Les planteurs de café refusent d'écouler leur récolte à perte

 

La majorité des planteurs de café centrafricain, 3ème source de devises pour le pays, refusent depuis des semaines d'écouler leur récolte pour protester contre la faiblesse des cours.

Ils subissent de plein fouet les effets de la baisse des cours mondiaux du café, explique-t-on au ministère centrafricain du Plan.

Celle-ci a conduit les autorités du pays à fixer le prix indicatif du café-cerise (non décortiqué) à 115 francs CFA (1,15 FF) le kilo pour la campagne 1999-2000, contre 240 FCFA/kg l'année précédente, a-t-on précisé de même source.

Les producteurs sont en outre pris en otage par certains acheteurs sans scrupules qui leurs offrent un prix de 80 à 90 FCFA/kg, bien inférieur à celui suggéré par le gouvernement.

Dans certaines zones caféières inaccessibles par la route, les paysans qui ne disposent pas de sacs pour stocker le café préfèrent perdre leur récolte plutôt que de la brader à si bas prix.

La campagne de vente des grains récoltés en novembre, entamée le 1er février, devait en effet s'achever vers la fin du mois de mars. Or, avec le retour des pluies, le café-cerise, stocké sous les auvents des cases en toits de chaume pourrit à grande vitesse sous l'effet de l'humidité et toute une partie de la production risque d'être détruite.

Dans les sept préfectures productrices de café du pays, les paysans les plus démunis en sont réduits au troc. Contre quelques kilos de grains, ils se procurent savon, sucre, lait concentré, bière et autres produits de première nécessité.

La production nationale n'a cessé d'augmenter ces vingt dernières années, passant de 12.000 tonnes en 1990 à plus de 50.000 tonnes en 1999, souligne-t-on au ministère au Plan.

Le café figure désormais au 3ème rang des exportations du pays en terme de valeur derrière les diamants et le coton et devant le bois.

Ces chiffres plutôt flatteurs pour un pays à l'économie en panne depuis plusieurs années dissimulent pourtant mal les faiblesses structurelles d'un secteur menacé: enclavement des zones de cultures, dispersion des plantations, et surtout problèmes de financement.

Les banques ont cessé de débloquer des prix tant aux producteurs qu'aux acheteurs, craignant que les planteurs ne préfèrent vendre leur production en dessous du prix indicatif à des acheteurs non-agréés.

Même l'Etat centrafricain, qui venait appuyer jadis ce secteur à travers une Agence de développement de la caféiculture (ADECAF), en fédérant les planteurs dans des regroupements d'intérêts ruraux, à jeté l'éponge il y a 17 ans.

Les acheteurs-exportateurs sont ainsi devenus les principaux financiers du secteur, par le biais de frais de pré-campagne versés, deux ou trois mois avant la récolte, aux planteurs désormais à leur merci.

Dans l'ouest et le sud du pays, nombre d'entre eux ont tiré les conclusions de la situation, abandonnant leurs cultures pour prospecter le diamant.

(AFP, BANGUI, 20 mai 2000 12h45)

Actualité Centrafrique - Dossier 2