Réflexions sur le scandale politico-financier : Que faire? Quel débat?

 

Les scandales à répétitions, les détournements des biens publics, les maladies endémiques, la pénurie des carburants ont mis la République Centrafricaine au rang des plus démunis de la planète. Cette situation fait réfléchir ou fait gémir des centrafricains de part le monde, tant sur le sol national qu'à l'étranger. Aujourd'hui, on ne compte plus les morts. Imaginez et voyez ces villages quasiment dépeuplés, et d'autres encore laissés à l'abandon. Imaginez ici l'avenir des enfants qui ont perdu cinq à sept ans de leur scolarité, ce qu'on appelle par éphémisme 'les années blanches'. Enfin, ouvrez les yeux et voyez ces familles qui suivent des sentiers en transportant le corps d'un être cher dans une brouette en direction du cimetière sous un soleil tapant; des parents transis de peur à cause des coupeurs de route. Mais enfin! Combien faut-il de malheurs pour provoquer un déclic salvateur chez tous ceux qui passent le temps à réfléchir sur la manière de se remplir la poche ou de détourner les biens publics dont ils ont la charge, ou bien de "s'enrichir à perte" - puisque cette manne profite à personne en Centrafrique, eux-mêmes compris; la seule chance, c'est de s'accrocher le plus possible pour se servir de ce qui ne leur appartient pas; s'il y avait complication, il suffit de trouver d'autres artifices pour continuer à se servir indûment - Comment parler de la dignité et de la liberté dans ces conditions ?

Victor BISSENGUE

Webmaste@sangonet.com

Partie 1 :

Tu veux mon avis ?

Je vais te donner celui des vieux Baba qui s'exclament partout en RCA et en Afrique Centrale "A quand la fin des indépendances" ou "Quand les hommes blancs reprendront-ils le pouvoir ?" ou "Quand se décideront-ils enfin à revenir"

J'ai été profondément vexé lorsque j'ai entendu la première fois cette réflexion. L'idée de penser que l'homme noir serait inférieur, incapable de se diriger, de créer, de bâtir une cité fraternelle, de construire un pays libre, ouvert où il fait bon vivre etc etc, m'est insupportable.

Mais devrions nous nous arrêter à des réactions primaires ? A ne pas aller au fond des choses ?

Après tout quel est le véritable ennemi de l'homme noir, oui de l'africain si vous préférez, de cet africain qui s'est tellement frotté à l'homme blanc qu'il en est devenu la caricature. Son affranchissement de l'esclavage, de la colonisation ne lui a rendu ni la MEMOIRE ni la DIGNITE encore moins la VOLONTE de se battre, de se mettre résolument au TRAVAIL.

TRAVAILLER POUR CONSTRUIRE

POUR BATIR une oeuvre d'hommes libres, indépendants mais ouverts au monde.

SORTIR de ce MONDE de SINGERIE

SORTIR de ce MONDE de CONSOMMATION

où tout nous est "donné"

où tout nous est dû; le beurre et l'argent du beurre... par la France, par la Communauté internationale, Toutiquanti... et que sais-je encore ?

Oui la RCA marche sur la tête, mais la faute à qui ?

AUX 99,7% de sa population qui triment depuis 40 ans ???

AUX 0,3% de cette population, formés de MUNZU VUKO et assimilés [dont nous autres du forum (que nous le voulions ou non) faisons partie ?]

Certes toi et moi ou nous autres de ce forum n'avons probablement ou certainement rien à voir avec les gouvernements DACKO, KOLINGBA ou PATASSE et compagnie

Mais sommes nous prêts à jurer que demain, à quelque poste de responsabilité que ce soit (je ne parle pas de POUVOIR POLITIQUE) nous ne ferons pas comme ces dictateurs (et autres Hauts Fonctionnaires véreux) et seront résolument avec le peuple pour essayer, ensemble de relever les défis et d'élever le niveau de vie général ?

Comment pourrions nous y arriver si nous refusons d'engager le moindre débat à ce sujet ?

Il est vrai que toi, Narcisse tu as été absent un certain temps du forum.

Bienvenue donc.

JB

( Monday, June 26, 2000 3:41 PM)

Partie 2 :

Cher Jean-Bosco!

Le problème qui se pose est celui de trouver le bon moyen de sortir notre pays du marasme économique, financier, politique et social dans lequel il est plonge depuis les indépendances et également de sortir de cette spiral d'affaires, de fraudes et tentative de blanchiment d'argent qui peuple le quotidien du Centrafricain. Il n'est pas question pour nous de tomber dans les réflexions "terre a terre" bien que de temps en temps en faire référence; il faut que nous Centrafricains nous nous engagions dans la voie du dialogue, de débat et de réflexion sur les grands sujets de développement tout en gardant à l'esprit les réalités de notre pays. Nous n'allons pas ressortir les anciens débats idéologiques..... par contre il est indispensable que nous réunissions nos forces pour apporter le meilleur de nous-mêmes dans la reconstruction, la relance de ce pays qui est en train de disparaître. Il apparaît impossible de parler de reconstruction et de relance dans l'état actuel du pays ou le gouvernement Dologuele continue de dilapider (comme l'ont fait les précédents gouvernements depuis 40 ans) les maigres ressources et va mettre en faillite les quelques entreprises d'intérêt public au pays.

Evidemment, lorsque les vieux Baba au pays s'exclament pour demander le retour des blancs à cause de l'incompétence de nos compatriotes en charge des affaires de l'Etat, ils mettent en lumière les carences des assoiffes de pouvoir qui ont hypothèque la fierté de l'homme noir, ancêtre de l'humanité que certains chercheurs blancs véreux ont essaye par tous les moyens de ne pas reconnaître (travaux du Pr. Cheik Anta Diop).

Ainsi l'Africain noir en général, à cause de l'incompétence de certains d'entre nous se trouve, a certaines occasions, réduit au rang d'être inférieur au blanc. L'exploitation de cette situation par le blanc conforte parfois certains de nos compatriotes dans cette idée que l'homme noir sera toujours inférieur au blanc...... d'où le paternalisme, moyen facile qu'avaient et qu'ont choisi nos gouvernements pour demeurer sous tutelle de la France. Le ton donne par nos dirigeants se répercute au niveau de la population qui considère un vil exploiteur comme un sauveur (autre thème de nos débats cf. reportage de M6 qui a choque tout un chacun sur ce réseau; j'attends pour ma part de voir ce reportage pour me prononcer.....)

Que faut il faire pour nous en sortir? Tu l'as dit, c'est se mettre résolument au TRAVAIL et montrer notre VOLONTE de transformer notre SOCIETE:

- Montrer que la conception de l'homme noir inférieur a l'homme blanc est purement fausse et fantaisiste: car sur le plan de la science et dans tous les domaines répertories à l'heure actuelle, l'homme blanc n'est nullement supérieur a l'homme noir. On rencontre de plus en plus de noirs dans les grands labo et institutions mondiaux, dans les grandes entreprises, patrons ou propriétaires des grandes entreprises, classes parmi les êtres les plus riches de cette planète grâce à leur travail (ne pas confondre les fortunes de ceux qui ont travaille dur pour les amasser avec celles de nos dictateurs).

- Discuter avec nos vieux babas au pays des véritables enjeux de ce monde, car leurs proverbes et leurs expériences sont une source intéressante de savoir (Se rappeler ce que disait Hampate Ba a propos des vieux d'Afrique).

- Etre également agressif dans notre volonté de nous affirmer. Je ne parle pas d'agression physique ou verbale, par contre de l'agressivité dans la conduite de nos activités et de notre travail.

- Savoir gérer et savoir manager un groupe...... ce qui sous-entend qu'il faut que nous prenions le temps d'écouter, de comprendre et de saisir le sens de ce que nos collaborateurs nous disent et attendent de nous.

- Savoir prendre des décisions justes et censées par ses analyses appropriées d'une situation. De lire et comprendre des documents avant de les signer.

- Enfin de faire passer l'intérêt de la collectivité et du pays avant notre propre intérêt. Le grand point d'interrogation!!!

Ces exemples de voie parmi tant d'autres constituent des moyens que le Centrafricain de demain pourra mettre en oeuvre pour changer le cours de l'histoire de notre pays.

Je ne mets pas en doute la conviction de nos compatriotes qui sont sur le réseau et qui sans contrainte participent à ces débats. Je pense qu'ils ont comme tout un chacun analyse la situation de notre pays et leurs interventions reflètent probablement leur conviction. Ils seront également prêts à mettre en oeuvre leurs idées ou ces convictions s'ils se trouvaient dans la situation de travailler avec le peuple et d'oeuvrer dans le bon sens pour un développement économique, sociale et culturel de notre pays.

La merveilleuse chose avec ce réseau est de voir comment chaque Centrafricain qui évolue dans une région spécifique donnée peut apporter sa contribution au débat sur la relance et la reconstruction de notre pays en tirant profit des leçons de son environnement. Ainsi un débat constant et anime nous permettra d'atteindre l'objectif qui est d'intéresser le plus de Centrafricains de la diaspora a la situation nationale.

N. Komas

(Date: Mon, 26 Jun 2000 21:50:22 -0500)

Parie 3 :

Je ne voudrais pas donner l'impression de monopoliser la parole en quelque sorte (vous êtes devant votre micro n'est-ce pas ? Rien ne vous empêche de vous en servir...).

Je veux simplement répondre qu'il n'y a pas d'antinomie entre la perception que Narcisse a du pouvoir Patassé-MLPC, principal responsable de la décrépitude actuelle de la RCA et ma propre vision.

Certes nous ne l'exprimons pas de la même façon mais quoi de plus normal ?

Patassé et les siens ont fait et continuent de faire la preuve de leur incompétence dans tous les secteurs de la Nation et de la vie des citoyens centrafricains.

Depuis 1993 de centaines de compatriotes de bonne foi et des moineaux du genre "mange-mil" ou "Mo tè ka mo tè gué" ont grossi les rangs de des collaborateurs et admirateurs de Patassé, sans infléchir, le moins du monde la descente aux enfers du pays. Il se trouve peut-être encore des gens qui croient au miracle de la collaboration. [A cet égard, la subite apparition de S. Alalengbi le mois dernier ne doit pas être sous-estimée]. Ces gens ferment les yeux sur les "truanderies, les crimes économiques et les crimes contre l'humanité au motif que "c'est ça l'Afrique! Il faut nécessairement travailler avec le plus fort si on ne veut pas crever de faim au pays ou rester en exil".

Je dis qu'il faut combattre résolument le régime de Patassé car quoi que vous puissiez entreprendre en RCA rien ne fonctionnera si l'Etat n'assure pas ses responsabilités et devoirs élémentaires par exemple : la sécurité des personnes et des biens, la libre circulation des personnes et des marchandises, la santé publique, l'enseignement, la formation, la liberté d'entreprendre(*).

Mais cette résolution doit s'accompagner d'une autre et de façon concomitante. Etre rigoureux avec nous-mêmes, avec les nôtres en tout cas refuser la facilité, les passe-droits.

Garder le contact avec le pays réel et avec "les résistants de l'intérieur".

Débattre aussi des faiblesses qui minent nos actions, qui contrarient toute réussite c'est se donner les moyens d'avancer la tête haute, où que l'on se trouve, en toute DIGNITE. C'est se préparer en homme, en femme, en citoyen et citoyenne responsable.

JB

(*) Les vrais opérateurs économiques ou entrepreneurs ne sont pas des fous. Ce ne sont pas de philanthropes non plus. Croyez moi, aucun d'entre eux n'ira risquer le moindre centime en terre centrafricaine aussi longtemps que la clique de Dacko Kolingba et Patassé mettra ce pays en coupe réglée tous les 3,7 ou 12ans.

(Date: Tue, 27 Jun 2000 19:17:50 CEST)

Actualité Centrafrique - Dossier 2