Action syndicale, Flambeau et inquiétude en Centrafrique

La République Centrafricaine plonge dans une grave crise sociale sans précédent. La peur se saisit de tout le monde avec le risque majeur de dégénérescence. Plus personne n'entend la voix du vis-à-vis. Tout est brouillé. Le doute s'installe car l'avenir est incertain. Le comble de cette situation, tout le monde compte bien demeuré le seul rescapé.
Il est un temps où certains individus amassent nourriture et biens dans un bunker en espérant que la catastrophe passe pour revenir tranquillement à la surface. Rien n'est plus sûr. Quelques bruits inquiétants montent et se mêlent aux rumeurs de Bangui, la capitale, qui a perdu sa coquetterie d'antan. Il est une autre réalité, l'arme salvatrice pour la population se fait attendre encore, mais jusqu'à quand ?
(Une journée 20 novembre 2000)

 

Soutien des syndicats du privé et du para-public aux fonctionnaires

Les deux fédérations syndicales des secteurs privé et para-public centrafricains ont apporté lundi leur "soutien inconditionnel" au mouvement social des fonctionnaires qui protestent depuis début octobre contre le non-paiement de leurs arriérés de salaires.
Dans une motion dont l'AFP a eu copie, ces fédérations "se réservent le droit d'entamer des actions multiformes en vue de soutenir ces camarades dans leurs justes et légitimes revendications", et en appellent à un "arbitrage" du chef de l'Etat, Ange-Félix Patassé.
Les dirigeants des syndicats de la fonction publique ont fait savoir lundi qu'en raison du soutien des secteurs privé et para-public, l'opération "Centrafrique pays mort" aurait lieu le 8 décembre, "le temps pour les syndicats de mobiliser suffisamment tous les secteurs".
Les fédérations du privé et du para-public condamnent dans leur motion "l'attitude irresponsable et anti-nationaliste du gouvernement tendant à laisser pourrir la situation".
Elles demandent "à la communauté internationale de tout mettre en oeuvre pour obliger le gouvernement à respecter ses engagements à l'égard des travailleurs".
Ces fédérations ont également sollicité par écrit une rencontre avec le Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé "pour connaître les mesures que le gouvernement compte mettre en oeuvre pour faire face à ces revendications".
"Les fonctionnaires constituent une partie importante de la clientèle des entreprises; l'effritement de leur pouvoir d'achat a donc pour conséquence la mévente des produits et services, ce qui peut conduire à des compressions ou des mises en chômage technique", ont-elles écrit au Premier ministre pour justifier leur soutien.
Cet appui du secteur privé s'est accompagné lundi d'un durcissement de la base des fonctionnaires qui refusent de reprendre le travail tant que la question des arriérés de salaires n'aura pas été réglée.
Leurs centrales syndicales avaient appelé samedi à une grève de huit jours renouvelable de manière illimitée à compter du 27 novembre.
(AFP, Bangui, 2O novembre 2000- 18h09)

 

Quinze partis d'opposition dénoncent les "menaces" du régime centrafricain

Quinze partis d'opposition ont invité lundi les Centrafricains à ne "plus se laisser intimider par les menaces" du régime de Bangui et à "renforcer leur détermination pour faire échec au projet" du président Ange-Félix Patassé.
Ces partis accusent dans un communiqué M. Patassé et son parti, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), de vouloir "créer la diversion face aux revendications sociales légitimes des travailleurs en provoquant un bain de sang".
Neuf de ces partis sont réunis sous l'appellation du Collectif des partis politiques de l'opposition et les six autres dans le Groupe des alliés de l'ancien Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé.
Ils affirment que "d'importantes sommes d'argent ainsi que des moyens opérationnels ont été remis à la milice" du MLPC, dirigée par l'ancien ministre de l'Intérieur et proche du chef de l'Etat, Thierry Kiandji.
"La mission dévolue à cette milice est d'une part d'éliminer physiquement les leaders d'opposition, des syndicalistes et certains jeunes (...) particulièrement actifs dans les derniers mouvements de revendications et d'autre part de participer à la répression des manifestations populaires à venir", ajoutent-t-il.
Les partis signataires "invitent les Centrafricains à ne plus se laisser intimider par les menaces et à renforcer leur détermination pour faire échec au projet de M. Patassé dont l'objectif inavoué est de briser les mouvements sociaux qui se développent actuellement."
Les centrales syndicales de fonctionnaires ont décidé le 18 novembre d'organiser une "marche pacifique" le vendredi 24 novembre à Bangui et ont appelé à une grève illimitée pour obtenir du gouvernement le paiement d'au moins douze mois d'arriérés de salaires.
(AFP? Bangui, 20 novembre 2000 - 16h51)

 

Le FLAC appelle à une mobilisation "pour faire partir M. Patassé"

Le Flambeau centrafricain (FLAC), un mouvement de jeunesse "apolitique" apparu la semaine dernière, a appelé lundi à la mobilisation des Centrafricains "pour faire partir" le président Ange-Félix Patassé.
Dans un communiqué, Le FLAC "appelle tous les travailleurs du secteur public et privé, les partis politiques, les confessions religieuses, les députés, l'armée nationale, à une mobilisation accrue pour faire partir M. Patassé, et assurer la survie de la nation".
Le FLAC, qui revendique officiellement l'apaisement social pour éviter une année blanche aux jeunes scolarisés, avait revendiqué les manifestations organisées mardi dernier à Bangui, en marge du mouvement de protestation des fonctionnaires.
Les manifestants avaient érigé des barricades et enflammé des pneus dans la capitale centrafricaine, avant d'être dispersés par les forces de l'ordre.
Le parti du président Patassé, le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) et le ministre de l'Intérieur, Maurice Regonessa, ont accusé en fin de semaine dernière l'opposition de vouloir prendre le pouvoir par les armes.
Le FLAC accuse le chef de l'Etat d'avoir demandé aux responsables de son parti "de rendre fonctionnelles les cellules d'auto-défense aux fins d'empêcher les actions des combattants de la justice sociale", lors d'une réunion les 15 et 16 novembre.
Les six fédérations de syndicats de fonctionnaires centrafricains ont lancé samedi un appel à la grève illimitée à partir du 27 novembre et à une "Opération Centrafrique pays mort", pour protester contre le non-paiement de leurs arriérés de salaires, rappelle-t-on par ailleurs.
(AFP, Bangui, 2O novembre 2000 - 11h43)


Grève illimitée des fonctionnaires en Centrafrique à partir du 27 novembre

Un mot d'ordre pour une grève illimitée dans la fonction publique centrafricaine à partir du 27 novembre, a été lancé samedi par les syndicats de fonctionnaires, a constaté un journaliste de l'AFP.
Cette grève illimitée, qui sera accompagnée d'une opération "Centrafrique pays mort", a été décidée par les six centrales syndicales de la fonction publique, réunies à Bangui en assemblée générale, afin de forcer le gouvernement centrafricain à payer immédiatement douze mois d'arriérés de salaires.
L'ensemble des 17.000 fonctionnaires centrafricains avaient déjà lancé une grève de huit jours le 2 novembre pour réclamer des arriérés qui, selon les catégories professionnelles, atteignent depuis 1992 30 mois de salaires, rappelle-t-on.
Au cours de l'assemblée générale, qui s'est achevée dans l'après-midi après cinq heures de débats houleux, de nombreux syndicalistes ont réclamé le lancement immédiat de la grève illimité et de l'opération "Centrafrique pays mort", destinée à paralyser tous les secteurs économiques du pays, a-t-on constaté.
Les dirigeants syndicaux, qui ont tenté de modérer la colère de leurs bases, ont décidé d'adresser officiellement lundi un appel à la mobilisation à tous les fonctionnaires pour une "marche pacifique", prévue pour le 24 novembre prochain.
Ces actions, qualifiés de "vigoureuses, multiformes et d'envergure", sont "destinées à exprimer le mécontentement des travailleurs face à un gouvernement qui ment et qui est incapable de tenir ses engagements", ont-ils expliqué.
Le gouvernement du président Ange-Félix Patassé avait promis après la grève d'avertissement de quatre jours d'octobre dernier de payer immédiatement trois mois de salaires aux fonctionnaires.
Cette promesse, tout comme celle du président Patassé d'apporter une "contribution personnelle" de 10 millions de dollars US pour soutenir le remboursement des arriérés, n'a toujours pas été tenue.
Les syndicats ont par ailleurs lancé un avertissement aux autorités centrafricaines dans le cas où elles tenteraient de réprimer par la force les manifestations de fonctionnaires.
"Si les forces de l'ordre tirent un seul coup de feu sur les manifestants qui ont choisi la voie pacifique, ils endosseront la responsabilité d'un soulèvement populaire", ont-ils déclaré.
Les décisions rendues samedi par les centrales syndicales alimentent toutes les conversations des habitants de Bangui, où il règne une certaine tension depuis les manifestations de jeunes de mardi dernier.
Le FLAC, une organisation inconnue se revendiquant "apolitique", avait appelé dans des tracts les étudiants, vendeurs à la criée (boubanguérés), chauffeurs de taxis et demandeurs d'emploi à se mobiliser pour faire échec au "suicide collectif imposé par le régime (du président Ange-Félix) Patassé", rappelle-t-on.
(AFP, Bangui, 18 novembre 2000- 16h52)


Actualité Centrafrique - Dossier 3