Chine : la nouvelle locomotive de l’économie centrafricaine ??

Quand la Chine s’éveille, le monde tremblera  disait Mao le père de la révolution chinoise. A l’horizon de l’an 2050, l’ordre économique mondial va changer. La nouvelle configuration des puissances économiques mondiales donne une place de plus en plus importante à la Chine sur la scène internationale. Cette croissance galopante de la Chine doit susciter des interrogations des autorités africaines en général et en particulier des autorités centrafricaines afin de privilégier une bonne relation avec le pays de Mao. L’aide financière et matérielle de la Chine est de plus en plus importante pour la plupart des Etats africains. En outre, durant ces dernières décennies, les flux commerciaux entre la Chine et les pays africains ne cessent d’augmenter. Le commerce entre Chine et Afrique a représenté 12,39 milliards de dollars en 2002, soit une hausse de 700% par rapport à 1991, avait souligné le ministre des Affaires étrangères chinois, Li Zhaoxing, à Addis Abeba.

Tableaux des puissances économiques mondiales

Top 10 des économies

mondiales en 2004

Top 10 des économies

mondiales en 2050

Pays PIB*

Pays PIB*

1

Etats-Unis

11 351

1

Chine

44 453

2

Japon

4 366

2

Etats-Unis

35 165

3

Allemagne

1 966

3

Inde

27 803

4

Royaume-Uni

1 647

4

Japon

6 673

5

Chine

1 529

5

Brésil

6 074

6

France

1 455

6

Russie

5 870

7

Italie

1 212

7

Royaume-Uni

3 782

8

Canada

728

8

Allemagne

3 603

9

Espagne

655

9

France

3 148

10

Mexique

642

10

Italie

2 061

* En milliards de dollars Sources : Goldman Sachs, Banque mondiale, FMI, Natexis Banque populaire

Plus d’informations cf. Capital N° 149 du Fév. 2004 PP 48.

Le tour d’horizon des flux d’IDE en Centrafrique …

Depuis les derniers évènements militaro-politico-économiques qui ont secoué Centrafrique, l’attractivité du pays est de moins en moins importante compte tenu de l’insécurité, l’instabilité politique et sociale, l’étroitesse du marché et les contraintes de coûts ( Télécommunication, transport…) . D’après CNUCED ( World investement report 2003), les flux entrants représentent en 2002 4 M USD et les stocks accueillis qui chiffrent à 105 M USD soit 9,9% du PIB tandis que les stocks détenus à l’étrangers sont d’ordre de 42 M USD soit 4% du PIB . Conjointement la Banque de France publie aussi que la RCA est le dernier pays de la zone franc qui accueille les IDE français et elle est au 88ème rang des pays destinataires d’IDE français en 1998 ( A titre de comparaison le Cameroun est au 49ème rang ). Au niveau mondial , la RCA n’occupe que le 175ème rang mondial des pays d’accueil de flux d’IDE français. Avec ce tableau sombre, il est clair que beaucoup reste à faire pour ce pays qui, hier occupait une place qui n’est pas aussi marginale comme nous le constatons aujourd’hui.

Que reste t–il de la France-Centrafrique aujourd’hui ?

Les relations franco-centrafricaines ne se portent pas à merveilles durant toutes ces dix dernières années. Ce désintéressement de l’ancienne puissance coloniale se caractérisent de plusieurs manières : réduction de la part des investissements français en Centrafrique, les aides budgétaires sont de plus en plus rares, les conditions d’entrée en France des étudiants centrafricains sont de plus en plus difficiles, manque des coopérants français dans des secteurs à besoin des spécialistes dont le pays le dispose pas etc. C’est seulement durant les deux dernières années qu’on commence à voire un réchauffement des relations franco-centrafricaines. La principale explication serait d’ordre politique à mon avis.

Vers une substitution de France–Afrique à Chine–Afrique ou une nouvelle configuration de Chine-Afrique ?

Le premier dialogue collectif multilatéral entre la Chine et les pays d’Afrique tenu lors du forum sur la coopération sino-africaine en Octobre 2000 à Beijing constitue un tournant décisif des relations entre la chine et l’Afrique en général et en particulier la république centrafricaine. Au cours du Forum, la Chine a pris quatre engagements: continuer à apporter, dans la mesure de ses possibilités, son aide aux pays d'Afrique dans le développement de leur économie, et suivant son propre développement, augmenter son aide; réduire ou supprimer d'ici deux ans les dettes de 10 milliards de yuans des pays africains les plus lourdement endettés et les moins développés; fournir des fonds spéciaux aux entreprises chinoises ayant du crédit et de la puissance pour les encourager investir dans les pays d'Afrique; créer un « fonds d'exploitation des ressources humaines de l'Afrique » et l'augmenter graduellement pour aider les pays d'Afrique à former le personnel spécialisé.

À l'heure actuelle, les principales formes d'assistance économique de la Chine à l'Afrique sont les suivantes: don d'argent principalement destiné à la lutte contre les calamités naturelles et à la construction d'installations nécessaires en vue d'améliorer la vie du peuple telles que des ouvrages hydrauliques, des écoles, des hôpitaux et des puits dans les déserts; fournir des prêts sans intérêt aux projets de développement, de production, de construction d'infrastructures et de construction d'installations publiques en particulier, telles que des fermes, des routes, des chemins de fer, des stades; accorder des prêts préférentiels à caractère d'assistance, autrement dit, la Chine accorde des fonds et le pays bénéficiaire ou le projet bénéficiaire donne son aval.

Cette volonté de la Chine à l’égard des pays d’Afrique et particulièrement de Centrafrique est de plus en plus vitale pour le gouvernement et même la population centrafricaine dans son ensemble. C’est ainsi qu’on peut noter les réalisations chinoises en Centrafrique comme l’Hôpital de l’Amitié, constructions des logements sociaux, des aides budgétaires directes depuis le 15 Mars 2003 (date du sursaut patriotique ; expression que j’emprunte à M. GOUMBA) chiffrent à 2,5 milliards de francs CFA (3,8 millions d' €) et actuellement la construction d’un stade de 20 000 places.

L’aide chinoise n’est pas uniquement destinée à Centrafrique mais aussi aux autres pays africains. C’est ainsi qu’on peut citer par exemple la construction d’une assemblée nationale au Gabon et Djibouti, les logements sociaux en Algérie et Guinée Bissau, construction des aéroports au Mali et Maroc, et récemment l’envoie de 550 soldats au Libéria pour une mission de paix et beaucoup d’autres réalisations qui sont à leurs actifs.

Quelle place faut il donc donner aux nouveaux investisseurs rouges ?

En définitive, la Chine joue aujourd’hui un rôle de plus en plus important dans le développement des économies africaines. Les aides de la Chine sont plus accessibles sans contraintes majeures. La seule condition est la non coopération avec le Taiwan, car la Chine veut pas entretenir des relations diplomatiques avec un pays qui coopère avec la République rebelle ( Taiwan). Avec cette nouvelle schématisation des relations sino-africaines et du rôle futur de la Chine sur la scène internationale, je pense personnellement qu’il est important pour nos autorités d’entretenir des relations étroites et saines sur tous les plans avec ce pays , afin de bénéficier des externalités positives de son développement. Etant donné que la croissance de la Chine nécessite une demande croissante en matière première dont nous disposons certaines de ces matières, cela vaut le coup de signer des accords de coopération économique et même culturelle à ce pays afin de bénéficier des externalités positives de sa croissance. Dans le secteur forestier par exemple, au lieu d’accorder les permis d’exploitation à certaines entreprises qui exploitent sans payer les taxes forestières légalement, parfois même ces entreprises ne paient rien à l’Etat, confions ce secteur à une entreprise chinoise et en contrepartie le gouvernement chinois accorde (sans exclure que les entreprises paient les taxes et emploient les travailleurs locaux) des bourses d’études et de formation dans les secteurs prioritaires (Santé, agriculture, élevage, pisciculture…) qui manquent au pays. Mais

il faut que les centrafricains sachent avant tout que le développement de notre pays est le fruit de notre effort avant de compter sur l’extérieur car il y’a un adage qui dit : « aide toi, le ciel t’aidera. »

Alexis MOYOUDOKANA

Bibliographie

DREE : Fiche de synthèse ; Centrafrique : Investissement Direct Etranger (www.dree.org)

Banque de France ( www.banquedefrance.fr)

- www.chinafrique.com

- www.jeuneafrique.com

- Capital N° 149 du Fév. 2004 PP 48

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 19