Tous les salaires d'octobre payés sous 8 jours, promet un ministre

BANGUI, 10 jan 2004 (AFP) - 17h47 - Les salaires du mois d'octobre des fonctionnaires centrafricains qui n'ont pas encore été payés vont l'être d'ici la fin de la semaine prochaine, a promis samedi le ministre délégué aux Finances, Mohamed Mahdi-Marboua, dans un communiqué officiel lu à la radio nationale.

Ce communiqué a été publié à l'issue d'une rencontre entre le ministre et les directeurs généraux des trois banques de Bangui, la Banque populaire maroco-centrafricaine (BPMC), la Banque internationale pour le Centrafrique (BICA), et la Commercial Bank of Central Africa (CBCA).

"La rencontre s'est déroulée dans une franche collaboration. Le ministre et les directeurs généraux des trois banques ont jeté les bases du processus indispensable à la réalisation de cette opération, qui pourrait avoir lieu d'ici la fin de la semaine prochaine", précise le communiqué.

Les traitements d'octobre avaient été versés aux fonctionnaires payés au guichet du Trésor public, mais pas à leurs collègues payés sur des comptes bancaires.

Le 8 janvier dernier, M. Mahadi-Marboua avait annoncé que le gouvernement n'était pas en mesure de payer les salaires des fonctionnaires à échéance, comme le régime de transition, mis en place par le président François Bozizé depuis sa prise de pouvoir le 15 mars 2003, s'y était engagé.

Les salaires avaient été régulièrement versés entre avril et août 2003, date à laquelle les paiements avaient commencé à accuser du retard. Les salaires de novembre et décembre 2003 n'ont pas encore été payés.

Le problème du paiement des salaires des fonctionnaires est récurrent depuis les années 80 en Centrafrique. Les salariés de la fonction publique, tous secteurs confondus, y ont cumulé jusqu'à 36 mois d'arriérés sous les présidences d'André Kolingba (1981-93) et de Ange-Félix Patassé (1993-mars , renversé le 15 mars par François Bozizé.

Outre leur versement irrégulier, les salaires des fonctionnaires centrafricains sont bloqués depuis plus d'une décennie, les avancements, l'ancienneté, etc. n'étant pas pris en compte.


L'Etat annonce ne pas pouvoir payer les salaires à échéance

BANGUI, 8 jan 2004 (AFP) - 17h50 - Le gouvernement centrafricain a annoncé jeudi ne pas être en mesure de payer les salaires à échéance, et a demandé aux fonctionnaires de ne pas continuer à attendre leur traitement dans les banques.

"L'Etat n'a pas les moyens de payer les salaires à terme échu. Ce n'est pas la peine que nos compatriotes qui sont dans les banques continuent de faire les cent pas pour rien", a déclaré jeudi le ministre délégué aux Finances, Mohamed Mahadi Marboua.

"L'Etat a des problèmes réels, il a consacré le maximum de ressources avec le concours extérieur, depuis la fin du mois d'avril jusqu'à maintenant, pour payer les salaires, mais la difficulté persiste", a expliqué le lieutenant-colonel Marboua.

Le gouvernement de transition instauré par le général François Bozizé qui a pris le pouvoir le 15 mars s'est, dès son installation en avril, engagé à payer les salaires des fonctionnaires à terme échu ce qu'il a fait jusqu'en août, date à laquelle le versement des salaires a commencé à accuser du retard.

Grâce à l'aide de la Chine, les salaires d'octobre 2003 avaient été versés pour les fonctionnaires dits "numéraires", payés au guichet du Trésor public, mais les fonctionnaires domiciliés dans les banques n'avaient pu être payés.

Les traitements de novembre et décembre n'ont pour l'heure pas été versés.

L'ensemble de l'aide extérieure reçue - 7,7 milliards de francs CFAmillions d'euros) des pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac), de la Chine et de la France - a été "entièrement consacré aux salaires", a assuré le ministre délégué aux Finances.

"Toute la trésorerie de l'Etat, soit 80% des recettes, est destinée aux salaires, mais le problème persiste, la difficulté reste entière", a-t-il déploré.

Intervenant jeudi lors d'un débat sur la corruption dans le cadre du premier Forum social centrafricain, qui se tient actuellement à Bangui, le procureur de la République Firmin Féïndiro a estimé que le non-paiement des salaires des fonctionnaires était un des facteurs de la corruption dans le pays.

"Sans le versement régulier des salaires et sans le déblocage de ces salaires pour permettre aux fonctionnaires de vivre décemment, toute lutte contre la corruption sera vouée à l'échec", a-t-il expliqué.

Outre le fait qu'ils soient payés en retard ou pas du tout, les salaires des fonctionnaires centrafricains sont bloqués depuis plus d'une décennie, les avancements, l'ancienneté, etc. n'étant pas pris en compte.

Le problème du paiement des salaires des fonctionnaires est récurrent depuis les années 80 en Centrafrique. Les salariés de la fonction publique, tous secteurs confondus, y ont cumulé jusqu'à 36 mois d'arriérés sous les présidences d'André Kolingba (1981-93) et de Ange-Félix Patassé (1993-mars , renversé le 15 mars dernier par François Bozizé.pliqué la situation par le fait que "la RCA (République centrafricaine) subit les effets pervers de la destruction du petit tissu économique du pays lors des différents soulèvements militaro-politiques".

"Le petit tissu économique que nous avions, nous l'avons détruit nous-mêmes", a-t-il regretté. "Les sociétés structurées ont été cassées. Nous nous trouvons seulement devant les (commerces) informels qui ne paient pas l'impôt comme il se doit. Ce qui fait que l'Etat a des difficultés pour payer les salaires", a t-il précisé.

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 18