Marche de soutien au président BOZIZE : un test ou un ballon de sonde

Le président Bozizé doit-il annoncer sa candidature à l'élection présidentielle ? En remontant le temps, on s'aperçoit qu'il s'était déjà prononcé sur la question mais pas définitivement. Il entendait travailler prioritairement pour que la transition réussisse. Notons aussi que la campagne officiellement n'est pas encore lancée, d'autant plus que le CNT travaille en ce moment sur les textes fondamentaux (Constitution, Code électoral, etc.). Il n'est pas vain non plus de se souvenir de la prise de position du 7 décembre 2002 à Paris où le général Bozizé s'était prononcé sur la place capitale qu'il entendait occuper politiquement et militairement. Il saura tirer les conclusions salutaires pour la République Centrafricaine pour que le désastre ne retombe à nouveau sur le pays. Chaque centrafricain a le droit de s'interroger sur la manière de se sortir du tunnel en évitant de pousser vers l'abîme ou la bataille aux couteaux.(21 juin 2004)

Faible mobilisation pour la marche de soutien au président Bozizé (presse)

BANGUI, 21 juin 2004 (AFP) - 14h23 - La presse centrafricaine titrait lundi sur la faible mobilisation pour la marche de soutien samedi dernier à la candidature du président François Bozizé à l'élection présidentielle de janvier 2005, estimant qu'il s'agissait notamment "d'un revers politique".

"Bozizé, le dos au mur", titrait Le Confident, avant de développer: "La date du 19 juin restera à jamais le symbole d'un revers politique".

Ce quotidien indépendant a estimé que ce "test de popularité a tourné à une balade théâtrale mal ficelée où des millions de FCFA ont été dilapidés pour amuser la galerie et surtout déshonorer le président de la République".

Le Parti démocratique centrafricain (PDCA) - créé en janvier dernier par un proche de M. Bozizé - et des "comités de soutien" ont organisé une marche de soutien à Bangui appelant le chef de l'Etat à se présenter à la prochaine présidentielle devant marquer la fin de la transition, en place depuis son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat le 15 mars 2003.

"La marche des oiseaux migrateurs est une honte pour +Kangara+" (surnom de M. Bozizé), titre un autre quotidien indépendant, Le Citoyen.

"C'est (...) forcer inutilement le destin là où il faut plutôt faire preuve de lucidité et d'intelligence politique", poursuit le journal.

Pour le quotidien Le Confident, "la grande marche de soutien a connu la participation d'environ 5.OOO personnes, en majeure partie des jeunes désoeuvrés dont certains n'ont même pas l'âge de voter".

"A la lumière de ces éléments, le général Bozizé doit refléchir par deux fois avant de déposer sa candidature", suggère ce journal indépendant.

Huit partis politiques ont refusé de participer à cette marche, qui était loin de rivaliser avec celle du 28 mars 2003. Deux semaines après le putsch contre Ange-Félix Patassé, une centaine de milliers de personnes avaient marché à Bangui en soutien au "général libérateur Bozizé".

Le président de ce pays pauvre d'Afrique centrale avait affirmé après son arrivée au pouvoir qu'il se retirerait dès la fin de la période de transition, mais il n'a pas jusqu'à présent officiellement fait part de ses intentions.


"Sans Bozizé, pas de vote" en 2005, ont scandé les marcheurs

BANGUI, 19 juin 2004 (AFP) - 18h50 - "Sans Bozizé, pas de vote", scandaient samedi environ 5.000 partisans de François Bozizé, le chef de l'Etat centrafricain, qui ont défilé à Bangui pour lui demander d'être candidat à la prochaine présidentielle de janvier 2005.

Les marcheurs ont parcouru le centre-ville sur deux kilomètres avant d'arrêter le cortège à quelques centaines de mètres de la présidence pour remettre à M. Bozizé un mémorandum réclamant sa candidature à ce scrutin, censé mettre fin à la transition instituée depuis son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat le 15 mars 2003.

"Bozizé, Grand libérateur" proclament certains tee-shirts, d'autres se contentant plus simplement d'un "Comité de soutien à la candidature du général Bozizé".

Les multiples banderoles sont rédigées en français, en sango (la langue nationale centrafricaine) voire même... en anglais: "Bozizé: la sécurité, notre patrimoine", "Bozizé-Siriri (paix, en sango)", "We ask Bozizé to candidate for peace and security in Central African Republic" (nous demandons à Bozizé d'être candidat, pour la paix et la sécurité en République centrafricaine).

"Tais-toi Konaré, les +Centro+ (Centrafricains, ndlr), savent pourquoi", intime l'une des banderoles, en référence aux pressions qu'exerceraient l'Union africaine et son président, l'ex-président malien Alpha Oumar Konaré, sur M. Bozizé, pour le convaincre de ne pas se présenter à l'issue de la transition.

"Nous pensons que le président François Bozizé est l'homme de la situation. Depuis qu'il est au pouvoir, notre pays a retrouvé la paix et la sécurité, et il faut donc lui laisser le temps de prouver ce qu'il compte faire pour notre pays", explique Serge Wafio, président et fondateur en janvier 2004 du petit Parti démocratique centrafricain (PDCA) qui a organisé la marche.

M. Bozizé avait affirmé au lendemain de son arrivée au pouvoir qu'il se retirerait dès la fin de la période de transition, prévue en janvier 2005. Il n'a jusqu'à maintenant pas fait part de ses intentions pour la présidentielle, se contentant de déclarer récemment au sujet de son éventuelle candidature: "C'est une affaire du peuple, on attend que le peuple se prononce là-dessus".

Et dans le cortège, les marcheurs se prononcent pour Bozizé, rejetant les hommes politiques de Centrafrique, plongée depuis de nombreuses années dans des crises politico-militaires à répétition et qui subit une grave crise économique et financière.

"Les hommes politiques doivent savoir que cette marche est un message qui leur est destiné", tonne Antoinette, commerçante. "Ils nous ont déçus, c'est pourquoi j'ai accepté de marcher pour le général Bozizé".

"Auront-ils encore le courage de se présenter à la prochaine présidentielle?" s'interroge un jeune homme, chantant en langue gbaya, l'ethnie majoritaire du nord du pays, dont est issu le général Bozizé. "Je doute que ce soit le cas, mais avec les hommes politiques il faut s'attendre à tout".

"J'ai été frappé par le sens de l'organisation de cette marche, parce qu'on nous a habitués à ces marches qui tournent toujours aux affrontements, et c'est ce qui fait la force de "Boz" (surnom de M. Bozizé à Bangui, ndlr), c'est un homme de rigueur", explique de son côté Edouard, un commerçant du centre-ville.

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18