ALLOCUTION DE M. ANGE-FELIX PATASSE, CHEF DE L'ÉTAT CENTRAFRICAIN

 

Messieurs les Ambassadeurs, Messieurs les Représentants des organismes internationaux,

De retour de la Libye, je dois maintenant partir pour Malabo, en Guinée équatoriale, et ensuite à Libreville.

D'une part, pour assister le président N'Guéma pour la mise en place de l'Assemblée paritaire dans le cadre de la communauté, la CEMAC, et aussi, je dois me rendre à Libreville pour le sommet des chefs d'État de la CEMAC.

Mais avant de partir, j'ai cru devoir vous rencontrer pour partager avec vous la situation que traverse la RCA en matière d'hydrocarbure. Ce n'est pas nécessaire que je rappelle cette tragique situation que nous vivons.

Ce qui est certain, c'est qu'il y a deux jours, j'ai eu le président Kabila. Nous avons échangé des discussions. Il m'a avoué qu'il n'était pas au courant de ce qui s'est passé et c'est la raison pour laquelle le ministre d'État du pétrole a été arrêté. Mais que le contentieux reste.

Je lui avais répondu que l'urgent pour nous, c'est d'avoir le droit de passage pour le carburant, don du gouvernement libyen. Il a accepté le principe, il a donné des instructions, comme je vous l'avais dit lors du dernier message que j'ai adressé à la nation.

En attendant, la SOCATRAF, contactée, nous demande de tout mettre en œuvre, parce qu'ils sont prêts, au niveau de cette société, pour remonter les 3.000 tonnes de carburant.

Nous sommes en rapport avec Tripoli puisque la société Tam-Oil a été chargée, par le gouvernement, de nous fournir les 55.000 tonnes de carburant.

Mais, en attendant, une première tranche de 5000 tonnes doit être acheminée rapidement sur Bangui, par voie aérienne, pour nous permettre de faire face aux urgences de l'heure.

J'ai contacté effectivement quelques sociétés, quelques compagnies aériennes. Des propositions ont été faites. Nous avons retenu la compagnie sud-africaine Inter-Flight. Elle dispose de deux (02) 707 aménageables, en cargo, pour transporter, de Douala à Bangui, du carburant pour la capacité de 38 tonnes. Elle doit faire donc 130 rotations pour enlever les 5000 tonnes de carburant actuellement à Douala.

Par ailleurs, le président Denis Sassou-NGuesso a demandé à la société Transfigura, basée à Point Noire, de faire acheminer sur Bangui un peu de carburant même si la capacité n'est pas très grande, mais il fallait quand même nous servir.

Donc, depuis deux jours, je suis en négociation avec la compagnie Transfigura qui met à la disposition quelques avion pour amener du pétrole de Pointe Noire à Bangui.

Mais, si j'ai cru devoir vous recevoir ce matin, c'est parce que, dans cette phase de la crise, il ne faut pas que nous rentrions dans une spirale de crises. Il  faudrait que nous recherchons des solutions qui permettent à la population d'avoir accès aux hydrocarbures à des prix modérés, en attendant que la Socatraf fasse remonter, par le fleuve, des quantités de carburant pour les 50.000 tonnes. Il aura donc plusieurs rotations.

Le prix du carburant qui viendra de Pointe Noire, y compris le transport aérien, serait autour de 700 F le litre. Pour les deux (02) 707 cargos, il nous faut dégage immédiatement 1.617.000.000 FCFA soit 2.513.000 dollars pour les 130 rotations Douala-Bangui.

Devant l'effort fait par le président Khadafi et le gouvernement libyen, il est tout à fait normal que je me tourne vers vous aussi pour que chacun apporte sa contribution, pour régler le problème de transport, afin que le niveau du prix ne puisse pas excéder 500 F le litre ; si nous pouvons maintenir le prix au niveau de 490 F, le super, et le gasoil au prix actuel. Ce serait une très bonne chose.

Ça nous grandirait tous, vous et nous.

 C'est la raison pour laquelle, avant de m'envoler pour Malabo, j'ai cru devoir venir, ici, lancer un appel afin que vous puissiez réfléchir et nous donner un coup de main.

Je vais aussi ici rendre un hommage particulier à la Banque mondiale et au FMI qui, pendant mon séjour à Washington, m'ont demandé de faire le pointde la situation et qu'ils sont disponibles pour nous accompagner.

C'est le moment aussi pour que le ministre du Plan puisse prendre attache avec les représentants du FMI et la Banque mondiale pour voir ce qu'on peut faire.

Mais pour nous, il est urgent qu'une solution soit trouvée pour que les 2 avions 707 actuellement disponibles, en Afrique du Sud et au Zimbabwe, puissent être mis en place pour le ravitaillement de notre pays en carburant. Pour la Première tranche des 5000 tonnes d'hydrocarbures.

Tel est l'objet de cette rencontre, mais il m'a paru nécessaire de vous parler avant de partir car je ne voulais pas laisser cette situation derrière moi dans l'incertitude.

Par ailleurs, j'aurais souhaité que les installations laissées par l'armée française, à l'aéroport de Bangui-M'Poko, propriété de la RCA désormais, mais que nous avons cédée au BONUCA, si notre frère, le représentant du secrétaire général, l'Ambassadeur Sy, peut autoriser que les hydrocarbures qui viendraient par la voie aérienne, au lieu que ça soit transvasé pour aller à Kolongo, que ça puisse être dépoté sur place à l'aéroport de Bangui-M'Poko. Ce qui pourrait nous faciliter la distribution du carburant par la voie aérienne.

Tel est l'objet de cette rencontre et je suis prêt à vous écouter.

Je vous remercie

(Bangui, le 21 juin 2000)
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© Retranscription du discours assurée par le RéseauCitoyennetéActions, Interface Bangui, jeudi 22 juin 2000.
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Actualité Centrafrique - Dossier 2