JOURNEE NATIONALE DE CONCERTATION DES SIX PARTIS DE L'OPPOSITION à NGOUNZA (DAMARA) :

 

CONCLAVE DE NGOUNZA

COMMUNIQUE FINAL

Suite à leur JOURNEE NATIONALE DE CONCERTATION (JNC) du 8 Juillet 2000, les partis ASD, CNP, FC, MDI/PS, PUN et UPR se sont retrouvés le samedi 19 Août 2000 à NGOUNZA, sous-préfecture de Damara.

Cette rencontre réunissait autour des leaders des six partis les principaux dirigeants de ceux-ci ainsi que les membres du Comité Technique Permanent créé par la JNC.

Ce Conclave s'est donné trois (3) objectifs :

- Evaluer la mobilisation organisée depuis le 8 Juillet 2000 autour du mot d'ordre de démission du Président Patassé, mot d'ordre lancé par la JNC.

- Renforcer les actions déjà engagées, et en arrêter de nouvelles pour accentuer la pression sur le régime en vue d'obtenir la démission de Monsieur Patassé, dont la présence à la tête de l'Etat centrafricain constitue aujourd'hui une menace pour la paix civile, la concorde nationale et la survie même du pays, qui est au bord de l'asphyxie sur le plan économique et sociale.

- Avancer encore plus rapidement dans le processus de regroupement organisationnel des six partis.

SUR LE PREMIER POINT ;

Le Conclave a constaté que le mot d'ordre de DEMISSION du Président Patassé a trouvé un écho favorable au sein de la population centrafricaine, tant dans la capitale qu'en province ou encore parmi les Centrafricains de l'extérieur.

C'est la preuve que le régime est vomi par le peuple. Il n'y a là rien d'étonnant quand on observe la situation catastrophique sans précédent dans laquelle le Président Patassé a plongé le pays..

Les Centrafricains ont faim parce que leur pouvoir d'achat s'est dramatiquement effondré. Les fonctionnaires totalisent sur la décennie 1990-2000 vingt-cinq mois de salaires non payés, dont quatorze imputables au régime de Monsieur Patassé. A ce jour, le gouvernement DOLOGUELE en est encore à achever le paiement du mois de mai 1999. A ce rythme, il sera encore en train de payer les salaires de 1999 au cours du premier semestre de 2001 !

Les retraités en sont réduits à attendre actuellement la pension du premier trimestre de 1999, et pour certains, le dernier trimestre de 1998.

Seuls les étudiants ont obtenu, grâce à leur lutte récente, le paiement de trois mois d'arriérés de bourses (sur 12) à l'Université de Bangui. Nos compatriotes qui étudient en Russie ont dû séquestrer le Chargé d'Affaires de notre ambassade à Moscou pour exiger le paiement de dix-huit (18) mois d'arriérés de bourses. A Dakar, Bamako et Abidjan, nos " étudiants entament des grèves de la faim pour attirer l'attention sur leur triste sort.

S'agissant des militaires, le pouvoir a dû se mettre en quatre pour leur payer le mois de Juillet 1999 suite aux rumeurs de coup d'Etat.

La situation n'est guère meilleure pour les paysans. En zone cotonnière, la récolte de l'an 2000 est difficilement ramassée, et le plus souvent <<payée>> en <<bon pour>>. En région forestière, la mévente du café est chronique. La pénurie de carburant, qui continue de frapper durement les zones rurales, aggrave les difficultés de survie des paysans centrafricains, dont le niveau de vie est aujourd'hui en dessous de ce qu'il était voici cinquante ans.

Faute d'alimentation suffisante, faute de médicaments et de soins dans les hôpitaux et dispensaires, les Centrafricains meurent comme des mouches. Il n'y a plus assez de place dans les morgues, et on enterre à tour de bras dans les cimetières. La pandémie du SIDA n'est pas combattue avec toute la détermination requise, et notre pays est désormais classé parmi les six pays les plus atteints sur le continent africain.

Un récent rapport du PNUD indique que notre pays a dégringolé du 146e rang en 1995 au 189e rang en 2000 pour ce qui est de l'indice de développement humain.. Cela traduit parfaitement l'agonie du peuple centrafricain sous le régime de Monsieur Patassé.

Le système éducatif se meurt lui aussi , et a grande vitesse: démotivation des personnels à cause des retards de salaires; manque d'infrastructure dû en grande partie a la rupture avec les principaux bailleurs de fonds (Banque Mondiale, BAD, etc.) à cause de la mauvaise gestion des projets, trafics en tous genres (inscriptions, examens, bourses, etc.) et politisation outrancière.

La corruption gangrène l'administration centrafricaine. Le tribalisme mine la cohésion nationale. L'insécurité traumatise les Centrafricains. La diplomatie aventureuse du Président Patassé nous met en difficulté avec plusieurs pays amis, à commencer par les voisins immédiats. La criminalisation de l'économie centrafricaine et les liens avec des réseaux mafieux à travers le monde expliquent le discrédit qui frappe la RCA.

Ce sombre tableau montre que la pérennisation du régime de M. Patassé accélérera l'enterrement pur et simple du pays.

M. Patassé doit donc démissionner !

Il doit démissionner pour que le pays puisse redémarrer !

Il doit démissionner pour que les Centrafricains, dont il a accentué la division, se réconcilient et travaillent de nouveau ensemble pour la reconstruction nationale !

Le conclave a apprécié positivement le travail accompli pour diffuser et expliquer ce mot d'ordre, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Les communiqués et déclarations du Comité des Leaders, le Communiqué n° 001 du CTP, les réunions tenues dans les quartiers de Bangui par les partis, sont des actions ayant contribué à la diffusion du mot d'ordre de démission. Grâce à la presse nationale indépendante, grâce aux nouvelles technologie de l'information, nos prises de position sont connues et comprises hors de nos frontières.

SUR LE SECOND POINT

Malgré le bilan jugé positif de six (6) semaines de mobilisation autour du mot d'ordre de démission, le Conclave a conclu à la nécessité d'accentuer la pression sur ce régime de faillite nationale. Pour cela, la lutte doit être menée avec une plus grande détermination, sur tous les fronts, en concertation avec l'ensemble des forces vives de la nation, y compris nos compatriotes de l'extérieur.

A cet effet, les trois groupes de travail mis en place par le Conclave ont proposé diverses mesures pratiques et concrètes, qui ont été adoptées. Elles visent à donner un coup de fouet au mouvement populaire, sur la base d'un front de lutte sans exclusive. Elles mettent un accent tout particulier sur le travail d'explication sur le terrain dans les arrondissements de Bangui, surtout les quartiers populaires, dans la banlieue, en province, et parmi les Centrafricains de l'extérieur.

Ce travail de terrain est indispensable pour provoquer la prise de conscience et obtenir l'adhésion du plus grand nombre de centrafricains au mot d'ordre de démission du Président Patassé. Face à un régime rodé dans le mensonge, l'intoxication et la manipulation, il importe que les partis se mobilisent, soient sur le terrain, quotidiennement, pour faire comprendre aux populations la nécessité d'obtenir la démission d'un Chef d'Etat qui ne fait qu'enfoncer le pays.

Le Conclave a souligné avec force, que la démission du Président Patassé est la voie la moins risquée pour sortir de l'impasse actuelle, assurer une transition pacifique et consensuelle. Par le passé, et à plusieurs reprises, les Centrafricains ont administré la preuve que face aux impasses politiques, ils savaient inventer des solutions consensuelles : Séminaire National de décembre 1980 ; Conseil Politique National Provisoire en 1992 - 1993 ; Protocole d'Accord Politique du 5 juin 1996.

Ces solutions toutes constituent des modalités pacifiques de sortie de crise pour la sauvegarde de l'unité et la concorde nationales.

Le Conclave a souligné l'importance d'en finir avec la gestion prédatrices. La République Centrafricaine a besoin de s'orienter résolument et durablement vers un régime de gestion rigoureuse, transparente et moderne, dans le contexte de la mondialisation. Une telle gestion ne peut pas être faite avec des hommes qui ont plongé dans la corruption et la prédation.

La RCA a besoin d'hommes intègres, désintéressés, soucieux du bien public, et ouverts sur le monde moderne pour stopper le cycle de régression et améliorer les conditions de vie du peuple.

SUR LE TROISIEME POINT

Le Conclave a procédé au bilan de l'action des deux structures provisoires mises en place par la JNC du 08/07/2000 : le Comité des Leaders et le Comité Technique Permanent.

Ces structures se sont régulièrement réunies pour accomplir les missions assignées par la JNC. Leur fonctionnement doit s'inspirer constamment du principe qui les guide, à savoir la volonté politique d'évoluer progressivement vers l'unité organisationnelle.

Il ne s'agit pas de regroupements à caractère tactique comme il y en a eu depuis sept ans. Il s'agit d'alliance stratégique ayant pour objectif clair l'unité organisationnelle.

Le Comité des Leaders est donc un embryon de direction politique devant conduire de façon permanente les actions politiques communes, sur la base de la confiance, et en évitant les procédures lourdes qui ont paralysé l'action des groupements tactiques.

De la même façon, le CTP est une structure de coordination technique servant de Secrétariat pour le Comité des Leaders. Le Conclave estime nécessaire de le responsabiliser d'avantage, de spécialiser les secteurs d'activités en son sein et de le doter du minimum de moyens financiers et matériels pour son action.

Le Conclave a décidé que la coordination doit s'étendre aux organes décentralisés des six partis, à Bangui et en province. Le Conclave insiste sur le fait que la force du regroupement viendra du renforcement des partis qui le composent. Ce renforcement n'est possible que par la présence sur terrain, soit pour chaque parti, soit ensemble.

Les Centrafricains reprochent à juste titre, aux partis politiques de ne se manifester qu'à l'occasion des campagnes électorales. Le renouveau politique voulu par les six partis signifie une présence permanente sur le terrain, pour informer et former les militants, les former surtout au sens du bien public, de la bonne gestion et de la lutte contre le tribalisme.

Pour finir, le Conclave appelle les militants des six partis à demeurer constamment mobilisés à l'heure où le destin de notre pays dépend de la détermination et de l'esprit de sacrifice de chacun.

Dans l'immédiat, cette mobilisation est sollicitée pour transformer le procès de Maka Gbossokoto, directeur de Publication du Citoyen, en procès des prédateurs qui l'ont injustement traduit en justice.

Fait à NGOUNZA, le 19 Août 2000

LE CONCLAVE


Actualité Centrafrique - Dossier 2