Solidarité avec le journaliste Maka Gbossokotto placé en garde à vue

 

Oser informer! Oser donner la parole aux personnes muselées! C'est un noble devoir souvent entravé par l'oppression, par l'injustice. Une victime : Maka Gbossokotto

 

 


Mise en garde de la justice centrafricaine à la presse indépendante

BANGUI, 9 juil 2004 (AFP) - 20h26 - Le Groupement des éditeurs de la presse privée et indépendante de Centrafrique (Geppic) a annoncé vendredi qu'il suspendrait ses publications à compter de lundi prochain jusqu'à la libération du journaliste Maka Gbossokotto, en garde à vue depuis jeudi.

"A compter de lundi prochain, aucun titre ne paraîtra jusqu'à la libération de notre confrère Maka Gbossokotto", a déclaré à l'AFP Faustin Bambou, directeur de l'hebdomadaire "Les Collines du Bas-Oubangui", à l'issue d'une assemblée extraordinaire des membres du Geppic.

"Nous avons décidé de ne plus honorer de notre présence les rencontres avec le pouvoir", a également annoncé M. Bambou au terme de cette assemblée, tenue après une réunion avec le procureur général de la Cour d'appel de Bangui, au cours laquelle le magistrat a sévèrement mis en garde la presse indépendante.

Lors de cette réunion à laquelle ont été convoqués des directeurs de publication, le procureur général Sylvain N'zas a accusé la presse indépendante de tenir des "propos désobligeants" à l'endroit des dirigeants du pays et les a menacé d'appliquer la loi "dans toute sa rigueur".

"Nous avons jugé que la situation était extrêmement grave", a encore indiqué Faustin Bambou, précisant que le Geppic avait mis sur pied une cellule de crise pour tenter d'obtenir la libération de Maka Gbossokottto.

Directeur du quotidien indépendant Le Citoyen, le journaliste a été placé en garde à vue jeudi à la suite d'une plainte déposée par l'ex-directeur général de l'Energie centrafricaine (Enerca), Jean-Serge Wafio, un proche du président François Bozizé, limogé en juin après une série d'articles du Citoyen l'accusant de détournement de fonds.

Le journaliste se trouvait toujours en garde à vue vendredi à la gendarmerie de Bangui et était privé de toute visite, selon sa famille.


Mise en garde de la justice centrafricaine à la presse indépendante

BANGUI, 9 juil 2004 (AFP) - 19h04 - Le procureur général de la Cour d'appel de Bangui, Sylvain N'zas, a publiquement accusé vendredi la presse centrafricaine indépendante de tenir des "propos désobligeants" à l'endroit des dirigeants du pays et les a menacé d'appliquer la loi "dans toute sa rigueur".

"Depuis plusieurs mois, la presse privée a fait de la République centrafricaine un pays où les autorités ne sont pas respectées", a déploré M. N'zas devant plusieurs directeurs de publication convoqués à une rencontre, à laquelle assistait un représentant du Bureau de Nations unies en Centrafrique (Bonuca).

"Nos journalistes (...) ne cessent de tenir des propos désobligeants" envers les autorités du pays, a ajouté le magistrat. "Les attaques contre le chef de l'Etat et les ministres ont atteint des proportions inacceptables (...) les journaux ne sont que des recueils de mensonges et de rumeurs", a-t-il affirmé.

"Le ministère public ne peut laisser une poignée d'individus faire de l'intoxication pour induire la population en erreur", a conclu M. N'zas, ajoutant que "l'action publique sera mise en mouvement d'office en cas d'offense au chef de l'Etat ou d'outrage envers les ministres".

Cette rencontre s'est déroulée au lendemain de l'arrestation de Maka Gbossokotto, directeur du quotidien indépendant Le Citoyen, à la suite d'une plainte déposée par l'ex-directeur général de l'Energie centrafricaine (Enerca), Jean-Serge Wafio, un proche du président François Bozizé, limogé en juin après une série d'articles du Citoyen l'accusant de détournement de fonds.

Le journaliste se trouvait toujours en garde à vue vendredi à la gendarmerie de Bangui, selon sa famille.


Reporters sans frontières scandalisée par l'interpellation de son correspondant

9.07.2004 - Le 8 juillet, Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien Le Citoyen et correspondant de Reporters sans frontières en Centrafrique a été convoqué à la section recherches et investigations de la gendarmerie de Bangui, afin d'être interrogé sur la base d'une plainte en diffamation déposée à son encontre par l'ancien directeur de l'Energie Centrafricaine (ENERCA), Jean-Serge Wafio.

Ce dernier, démis de ses fonctions par le président de la République, François Bozizé, pour mauvaise gestion, a été accusé de détournement de fonds dans plusieurs articles du Citoyen.

Au terme de l'interrogatoire, le journaliste a été immédiatement placé en garde à vue sur instruction du procureur de la République. Il a passé la nuit en prison et, à l'heure actuelle, n'a toujours pas été relâché.

Les journalistes de la presse privée réunis au sein du Groupement des éditeurs de la presse privée de Centrafrique (GEPPIC) ont décidé, à l'issue de leur assemblée générale extraordinaire tenue le 9 juillet, de suspendre la parution de leurs journaux jusqu'à la libération de Maka Gbossokoto.

"Nous dénonçons cette arrestation qui s'est déroulée dans des conditions scandaleuses. Notre correspondant a été incarcéré sur la base d'une simple accusation de diffamation et nous demandons sa libération immédiate", a déclaré Reporters sans frontières.

"Cette affaire est loin d'être un cas isolé. Deux autres journalistes, convoqués le 9 juillet, ont préféré ne pas se présenter de peur de subir le même sort. Tout cela se déroule dans un contexte de harcèlement général de la presse privée. Nous rappelons aux autorités leurs engagements en faveur de la liberté de l'information lors de leur arrivée au pouvoir en mars 2003", a ajouté l'organisation.

Dans deux communiqués officiels datant du 7 juillet, le ministre centrafricain de la Communication, le lieutenant-colonel Parfait Mbay, a adressé deux mises en garde sérieuses aux médias indépendants.

Dans la première, il a fustigé les "graves dérives constatées ces derniers temps dans certains organes de la presse privée indépendante écrite dont quelques-uns sont instrumentalisés par certains compatriotes pour désinformer, manipuler et nuire à l'image des plus hautes personnalités de l'Etat et d'autres compatriotes". A ce titre, il a tenu à rappeler aux directeurs de publication des journaux visés ce qu'il attend d'eux : "Dire la vérité , rien que la vérité, tout en sachant que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire."

Dans le deuxième message, il a menacé ces mêmes directeurs de publication de fermer leurs journaux si ceux-ci n'ont pas rempli, au 15 juillet 2004, les conditions d'obtention de l'autorisation de publication, conformément aux termes de la Loi n°03/002 du 14 janvier 2003 relative à la liberté de la communication en République centrafricaine. Les organes de presse privés sont donc dans l'obligation de faire parvenir une demande de licence d'exploitation accompagnée d'un extrait de casier judiciaire du directeur.

Depuis le 1er janvier, trois journalistes ont été interpellés et Jude Zossé, directeur de L'Hirondelle, a été condamné à six mois de prison ferme (avant d'obtenir une grâce présidentielle) pour des délits de presse.


Le journaliste centrafricain Maka Gbossokotto placé en garde à vue

BANGUI, 8 juil 2004 (AFP) - 20h38 - Le journaliste centrafricain Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien Le Citoyen, a été placé en garde à vue jeudi par les gendarmes, a-t-on appris par le groupement des éditeurs de la presse privée indépendante de Centrafrique (Geppic).

M. Gbossokotto avait reçu mercredi une convocation lui demandant "de se présenter jeudi afin d'être entendu par la section recherches et investigations (SRI) de la gendarmerie", a-t-on précisé de même source.

Selon le groupement, le journaliste a été entendu après la plainte de l'ancien directeur général de l'Energie centrafricaine (Enerca), Jean-Serge Wafio, limogé par le président François Bozizé en juin après une série d'articles du Citoyen l'accusant de détournement de fonds.

Immédiatement après son audition, "Maka Gbossokoto a été placé en garde à vue sur instruction du Procureur de la République", a affirmé le Geppic.

Dans un communiqué remis à l'AFP, le groupement a exigé "la libération sans condition" de M. Gbossokoto, dont le quotidien est connu pour ses critiques à l'égard du président Bozizé, et dénoncé "la dérive autoritaire des dirigeants de la transition" en Centrafrique.

"Le Groupement des éditeurs de la presse privée indépendante de Centrafrique tient à relever que depuis peu, la presse indépendante fait l'objet de harcèlements, de tracasseries et de pressions de tous genres de la part des pouvoirs publics", ajoute le texte.

Correspondant de Reporters sans frontières (RSF), Maka Gbossokotto est également membre de l'Association des éditeurs de la presse privée d'Afrique centrale.

Jeudi, le ministre de la Communication, le lieutenant-colonel Parfait M'bay a accusé, dans un communiqué lu à la radio nationale, la presse privée de "graves dérives".

Il a plus particulièrement dénoncé "certains organes de la presse privée indépendante écrite (...) instrumentalisés par certains compatriotes, pour désinformer, manipuler et nuire à l'image des plus hautes personnalités de l'Etat".

Ce communiqué a été publié au moment où plusieurs organes de presse se sont publiquement interrogés sur un mystérieux voyage qu'aurait effectué le président François Bozizé en Allemagne en juin.

Actualité Centrafrique de sangonet - Dossier 19