LE CAS BOZIZE : le Pouvoir Absolu Corrompt Absolument

«  Ce pays où il y a tant de plaies à panser, tant de réponses à apporter à une population matériellement et moralement anémiée, et qui a besoin de dirigeants sérieux pour s’atteler à cette tâche. Le pire qui puisse arriver à présent, c’est que Bozizé se prenne pour un vrai chef d’Etat. » écrivait le mensuel panafricain  le Nouvel Afrique Asie dans son numéro 163 du mois d’Avril 2003.

En juillet 1999, le club des liquidateurs , euh, présidents Africains, s’était réuni à Alger. C’est durant ce sommet de l’Union Africaine(OUA à l’époque), que fut arrêté le principe qui va à jamais graver ce sommet dans les annales de la politique africaine, à savoir que l’Organisation de l’Unité Africaine exclura désormais de ses sommets, tout régime  arrivé au pouvoir par une autre voie que l’alternance constitutionnelle. Tout le monde se souvient du tapage qu’il y’a eu autour de cette réunion, et j’ai encore en mémoire, car présent à l’époque à Bangui, le ton impérial qu’employaient le président Patassé et ses sbires pour parler de la chose.

Je me souviens qu’au mois d’Avril de la même année, le président Nigérien, lui aussi parvenu au pouvoir par un coup a été abattu comme un chien pour reprendre cette __expression du président gabonais Bongo, et c’est ce coup d’état, qui à mon avis a ressuscité le dossier des putschistes en Afrique. Car le dossier n’est pas nouveau, déjà en 1963, la délégation Togolaise à la tête de laquelle il y’ avait le président Grunitzky était déclarée « Non grata » à Addis Abeba, lors de la réunion constitutive de l’OUA, à cause de l’assassinat quelques mois auparavant du président Sylvanius Olympio. En 1980 lors du sommet extraordinaire de l’OUA à Lagos, le sanguinaire Samuel Doe et sa délégation ont été interdit de prendre part au sommet, à cause de l’assassinat du président William Tolbert

Ainsi la charte de l’OUA prévoyait déjà en son article 3 alinéa 5 , la condamnation de l’assassinat politique comme moyen d’accession au pouvoir.

C’est dans cet élan historique, que l’assassinat du président nigérien Ibrahim Barré Maïnassara ressuscita cette volonté de déclarer les putschs hors la loi.

 

Et pourtant il y’avait un problème, et en coulisse beaucoup de tractations se faisaient autour de présidents comme Patassé, Kabila Sr, Mugabé et tant d’autres. Si dans leur immense majorité les chefs d’état africains ont soutenu et continuent de soutenir Mugabé, c’est plus à cause de l’histoire, de la fierté, même si dans le cas zimbabwéen, cette fierté est mal placée.

 

Ainsi petit à petit, des alliances se formèrent et des coups d’état eurent lieu. Une dizaine de coup d’état réussis ou manqués eurent lieu de Juillet 99 à nos jours. De tous ces coups d’état dont les plus spectaculaires sont sans doute : le Congo démocratique avec l’assassinat de Kabila Sr, le Liberia avec le départ en exil de Taylor, la Côte d’ivoire avec l’arrivée au pouvoir de Gueï et le Centrafrique avec le renvoi au Togo via le Cameroun du président Patassé et l’arrivée au pouvoir de Bozizé.

 

Même si les situations dans les différents pays qui connurent des coups d’état depuis Juillet 99 ne sont pas toutes identiques, le coup d’état du 15 Mars 2003 est le plus défendable, ce n’est pas parce que ces mots sortent de la bouche d’un Centrafricain, mais face à un pouvoir qui n’avait sa raison que par le terrorisme d’état et dont l’unique raison d’être était de faire retarder la sanction du peuple pour continuer de piller la terre et satisfaire son ego, que fallait-il faire ? Le pays était mis en jachère, l’espace républicain transformé en arène, la vie des citoyens en putching ball et la seule règle était l’_expression du langage du vice institutionnalisé et celui de la force débridée.

C’est dans ce contexte là qu’intervint le mouvement du 15 mars 2003, et ces mots dans la bouche du Pr Goumba le 28 Mars 2003 qui était la caution morale de l’élite politique du pays résumait l’état profond de la nation, n’en déplaise à Ndouba Prosper : « il faut que le monde entier sache que le peuple centrafricain dans son immense majorité était arrivé à demander souvent dans le silence de la peur, quelquefois en le criant que l’ordre ancien des choses soit renversé.

Non seulement l’opposition, mais également une partie importante de ceux qui apportait son soutien à son (Patassé) régime, qui avaient conscience de l’impasse où s’enfermait le pays.

C’est pourquoi je considère le passage brutal du 15 mars 2003, non pas comme un coup d’état militaire au sens classique du terme, mais comme un véritable sursaut populaire, une révolution du peuple en quête de changement. »

Si Patassé était chassé, son « APRES » posait un problème double, une équation à multiples inconnues dont les plus majestueuses étaient :

1.       Réussir la transition

2.      Quel nouvel homme pour la direction du Centrafrique

Et encore à ce stade, le même Goumba, dans les mêmes propos du 28 mars 2003 déclara ceci : «  Nous réconcilier est un devoir patriotique qui doit s’imposer à tous. Vous avez un autre devoir : après l’enthousiasme populaire, nous devons tous nous remettre au travail pour redresser le pays. La transition consensuelle doit être mise à profit pour reconstruire la RCA. »

Et c’est à ce niveau là qu’entre en jeu la responsabilité du consensuel en chef, le général BOZIZE.

Dans le film « Echos d’un empire sombre », Me SPINER, avocat de Bokassa 1er, déclare ce qui suit : « comme disait St JUSTE, le pouvoir absolu  corrompt absolument ».

Cette assertion me revint à l’esprit le jour où j’appris que le général Bozizé légiférerait par ordonnance et que le CNT n’avait pas de pouvoir réel.

Le personnage(Bozizé) n’est pas nouveau sur la scène, déjà garde du corps de Bokassa 1er, ministre dans le CMRN avec Kolingba comme Boss, co-auteur de l’alcoolique coup d’état de 1982, candidat à la présidentielle de 1993 où il n’a obtenu que 1,53% des voix, soit 12.159 votants pour lui ; cette précision est importante pour ceux qui veulent faire des projections en se referant à l’histoire. C’est dire que Bozizé a goûté aux artifices du pouvoir.

Si la tournure actuelle ressemble au parcours de Robert Gueï ; les personnages ont des parcours différents, Gueï est différent de Bozizé qui est différent d’ ATT et de Daouda Mallam Wanké le tombeur de Maïnassara.

Que s’est-il passé ? comment Bozizé qui avait rassuré la communauté internationale de sa non-présentation aux élections présidentielles rame t’il aujourd’hui à contre-courant, prenant le risque de voir l’onction internationale lui être retirer et la bénédiction nationale soustraite, la faible mobilisation du 19 Juin en est une illustration parfaite.

La seule réponse qui me vient à l’esprit est de constater avec effroi la répétition du processus Gueïsant (1)de Bozizé que je souhaite pas voir arriver à bon port, raison profonde de ce texte, long, car je prends la peine de plonger la question sur tous les fronts, permettant ainsi au premier concerné de se faire une idée plus juste.

Massi l’a dit dans le quotidien Banguissois « Le citoyen » (2) : la candidature de Bozizé pose problème», et à mon appréciation de la situation actuelle ; elle pose un problème à cinq niveaux :

1.      Le respect de la parole donnée

Aux  lendemains du 15/03/2004, le général Bozizé était clair et j’espère en possession de toutes ces facultés mentales lorsqu’il déclara qu’il ne briguerait pas la présidence de la république (3) ; écartant ainsi toute éventualité. Cette prise de position lui a permis de rentrer dans le club des présidents africains, du moins en Afrique centrale au travers de laquelle il obtint une reconnaissance internationale et aussi le soutien de la classe politique centrafricaine même si d’elle, il ne fallait pas attendre grand-chose.

Bozizé est dit Pasteur ou quelque chose de la sorte (4) ; même si je n’ai pas la même approche christianistique que lui, je tiens cependant à lui  prodiguer un conseil en me basant sur la bible qu’il utilise lui aussi ; l’Apôtre Jacques dit ceci : « Jaques 5:12Avant toutes choses, mes frères, ne jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par aucun autre serment. Mais que votre oui soit oui, et que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement. » (5)

S’il est incapable de tenir parole devant ses pairs présidents et devant la nation où il a pris sa décision ; je crois que le destin de la nation semble réellement menacé, car les engagements électoraux ne seront jamais respectés, si l’engagement politique ne l’est pas.

2.      L’honnêteté et le courage politique

Ces deux vertus sont les plus grandes que doivent avoir un homme d’état.

*Honnêteté pour bien mener à port la nation et respecter ses engagements.

*Courage pour mener des actions hautes ; parfois ramer à contre-courant de la cour des griots, et c’est là que nous devrons voir cette dimension du général Bozizé, prouver à la nation et à la communauté internationale qu’il a le courage de poser, de lier parole et acte ; qu’il a l’honnêteté de reconnaître qu’entre l’espoir suscité par le mouvement du 15/03/2003 et la réalité inclusive du pays à l’heure d’aujourd’hui, il y’a un grand écart. (6) Du pléthore consensuel est né une souris, une sourinette comme dirait Jamel Debbouze au lieu du veau que l’on attendait, et le transitionnel en chef doit avoir le courage et l’honnêteté devant Dieu, devant la nation, devant lui et devant la communauté internationale de rendre son tablier.

3.      Responsabilité historique

Il y’a des indices qui ne trompent pas, et l’Apôtre Paul dit ceci : «  1Corinthiens 10:6
Or, ces choses sont arrivées pour nous servir d'exemples, afin que nous n'ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu »

Et un peu plus loin il ajoute ceci : « . 1 Corinthiens 10:11
Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. »Plus clair que ces deux versets, je ne vois rien à y ajouter.

En 1980, contre toute attente, le président Senghor décide de se retirer et cela lui  permit d’entrer au panthéon des grands africains du siècle passé et peut être de tous les temps.

Dacko  prit la décision de faire du MESAN en 1963, le parti-état et unique par la suite ; cela inaugura l’ère des partis uniques en Afrique, cette décision fit de ce dernier, le père du monopartisme en Afrique

Dans une Afrique sous domination kakie, le général Obasanjo organisa des élections et remit le pouvoir aux civils ; il en est de même pour  Kérékou, Sassou et Kolingba, qui dans des périodes encore Kakies en Afrique, acceptèrent le résultat des urnes, même si par la suite certains se sont désolidarisés de leurs actions, c’est aussi un fait que l’histoire retient aujourd’hui et pour toujours.

Aujourd’hui s’offre à Bozizé l’opportunité d’écrire autrement l’histoire de notre pays, de l’Afrique et du peuple noir Africain, deux voies seulement existent :

·         Rester ferme, amener la transition  à bon port et regagner les casernes ;

·         Céder aux fabricants de satrape et se présenter avec tous les travers et détours que cela peut entraîner.

Entrer dans l’histoire comme un grand homme ou un minable prétentieux et carriériste ; c’est cela la responsabilité historique de Bozizé.

4.      Crédibilité Internationale

C’est en rassurant la communauté internationale qu’il ne se présentera pas que Bozizé avait eu la reconnaissance nécessaire.

Patassé était un problème, une calamité sortit des urnes en 1993. Et comme en 99, il a su se faire réélire, la communauté internationale était arrivée à se demander comment s’en débarrasser ? Et ramant à contre-courant d’Alger 99, bon-gré mal-gré ; la reconnaissance était accordée à Bozizé.

Si je suis patriotiquement au concept du centrafricanisme (7), je reste cependant conscient que vue la situation géopolitique de l’heure ; la partition centrafricaine ne peut se jouer seule. Or sans crédibilité internationale, tout système en place au pays, légitimité populaire ou pas, entraînera le pays à la dérive et condamnera par le même chemin, la nation, le pays à un destin médiocre.

Je ne sais pas si le président Bozizé le sait, mais en tombant dans le piège du micro de RFI (8), il venait de creuser sa tombe, scier la branche sur laquelle il était assis et entamer sérieusement son capital-crédit auprès de cette même communauté internationale.

Tout le monde sait que depuis le tonitruant engagement de Bozizé  aux lendemains du 15 Mars 2003, de l’eau est passée sous le pont ; c’est pourquoi le président de l’Union Africaine a cru bon le mettre en garde.

 

Depuis ce 17 Mai 2004, beaucoup de choses se sont passés ; trois ont retenues mon attention :

·         La réplique officielle de Alpha Omar Konaré à Bozizé ( dépêche AFP du 27/05/04 à 19h24)

·         L’interpellation de Tiken Jah Fakoly

·         La manipulation de l’opinion par les éléments dangereux qui naviguent autour de Bozizé et qui sont ses véritables ennemis, au travers  de la marche du 19/06/2004.

Les exemples se comptent sur le bout des doigts de la main, où l’organisation politique africaine, ce que j’appelle le Syndicat des Liquidateurs Africains a demandé de façon expresse et non diplomatique à un chef d’état de ne pas se présenter à une élection présidentielle, même si la première approche fut sous forme de conseil, langage diplomatique oblige. Le cas est au paroxysme, et je m’étonne, ne comprends pas pourquoi les faiseurs d’opinion en Centrafrique ne se sont pas réellement penché sur la question, comme si les jeux étaient déjà faits et que c’est seulement chez nous que règne le ridicule.

Malgré tous ces cartons jaunes, si le président Bozizé s’obstine à se présenter, ce sera quasi-suicidaire de sa part, car impossible de se refaire une crédibilité, en politique la nation apparaît comme la virginité que l’on perd qu’une seule fois.

5.      Vision ventrale(la responsabilité des arrivistes et faiseurs de roitelets)

 

Même si on tant qu’adulte, la responsabilité première des échecs continus et continuels de la RCA est à mettre à l’actif des présidents, des chefs ; il ne faudrait pas occulter l’aspect intellectuel ou lettré de la chose. Ces carriéristes ou arrivistes qui tournent dans la cour du roi, faisant de la situation actuelle un acquis et voulant absolument la pérenniser, créer au passage une dynastie, se venger des autres qui étaient au pouvoir avant. C’est ainsi que nous avons entendu ces discours aux lendemains de l’arrivée de Patassé au pouvoir : « maintenant c’est le tour des savanniers….. » mais depuis, et je l’espère du fond de mon cœur, que le peuple centrafricain a compris la profondeur de la chose lorsque dans sa folie protectrice de son pouvoir, le président Patassé a tourné le bout de ces canons contre ceux-là même qui le soutenaient, à qui il a servi la calice de la division.

 

A la tête de ce groupuscule ventral, il y’a le minable prétentieux qu’est Wanfio Serge, ex député  Mlpciste, président du courant des intellectuels dans ce même parti qui a entre autre à son actif, le projet en 2001 de l’identification et de l’exclusion des Yakomas dont le village ne se trouverait pas en Centrafrique mais au Congo démocratique, depuis son projet a pris l’eau car l’individu fut soupçonné à raison ou à tort comme complice actif de Bozizé dès Novembre 2001, sauf sa parenté maritale avec la famille Lemotomo de feue Lucienne Patassé fut la planche de salut qui lui permit de sortir des griffes de Patassé qui en avait fait son prisonnier personnel avec l’autre minable prétentieux qu’est Démafouth Jean Jacques.

 

Par définition, un parti politique est créé pour prendre le pouvoir et dans ce temps de démocratie, c’est par les urnes.

Je rigole lorsque je vois ce parti (PDCA), demander à un individu, qui de surcroît, du moins en agora n’est pas membre de ce parti de devenir candidat. C’est comme-ci l’UMP demandait à Zidane de se présenter aux présidentielles à la place de Chirac ou Sarkozy ou le PUN à Clément BOUTE MBAMBA  d’être son candidat à la place de Jean Paul Ngoupandé, il n’y a que chez nous que le ridicule ne tue pas, QUI DIT MIEUX ?

 

Tout laisse à croire que ce parti a été dans le but de servir de plate-forme électorale à Bozizé. Je ne sais pas si les gens mesurent la portée Bêtisienne de certains propos du style « si le peuple me le demande », ou « marche d’appel à la candidature » ; mais diantre, depuis quand le peuple demande à un individu de se présenter ?

Peut-être que c’est parce que je vis sur les bords de la seine que j’idéalise tout et espère voir la pratique politique dans mon pays ressembler à celle qui est faite ici, un jeu  avec élégance, courtoisie exceptée Le Pen, tolérance et calcul réaliste et réalisable, tout en tenant compte et en premier chef, de l’avis général de l’état de l’opinion de la rue.

 

Si Bozizé veut être candidat, il n’a qu’à se déclarer point barre et  passons à autre chose ; mais qu’il n’oublie pas avoir dit : « Je ne veux déranger personne », c’était l’une des raisons  pour lesquelles il ne voulait pas se présenter. Dans toutes les sociétés qui se respectent, ce sont les états majors des mouvements politiques en interne qui décident si tel ou tel individu est apte à défendre les couleurs du parti à une élection. Aux Etats-Unis, le système est un peu différent du modèle Français et donc francophone, mais c’est toujours le même principe, celui de la base. Or à ce niveau, de qui se moque Bozizé et Wanfio ?

 

En Mars 2003, ils étaient plus de 100.000 à sortir dans Bangui pour manifester leur joie de voir partir Patassé, le 19 Juin 2004, ils étaient à peine 5.000 personnes, faites donc la différence par vous même, vous verrez que 95% de ceux qui le saluèrent en mars 2003 ne l’approuvent plus aujourd’hui, et il doit tenir compte de cela, tirer les leçons qui s’imposent. Je me rappelle que pour un simple derby footballistique entre Tempête Mocaf contre Olympique réal de Bangui ou  Tempête Mocaf contre les Anges de Fatima, le stade Boganda est pris d’assaut et je peux même avancer le chiffre de 20.000 à 25.000 personnes, alors que pour ce choix crucial, seulement 5.000 personnes, alors que ceux qui poussent Bozizé et lui même réfléchissent à deux fois avant d’agir et tournent leurs langues sept fois avant de parler et répondre.

 

En réalité Bozizé est triplement victime, suivez mon regard :

· Victime de lui-même ,  plusieurs fois il a voulu accéder à la magistrature suprême du pays, mais cela n’a pas fonctionné, et maintenant qu’il y est, il se dit j’y suis j’y reste. D’où cette résolution à vouloir ramer à contre-courant en croyant que se serait facile pour lui de gagner si c’est lui qui organise, ce qui n’est pas loin d’être faux, vu comment toute la classe politique est obnubilée par cette candidature. L’autre aspect de l’emprisonnement de Bozizé par lui-même, serait de voir ressurgir, une fois dans les casernes, les épineux dossiers du génocide post 28 Mai 2001 où il était chef d’état major des FACA(9) et le dossier concernant sa gestion de l’armée que certaines personnes jugent non orthodoxes et au rang desquelles je m’aligne aussi.

· Victime du clan. Nous savons par expérience, que lorsqu’un individu accède au pouvoir en Afrique en général et en Centrafrique en particulier, le clan(famille, tribu, région) fait main basse sur cette situation, pensant à tort que leur  salut et survie, voir enrichissement seraient garantis par la présence et la continuité de ce pouvoir. C’est pourquoi se lèvent pour la plupart du temps des individus pour défendre ces pouvoirs dans le clan la plupart du temps. Et cela fausse les données, le chef s’enfermant dans cette logique, va vouloir protéger les siens, stratifiant ainsi la nation en trois strates, les gens du clan à la tête de laquelle il y’a la famille nucléaire, les gens du mouvement(parti ou rébellion) et le reste du peuple(les autres peuplades). Ce n’est un secret pour personne, en dehors de l’amusement de la galerie « Transition consensuelle » où l’on rencontre toutes les familles politiques centrafricaines, ce sont les gens du clan qui gouvernent avec Bozizé, je parle du clan pour ne pas nommer une ethnie, car ce serait mettre à la vendetta un pan de notre nation, ce que j’ai réprouvé hier sous Patassé et continue  de dénoncer aujourd’hui. A la tête de cette mafia clanique, il y’a encore le minable prétentieux et carriériste de Wanfio qui tire les ficelles et arrange tout.

·    Victime de l’argent facile et des sponsors. De tout temps, le palais de la renaissance a été utilisé comme siège social des Business(10) du président et même pendant le transfert à la villa Adrienne, cette tradition n’a pas échappé à la règle. Il est facile de devenir riche en faisant main basse sur l’exploitation des matières premières centrafricaines en y plaçant à tour de bras, des parents ou autres sociétés écrans. C’est dans cette logique là que Bozizé agit, lui et les siens, s’enrichir beaucoup et très vite. Ce n’est un secret pour personne, Bozizé faisait du tourisme politique en Europe lors de son exil français à la recherche de sponsors, or ces individus, sont généralement affiliés à la mafia et des organisations pareilles, sont gourmands, tout vouloir et tout de suite, parfois ici et maintenant. Ils sont nombreux les sponsors de Bozizé, et il faut les satisfaire tous, et il ne peut s’en aller avant de les avoir tous satisfaits, sinon ce qui est arrivé à Patassé en Italie au début des années 80 peut lui arriver (11) c’est ce que disait déjà le Nouvel Afrique Asie en Avril 2003 dans le numéro 163: « . Le problème, c’est qu’après s’être comporté durant ces derniers mois comme un aventurier en Europe, à la recherche de sponsors parfois peu recommandables pour sa cause, et ayant, en contrepartie des aides obtenues, promis des parcelles de Centrafrique et des concessions minières aux premiers venus, baroudeurs nostalgiques d’Afrique, le sieur Bozizé devra trouver l’inspiration nécessaire pour expliquer à ses sponsors les plus primaires que le mieux qu’il puisse faire, c’est de demeurer le moins longtemps possible à la tête de ce pays. »

 

La déchéance socio-économique de notre pays a trouvé son dévoilement le plus éloquent  dans le coup d’état du 15 Mars 2003, sursaut patriotique pour certains, passage brutal pour  d’autres, usurpation de pouvoir pour les nostalgiques de l’ère Patassé  et les légalistes ; moi je l’ai  doublement nommé : « Renaissance Centrafricaine ou Lueur d’Espoir ».

 

Tout centrafricain digne de ce nom doit savoir que l’on n’arrive pas, 44 années après les indépendances, à concevoir en Centrafrique et mettre en place un processus de développement :

1.                    Développement  humain et durable ;

2.                    Développement économique et bonne gouvernance ;

3.                    Développement structurel ;

 

Le pays est dans le rouge et le seul domaine dans lequel nous brillons est celui de la médiocrité et du reniement à l’humanité et m’humanisme.

 

Que faire face à cette léthargie ? pourquoi ce pays qui bénéficie d’immenses potentialités est l’un des derniers au monde ? pourquoi ce pays est devenu le vassal des autres et n’a plus sa place dans le concert des nations ? pourquoi un peuple lié par un atout culturel et linguistique et voire même anthropologique reste sujet de conflits ethnicistes et tribaux ? comment lancer une économie qui n’a jamais existé ? comment transformer en richesses les énormes potentialités dont jouit notre pays ?

 

Telles sont à avis, les questions auxquelles devra répondre  le pays sous la direction  du nouveau président en Janvier 2005.

 

On dit souvent  que l’on ne change pas une équipe qui gagne, mais il faut remercier celle qui perd en lui montrant la sortie ou les vestiaires.

 

Bozizé doit tenir parole et remettre le pays entre les mains  d’un nouvel  élu en janvier 2005. j’ai toujours dit que les actions d’un grand homme, les bonnes actions pour être précis, sont des circonstances atténuantes et peuvent effacer ces faiblesses et erreurs.

 

Dans le spectacle actuel qu’offre  d’une part Bozizé via Wanfio et d’autre part  les partis politiques centrafricains dans des alliances  vraiment contre-nature et rigolos, me poussent  à constater que tout, mais vraiment tout porte à croire qu’il n’y a pas en l’homme centrafricain le sens  de l’amélioration, le sens du progrès et de l’honneur.

 

Au général Bozizé : « osons, osons faire quelque chose pour que l’histoire ne bégaie de nouveau »

 

A la classe politique centrafricaine : « changeons, changeons d’approche  et de profondeur pour ne plus rester la classe et l’élite la plus bête au monde. »

 

Au peuple centrafricain : « sortons, sortons du silence, du silence complice. Sortons de l’inactivité, de l’inactivité due au fatalisme et donnons un tant soit peu à la patrie ; osons changer les choses. »

 

 

 

 

Clément BOUTE MBAMBA

 

 

  1. : néologisme pour qualifier l’attitude de tout président issu d’un coup d’état et qui veut légaliser son pouvoir  par un plébiscite populaire ; voir aussi L’Inter(quotidien ivoirien) du 19/05/04
  2. Massi in Le Citoyen du 14/04/04 au 16/04/04
  3. Interview réalisée par Christophe Boisboubier pour L’Intelligent (JAI N°2205 du 13 au 19 Avril 2003)
  4. Fondateur de l’église du christianisme céleste
  5. Tous les versets utilisés sont extraits de la traduction Version Louis Second de la bible
  6. Que reste t-il de la libération du 15 mars 2003 (16 mars 2004)  par Clément BOUTE MBAMBA
  7. Je définis ce terme comme étant le développement intégral et intégré de notre pays.
  8. Invité Afrique-Matin de RFI le 17 mai 2004.
  9. Bozizé était chef d’état major lors de la tentative de coup d’état du 28 mai 2001, c’est lui qui coordonna les opérations dites de représailles et de ratissages.
  10. J’emploie ici ce terme pour ne pas qu’il ait confusion si j’utilisais le terme Affaires du président, qui est un terme couramment utilisé en administration présidentielle ou protocolaire publique
  11. LES PREUVES DE COMPLICITE CRIMINELLE ET LES AVEUX DES AMIS DE BOZIZE : LETTRES DE ROGER DELPEY ET ANDRE LE LEMEIGNEN  sur patasse.com

ctualité Centrafrique de sangonet - Dossier 19