Dur dur d'être communicateur en Centrafrique

Les médias centrafricains ont maille à partir avec le gouvernement Dologuélé. Deux termes se conjuguent : pression et répression. Les agents de l'Etat sont suspendus. Des journalistes de la presse écrite et des radios privée sont menacés dans leur fonction, arrêtés et traduits en justice.
Deux ministres en charge de l'Information (Ouakanga), des Télécommunications (M. Vickos) sont placés au premier plan de ce dossier brûlant. Ces derniers sont aidés dans l'entreprise par le Directeur de Cabinet du premier ministre (M. Bazoli), le Conseiller spécial à la présidence pour des questions de communication (M. Prosper Ndouba), le Chargé de Communication à la prémature (M Yves Sanghamy). L'enjeu réel ne se réduit pas à une question de communication. Les citoyens centrafricains semblent-ils veulent faire passer un message très simple : "donnant- donnant", "un dû est un dû". Ils veulent un partage équitable du bien national qui est énorme et a comme nom : minerais (émeraudes, diamants, or, uranium, fer), bois, fer, café, et autres services rendus (bateau, Internet, avion), etc. Mais enfin, la République n'est pas si pauvre.

Analyse et points de vue

Relations tendues entre la presse centrafricaine et le pouvoir
Plusieurs journalistes de médias d'Etat et privés font l'objet de mesures de suspension ou de menaces de la part des autorités centrafricaines depuis le déclenchement de la grève des fonctionnaires le 2 octobre dernier, a-t-on appris de sources concordantes.
Deux présentateurs de journaux de la radio privée catholique Radio Notre Dame, émettant à Bangui, ont ainsi été suspendus d'antenne le 28 novembre "pour une durée indéterminée" sur ordre du ministre de la Communication, Francis Albert Ouakanga.
Le gouvernement centrafricain reproche notamment à Constant Bambia Banguema et Arsène Jonhatan Mosseavo d'avoir diffusé un communiqué de presse du Parti de l'unité nationale (PUN - opposition) faisant état de deux tentatives d'assassinat dont le président de ce parti, l'ancien Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé, aurait été la cible.
Par ailleurs, le directeur de publication du quotidien Le Citoyen, Maka Gbossokoto, dont le journal s'en prend régulièrement au régime de Bangui et réclame la démission du président Ange-Félix Patassé, affirme "être en danger de mort".
M. Gbossokoto a précisé à l'AFP être depuis le 27 novembre "techniquement interdit d'accès au réseau cellulaire national", ce qui, selon lui, l'empêche d'entrer en contact avec la boucle locale de la capitale et le reste du monde.
Selon la presse indépendante, le pouvoir accuse le journaliste d'être "le centre nerveux d'un complot orchestré par des opposants pour renverser le président Patassé".
L'opposition centrafricaine soutient depuis le début la grève des fonctionnaires qui réclament le paiement d'au moins douze mois d'arriérés de salaires.
Enfin, le correspondant de l'AFP et rédacteur en chef à la Radio nationale centrafricaine, Christian Panika, est suspendu de fonction et de solde depuis le 16 novembre pour une durée de trois mois. Il devrait être traduit prochainement devant le conseil de discipline de la fonction publique.
Le ministre de la Communication lui reproche officiellement ses "absences répétées non justifiées", sa "désobéissance hiérarchique" et son "comportement irresponsable et récidiviste".
Sa couverture pour l'AFP de plusieurs affaires de corruption lui avait valu d'être menacé de sanctions par le Premier ministre Anicet Georges Dologuélé et d'être interrogé pendant plusieurs heures en septembre par la police judiciaire.
En décembre 1999, le président Patassé, estimant que les médias centrafricains s'enfonçaient "dans un magma de boue puante", avait annoncé "des mesures (...) contre la presse qui a tendance à inciter à la rébellion, à la guerre tribale et à la haine", rappelle-t-on.
(AFP, Bangui, 3O novembre 2000 - 17h16)

CENTRAFRIQUE'MEDIAS ET POLITIQUE : LE JOURNALISTE MAKA GBOSSOKOTO EN DANGER !
Depuis lundi, 27 novembre 2000, M. Maka Gbossokoto, directeur de publication du quotidien "Le Citoyen ", est coupé du monde.

Sur intervention du nouveau quatuor criminel du régime dictatorial de Bangui, la Télécel, société privée de télécommunication, interdit techniquement au journaliste centrafricain d'accéder au réseau cellulaire, l'empêchant ainsi de rentrer en contact avec la boucle locale de Bangui et le reste du monde.

Malgré le bon fonctionnement du réseau Télécel, M. Maka Gbossokoto ne peut ni passer ni recevoir des appels en dépit du récent rechargement de son portable. En effet, dans la matinée du lundi, le journaliste venait d'acheter une nouvelle carte Télécel d'une valeur de 10 000 Cfa (100 FF) qui devait lui permettre de reconstituer son crédit prépayé de consommation téléphonique.

De source présidentielle non autorisée, M. Maka Gbossokoto figure sur la liste des leaders politiques et syndicaux et autres personnalités centrafricaines à abattre "avant qu'il ne soit trop tard ", précise notre informateur.

Pour le quatuor criminel de Bangui, le journaliste "doit absolument être réduit au silence. IL est le centre nerveux d'un complot orchestré par des opposants pour renverser le président Patassé " ajoute une autre source citant le directeur de cabinet du Premier ministre, Serge Alain Yabouet-Bazoly.

Pour cette haute personnalité centrafricaine, membre à part entière du quatuor criminel, "M. Maka Gbossokoto est un élément central du complot orchestré par des soi-disant opposants en exil. Nous devons absolument les faire taire. Ces Centrafricains, fils indignes du pays, sont dangereux pour la démocratie centrafricaine dans la mesure où ils sont en connexion avec des mouvements dangereux tel Nation of Islam de Farakhan ".

Pour M. Maka Gbossokoto, son isolement confirme les intentions criminelles des sbires du pouvoir. Contacté mardi soir (28 novembre 2000) par Kodro-Centrafrique, le journaliste craint que l'étau ne se resserre progressivement autour de lui. "Je suis en danger de mort ! Mais, je ne me cacherais pas malgré la pression constante exprimée par la mise en scène des sbires du pouvoir. Mon engagement et ma conviction pour des lendemains meilleurs me confortent dans mon combat pour la démocratie et la Centrafrique ".

Mis en relation téléphonique avec Kodro-France, il dresse un rapide tableau des tracasseries subies de la part des autorités centrafricaines. "Sans aucune explication, en mon domicile, je n'ai plus accès au réseau filaire de Socatel depuis un an. Depuis six (6) mois Le Citoyen est aussi coupé du monde ; nos lignes téléphoniques et fax ne résonnent plus. J'opta pour le cellulaire mais curieusement, à la même période, mon portable avait miraculeusement disparu. Depuis six (6) j'en suis à mon énième portable chez Télécel. L'avant dernier vient de connaître le même sort, voici trois (3) semaines. Maintenant le dernier, acquis depuis une semaine, ne fonctionne plus ! ".

Avec Caratel, filiale de la société publique de télécommunication Socatel, Télécel est l'unique provider privé de télécommunication cellulaire en République centrafricaine. Parmi l'un des gestionnaires figure M. Serge Pshimis, un proche du Premier ministre Dologuélé.

Depuis la privatisation de la banque Ubac, négociée par M. Dologuélé au profit du groupe camerounais Fotso, M. Serge Pshimis en est devenu un des membres incontournables du conseil d'administration. Il y représenterait les intérêts de son ami Dologuélé et ceux d'hommes d'affaires centrafricains. De source non autorisée, M. Serge Pshimis aurait servi de prête nom à M. Anicet Georges Dologuélé lors de la privatisation de la banque centrafricaine Ubac.

Kodro rappelle que le quatuor criminel de Bangui est constitué de MM. N'Douba Prosper, conseiller spécial à la Présidence centrafricaine, N'Douba Christophe (frère de Prosper), conseiller à la Primature centrafricaine, Yabouet-Bazoly Serge Alain, directeur de cabinet du Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé, et Sanghamy Yves (cousin de M. Yabouet-Bazoly), conseiller à la communication à la Primature.
[KODRO, LAKOUANGA (BANGUI - CENTRAFRIQUE) - 29 novembre 2000 - 02H00]

Mafia, commandos, contrats, meurtres : la longue histoire de la délinquance d'Etat en Centrafrique.
De l'exécution sommaire de Christophe GRELOMBE et son fils Martin en 1996 à l'exécution du lieutenant BODO et du Maréchal des Logis-Chef HONDET en passant par le Colonel REHOTE, les ex-mutins Chabardo et ses deux compagnons, l'homme d'affaires français VERDUN, le régime PATASSE fonctionne comme un système de type mafieux, où des hommes de main recrutés dans la garde présidentielle constituent des pelotons d'exécution aux ordres du Président. A ajouter sur la liste : l'enlèvement en 1997 de Karim MECKASSOUA (Dir/Cab du PM NGOUPANDE) et celui de Théophile SONNY COLE, SG de l'USTC en janvier 1999 tous deux passés à tabac
Ces dernières années, ce système s'est perfectionné au point de ressembler à des commandos de type " Camora " agissant hors des structures officielles, sur base de " contrats ".
Ce n'est plus la G.P. comme telle qui agit. Ce sont des éléments délinquants de cette unité souvent limogés pour braquage, qui sont recrutés en sous-main pour exécuter des " contrats ". Habillés en civil, circulant avec des véhicules sans immatriculation ou avec de fausses plaques enlevées dès leur forfait accompli, ils agissent comme de simples braqueurs ou coupeurs de route. Ce qui permet de maquiller des crimes politiques. Certains émargent encore au budget de l'USP (Unité de Sécurité Présidentielle, nouveau nom de la G.P.), d'autres ont une couverture.
Ce sont ces commandos qui sont actuellement chargés d'éliminer des dirigeants politiques et syndicaux pour casser le mouvement populaire qui monte en puissance.
Quelques noms connus : KANCKOU, DAMBELE.
La liste exhaustive commence à circuler dans les milieux syndicaux et politiques de l'opposition.

A suivre.

Actualité Centrafrique - Dossier 3