Les effets boomrang des photos du président Patassé

 

1 - Affaire des photos du président Patassé : la LCDH dénonce un "racket"
2- Jean-Paul Ngoupandé écrit au premier ministre Dologuélé :
3 - L'affaire Maka est en passe de devenir l'affaire Ndouba.
4 - Protestation des leaders des mouvements de l'opposition :


 

1 - Affaire des photos du président Patassé : la LCDH dénonce un "racket"

La Ligue centrafricaine des droits de l'hommea qualifié jeudi de "racket" la vente aux entreprises des nouvelles effigies officielles du président Ange-Félix Patassé par son porte-parole, Prosper Ndouba.

La LCDH a également condamné "la répression aveugle et injustifiée contre les journalistes de la presse privée indépendante", dans un communiqué publié jeudi, en référence aux poursuites judiciaires dont fait l'objet le directeur de publication du journal Le Citoyen, Alexis Maka Gbossokoto

A l'origine de l'affaire, M. Maka Gbossokoto est poursuivi pour avoir publié le 24 juillet, sous le titre "Racket dans les sociétés organisé par Ndouba?", une lettre adressée par ce dernier aux entreprises privées en vue de leur vendre un lot de 12 photos du président Patassé moyennant la somme de 150.000 FCFA (1.500 FF).

La LCDH estime que cette lettre obligeait les entreprises "à acheter les photos du chef de l'Etat, celles-ci n'ayant au demeurant fait aucune commande...". "C'est le lieu de dire qu'il s'agit bien d'un racket, aucune règle de comptabilité publique n'ayant été respectée (...)", poursuit le communiqué.

Critiquant la mesure de garde à vue qui a visé le directeur de publication du Citoyen, remis en liberté mardi, la LCDH "relève avec inquiétude l'escalade de la répression à l'encontre des journalistes" et invite les pouvoirs publics à respecter leurs engagements en matière des droits de l'homme".

La réaction de la Ligue intervient au lendemain de l'interpellation du Premier ministre Anicet Georges Dologuélé, en sa qualité de ministre de l'Economie et des Finances, par le député Jean-Paul Ngoupandé, sur le compte "Communication présidence" créé par M. Ndouba pour collecter les fonds issus de la vente des photos du chef de l'Etat.

Le député d'opposition voyait dans cette collecte de fonds "une violation flagrante de la loi de finances 2OOO".

BANGUI, 10 août (AFP)- 20h00 -


2- Jean-Paul Ngoupandé écrit au premier ministre Dologuélé :

 

NGOUPANDE Jean-Paul Député (Circonscription de Dékoa)
Président du Groupe parlementaire
PUN- FC - IND

Bangui, le 07 Août 2000

A Monsieur le Premier Ministre,
Ministre de l'Economie et des Finances.

 

Objet : Question écrite relative à l'ouverture d'un compte intitulé " Communication Présidence " à l'UBAC par le Conseiller Spécial du Chef de l'Etat, Porte-Parole.

 

Monsieur le Premier Ministre,

J'ai l'honneur de vous saisir, en vertu de l'article 65 de la constitution, et en votre qualité de Ministre de l'Economie et des Finances, pour que vous me donniez votre position sur l'information parue dans la presse relative à l'ouverture d'un compte intitulé " communication Présidence " n° 24039901 N à l'UBAC, compte destiné à collecter les fruits de la vente d'effigies du Chef de l'Etat.

En effet, il apparaît très clairement que cette initiative est une violation flagrante de la loi de finances, et par conséquent de la constitution en son article 59, alinéa 1, aucune disposition de la présente loi de finances n'autorisant la création de telles recettes levées pour le compte de l'Etat.

Par ailleurs, les dispositions de la loi de finances et les accords de programme avec les institutions de Bretton Woods ne cessent d'insister sur le principe de l'unicité de caisse pour une saine gestion des finances publiques.

Je vous prie donc de me dire quelles sont les dispositions que vous envisagez de prendre pour que dans cette affaire la loi soit strictement respectée.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma haute considération.

 

Jean-Paul NGOUPANDE

Ampliation

- Président de l'Assemblée Nationale A titre d'information
- Président de la Commission Finance A titre d'information


3 - L'affaire Maka est en passe de devenir l'affaire Ndouba.

Suite à la libération du journaliste Maka Gbossokoto, l'opposition centrafricaine, par la voix du président de son groupe parlementaire, a saisi le Premier ministre centrafricain, Anicet Georges Dologuélé, pour des clarifications sur les réels motifs de l'arrestation suivie de garde à vue abusive du directeur de publication du journal Le Citoyen.

De Bangui, nous apprenons que sous la plume de son président, la Ligue Centrafricaine des Droits de l'Homme (L.C.D.H) s'est offusquée de voir qu'un conseiller en communication du président de la République se soit transformé "en livreur de photos " pour des raisons inavouées.

Me Nicolas TIANGAYE ne comprend pas que cette haute personnalité de l'État s'en prenne à un journaliste qui n'a fait que son travail d'information, en diffusant une lettre officielle que le conseiller a lui-même signée et adressée aux sociétés de la place.

Face à cette nouvelle pression, dans l'affaire Maka, de la Société civile centrafricaine et de la classe politique, le silence des autorités centrafricaines devient quelque peu gênant.

Kodro, 09 août 2000 - 22h30


4 - Protestation des leaders des mouvements de l'opposition :

ASD - CNP - FC - MDI/PS - PUN - UPR

DECLARATION

 

Le Comité des Leaders des partis ASD, CNP, FC, MDI/PS, PUN, et UPR tient à élever la protestation la plus énergique contre l'arrestation et le maintien en garde à vue au delà du terme légal de M. MAKA GBOSSOKOTO, Directeur de Publication du quotidien Le Citoyen.

Au nom des six partis, le Comité considère comme infondé l'accusation de diffamation portée par M. Prosper NDOUBA contre le Citoyen qui a accompli son devoir d'information en publiant dans son numéro du 24/07/2000 la lettre du " Conseiller Spécial " adressée aux sociétés de la place.

S'il y a un coupable dans cette affaire, c'est bien M NDOUBA, qui a violé la loi de finances en instituant des recettes non prévues par la dite loi, et en ouvrant un compte au nom de l'Etat en violation du principe d'unicité de caisse.

Le Comité s'associe à la protestation émise dès le 04 Août 2000 par M. Jean-Paul NGOUPANDE, ancien Premier Ministre, Député, Président du Parti de l'Unité Nationale, et demande la libération immédiate de M. MAKA GBOSSOKOTO.

Le Comité constate une fois de plus le peu de cas que le régime de M. PATASSE fait des libertés démocratiques chèrement conquises par le peuple centrafricain. C'est effectivement une décision ressemblant à une véritable lettre de cachet qui a enjoint au Procureur de la République de remettre le directeur de publication du Citoyen en garde à vue, alors qu'il venait d'être remis en liberté le samedi 05 Août 2000 à 13 heures.

Le Comité appelle tous les démocrates centrafricains quelle que soit leur appartenance politique à manifester une ferme solidarité avec la presse privée indépendante et à exiger la libération immédiate de M. MAKA GBOSSOKOTO.

Fait à Bangui, le 08 Août 2000

 

ONT SIGNE :

Pour l'Alliance pour la Solidarité et le Développement (ASD)

Le Président
Christophe BREMAIDOU

Le Centrafrique Nouvelles perspectives (CNP)

Le Président
Denis KOSSI-BELLA

Le Forum Civique (FC)

 

Le Mouvement pour le Développement, l'Indépendance et le Progrès Social (MDI-PS)

Daniel NDITIFEI-BOYSEMBE

 

Le Parti de l'Unité Nationale (PUN)

Le Président
Jean-Paul NGOUPANDE

 

L'Union Pour le Renouveau (UPR)

Le Président
Pierre-Sammy MACKFOY

 

(Témoignages et réflexions : à suivre)


Actualité Centrafrique - Dossier 2