Meurtre de l'ambassadeur de Libye: le gouvernement s'engage à "tout faire", mais montre du doigt l'opposition, et celle-ci accuse.

Le gouvernement centrafricain s'est engagé samedi à "tout faire" pour retrouver et punir les agresseurs du diplomate libyen abattu cette semaine à Bangui alors que l'opposition, soupçonnée par le pouvoir d'être derrière ce meurtre, a démenti toute participation.

"Le gouvernement fera tout pour que les responsables soient identifiés, poursuivis et sanctionnés de manière exemplaire", a déclaré samedi aprés-midi le Premier ministre Anicet Georges Dologuélé lors d'une intervention télévisée.

Réagissant avec "consternation" au décès de l'ambassadeur Al Sanoussi Awad Abdallah, froidement abattu de plusieurs balles par un commando au cours de la nuit de mardi à mercredi dans sa résidence de Bangui, M. Dologuélé a assuré que l'enquête se poursuivait activement.

Le véhicule du diplomate libyen, dérobé par les agresseurs à l'issue de leur forfait, a ainsi déjà été retrouvé par les enquêteurs sur un terrain vague du nord de la capitale, ont annoncé samedi des sources policières.

Par ailleurs, des interrogatoires de témoins menés par la Section Recherches et Investigations (SRI) et l'Office central de répression du banditisme (OCRB), chargés conjointement de l'enquête, se sont poursuivis durant toute la journée.

L'opposition centrafricaine, accusée implicitement par le pouvoir d'être liée à cet "attentat" afin de nuire aux bonnes relations entre la Libye et la Centrafrique, a vivement démenti samedi toute participation à cet acte qu'elle "condamne".

"L'opposition condamne cet acte grave parce qu'il touche un hôte et un diplomate d'un pays frère dont le concours est considérable", a affirmé à l'AFP le président du Forum démocratique pour la modernité (FODEM) et député à l'assemblée nationale Charles Massi.

"Mais, a-t-il poursuivi, elle s'étonne que le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) se soit empressé d'en faire un +attentat+ alors que depuis octobre 1998, l'opposition s'est contentée de s'attaquer au pouvoir par la voie parlementaire et non par la violence".

Le président du PUN, M. Jean-Paul Ngoupandé, a également repoussé une quelconque participation de son parti à ce qu'il considère "une agression crapuleuse". Selon lui, "ce qui s'est passé est regrettable et condamnable".

En annonçant mercredi soir cette agression, le ministre centrafricain de l'Intérieur, le colonel Maurice Régonessa, avait évoqué pour la première fois la piste de l'"attentat".

Le lendemain, l'assemblée nationale avait renchéri en parlant "d'odieuse tentative d'assassinat" menée par des "ennemis foncièrement opposés au développement" du pays. La Libye aide financièrement la Centrafrique et lui a offert récemment un important stock de carburant pour faire face à la pénurie dans le pays.

Le président Patassé a enfin évoqué vendredi soir la piste de l'"attentat perpétré par les valets de l'impérialisme", faisant allusion, selon les observateurs, aux partis centrafricains de l'opposition pro-occidentaux qu'il soupçonne de nuire aux relations entre son pays et la Libye.

Le fait que l'agression de l'ambassadeur libyen soit survenue à quelques heures du départ en Libye de M. Patassé pour les festivités du 31ème anniversaire de l'accession au pouvoir du colonel Kadhafi avait également contribué à renforcer cette piste.

Mais le Premier ministre n'y a vu quant à lui qu'une simple "coïncidence" en attendant, a-t-il pondéré, que l'enquête "permette de faire toute la lumière sur ce crime".

(AFP, Bangui, 2 sept 2000- 18h58) -


Actualité Centrafrique - Dossier 3