L'Etat centrafricain annonce ne pas pouvoir payer les salaires à échéance

BANGUI, 8 jan 2004 (AFP) - 17h50 - Le gouvernement centrafricain a annoncé jeudi ne pas être en mesure de payer les salaires à échéance, et a demandé aux fonctionnaires de ne pas continuer à attendre leur traitement dans les banques.

"L'Etat n'a pas les moyens de payer les salaires à terme échu. Ce n'est pas la peine que nos compatriotes qui sont dans les banques continuent de faire les cent pas pour rien", a déclaré jeudi le ministre délégué aux Finances, Mohamed Mahadi Marboua.

"L'Etat a des problèmes réels, il a consacré le maximum de ressources avec le concours extérieur, depuis la fin du mois d'avril jusqu'à maintenant, pour payer les salaires, mais la difficulté persiste", a expliqué le lieutenant-colonel Marboua.

Le gouvernement de transition instauré par le général François Bozizé qui a pris le pouvoir le 15 mars s'est, dès son installation en avril, engagé à payer les salaires des fonctionnaires à terme échu ce qu'il a fait jusqu'en août, date à laquelle le versement des salaires a commencé à accuser du retard.

Grâce à l'aide de la Chine, les salaires d'octobre 2003 avaient été versés pour les fonctionnaires dits "numéraires", payés au guichet du Trésor public, mais les fonctionnaires domiciliés dans les banques n'avaient pu être payés.

Les traitements de novembre et décembre n'ont pour l'heure pas été versés.

L'ensemble de l'aide extérieure reçue - 7,7 milliards de francs CFAmillions d'euros) des pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac), de la Chine et de la France - a été "entièrement consacré aux salaires", a assuré le ministre délégué aux Finances.

"Toute la trésorerie de l'Etat, soit 80% des recettes, est destinée aux salaires, mais le problème persiste, la difficulté reste entière", a-t-il déploré.

Intervenant jeudi lors d'un débat sur la corruption dans le cadre du premier Forum social centrafricain, qui se tient actuellement à Bangui, le procureur de la République Firmin Féïndiro a estimé que le non-paiement des salaires des fonctionnaires était un des facteurs de la corruption dans le pays.

"Sans le versement régulier des salaires et sans le déblocage de ces salaires pour permettre aux fonctionnaires de vivre décemment, toute lutte contre la corruption sera vouée à l'échec", a-t-il expliqué.

Outre le fait qu'ils soient payés en retard ou pas du tout, les salaires des fonctionnaires centrafricains sont bloqués depuis plus d'une décennie, les avancements, l'ancienneté, etc. n'étant pas pris en compte.

Le problème du paiement des salaires des fonctionnaires est récurrent depuis les années 80 en Centrafrique. Les salariés de la fonction publique, tous secteurs confondus, y ont cumulé jusqu'à 36 mois d'arriérés sous les présidences d'André Kolingba (1981-93) et de Ange-Félix Patassé (1993-mars , renversé le 15 mars dernier par François Bozizé.pliqué la situation par le fait que "la RCA (République centrafricaine) subit les effets pervers de la destruction du petit tissu économique du pays lors des différents soulèvements militaro-politiques".

"Le petit tissu économique que nous avions, nous l'avons détruit nous-mêmes", a-t-il regretté. "Les sociétés structurées ont été cassées. Nous nous trouvons seulement devant les (commerces) informels qui ne paient pas l'impôt comme il se doit. Ce qui fait que l'Etat a des difficultés pour payer les salaires", a t-il précisé.


Les arriérés de salaires, facteur de corruption en Centrafrique (procureur)

BANGUI, 8 jan 2004 (AFP) - 17h09 - Le non-paiement des salaires des fonctionnaires est un des facteurs de la corruption en Centrafrique, a estimé jeudi le procureur de Bangui au cours d'un débat sur le sujet lors du premier Forum social centrafricain, qui se tient actuellement à Bangui.

"Sans le versement régulier des salaires et sans le déblocage de ces salaires pour permettre aux fonctionnaires de vivre décemment, toute lutte contre la corruption sera vouée à l'échec", a expliqué le procureur de la République Firmin Féïndiro, lors d'un exposé-débat sur la lutte contre la corruption.

Le non-paiement, ou le versement en retard, des traitements des fonctionnaires est un problème récurrent depuis les années 80 en Centrafrique.

Le gouvernement de transition mis en place, après le coup d'Etat du 15 mars 2003, et qui avait pourtant fait du paiement régulier des fonctionnaires une priorité, a annoncé jeudi ne pas être en mesure de payer les salaires à échéance.

Les fonctionnaires centrafricains, tous secteurs confondus, ont cumulé jusqu'à 36 mois d'arriérés de salaires sous les présidences d'André Kolingba (1981-93) et de Ange-Félix Patassé (1993-mars 2003).

Les salaires des fonctionnaires centrafricains sont en outre bloqués depuis plus d'une décennie, les avancements, l'ancienneté, etc. n'étant pas pris en compte.

Plus de 200 délégués d'une centaine d'organisations non-gouvernementales centrafricaines se réclamant de la société civile - associations de jeunesse, des femmes, syndicats et confessions religieuses - ont suivi ces exposés-débats présentés par des juristes.

Organisé par l'Observatoire centrafricain des droits de l'Homme (OCDH), à l'initiative de l'Association des femmes juristes de centrafrique (AFJC) et du Mouvement international d'apostolat des enfants de Centrafrique (Midad), ce premier forum social en Centrafrique vise à préparer la participation de la Centrafrique au prochain Forum mondial prévu du 16 au 21 janvier en Inde.

A l'ouverture du forum, le 6 janvier, les organisateurs avaient plaidé pour "la création d'une Plateforme nationale de concertation de la société civile".

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18