre part ; nul n’est besoin d’être prophète pour lire rapidement entre les lignes de ces différentes prises de position pour savoir que l’on n’est république que de nom.

 

Avant hier, c’était l’imposition dans la confusion du retour de l’armée Française en Centrafrique ; hier c’était la réduction de 30% des salaires des fonctionnaires Centrafricains, qui sont champions du monde toute catégorie confondue des retards cumulés de tous les temps de salaires ; aujourd’hui c’est l’accueil et l’installation provisoire de Jean Bertrand Aristide à Bangui.

 

Au delà de tous les micmacs qui ont entouré son départ du pouvoir ; c’est à Bangui que l’ancien président Haïtien a atterri. Loin de moi l’idée de vouloir refuser l’asile républicain à tous ceux qui sont dans le besoin de trouver une terre où ils pourront en toute liberté évoluer et pouvoir être en paix ; la RCA a de tout temps été une terre d’asile, les réfugiés Soudanais et Tchadiens ont toujours été la bienvenue chez nous, même certains Congolais lors de la débandade Mobutiste ont trouvé asile et refuge chez nous. C’est cette tradition, qui nous vaut aussi, pour certains Centrafricains de l’extérieur, qui, pour des raisons multiples ayant quitté le pays parviennent à trouver protection dans d’autres pays. Pendant l’ethnocide de Mai/Juin/Juillet 2001, après le coup d’état de mars 2003, beaucoup d’entre nous ont trouvé exil et refuge sous d’autres cieux.

 

Mais mon propos au travers de ces lignes, est d’attirer l’attention de tous les Centrafricains et amis du Centrafrique, et de tous les membres de l’appareil exécutif Centrafricain sur le mauvais choix opéré en offrant une des résidences du palais de la renaissance à Jean Bertrand Aristide.

 

Quand Bokassa est arrivé à Abidjan, ce n’était pas au palais de Cocody qu’il fut hébergé lors de son séjour Ivoirien, ce n’était pas non plus à l’Elysée qu’il fut hébergé lors de son séjour Français.

Ce n’est pas au palais présidentiel de Kampala que fut hébergé Kolingba lors de son asile Ougandais, ce n’est pas non plus à l’Elysée que se déroule son séjour sanitaire français à l’heure d’aujourd’hui.

Ce n’est ni au palais présidentiel de Yaoundé que se déroula l’escale Camerounaise de Patassé, ce n’est pas non plus au palais de Lomé que ce dernier loge depuis son retour dans la capitale Togolaise, pire ce dernier fut arrêté à Paris pour possession d’arme, lorsqu’il voulut quitter la ville pour rentrer à Bangui aux lendemains de la chute de Bokassa 1er.

Ce n’est pas à l’Elysée que fut hébergé Bozizé lors de son séjour français.

Pour nous qui vivons aux bords de la seine, chaque jour dans le métro, le bus, le train, à pied ; nous croisons ceux qui, hier à Bangui, il nous était impossible de les approcher, ensemble nous trinquons et mangeons du poulet fumé et de la semoule, et les salamalechs et autres excellences sont vite oubliés. Même pour les anciens ministres et autres conseillers, députés et ambassadeurs et excellence de tous genres, c’est le même régime : OFPRA, ASSEDIC, ANPE, INTERIM.

Pour ces anciens messieurs de la république, impossible d’approcher même leurs collègues Français ou ceux qu’ils recevaient hier à Bangui, d’où cette aptitude à rentrer rapidement à Bangui pour d’éventuelles places que de rester à Paris où personne ne fait cas d’eux, quand il est possible de grappiller certains postes à Bangui.

 

Bokassa 1er avait déserté le palais de la renaissance pour Béréngo ; Kolingba a préféré le camp de Roux et Gbangouma au symbole de la république qu’est le palais de la renaissance ; Patassé a préféré Boali et la villa Adrienne, au point de transformer sa résidence en siège social de la RCA ; Bozizé préfère son domicile de Sassara au PK12 que le palais de la renaissance.

Et pourtant les installations ont été arrangé pour permettre une vie présidentielles stable et complète dans les locaux du palais de la renaissance. Nous osons espérer un jour qu’à titre individuel les différents responsables républicains nous donnerons leurs versions de cette situation.

 

Un palais présidentiel est le symbole par excellence d’une république, ne peut y résider et y travailler que le président et l’administration présidentielle.

Accorder l’asile ou l’escale à un raté démocratique est un fait, mais le placer dans le cœur même de la république est un crime ou une atteinte à la sûreté de l’état.

 

Si chacun à tour de rôle, les différents présidents qui nous ont gouverné ont versé dans la descente aux oubliettes de notre pays, l’acte posé depuis quelques jours par l’actuelle équipe gouvernementale et présidentielle est dénuée de tout fondement ; et toute les manipulations politiciennes du monde ne pourront me faire changer d’avis sur la chose : où est donc passer la République Centrafricaine ?

 

Clément BOUTE-MBAMBA

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18