Situation brusquement tendue ce matin à Bangui

 

Des barricades ont été dressées à l'aube par les jeunes sur les principaux axes. Les G.P. sont intervenus pour faire enlever les barricades. La police paraît plus ... " neutre ". Des " Codos " (= aile tchadienne de la G.P.) en civil circulent dans les véhicules banalisés. Les jeunes se regroupent actuellement sur le campus où une A.G. est prévue.

Il y aurait une relation de cause à effet : le fils du feu professeur Mandaba (ancien premier ministre des premiers ministres du président Patassé) vient de décéder mystérieusement. Selon les proches, le jeune Hervé Mandaba serait empoisonné dans les mêmes conditions que son père.

A suivre

(Mardi, 14 novembre 2000, 10h30)


Dépêche, de source KODRO :

CENTRAFRIQUE_NECROLOGIE : DECES DE HERVE MANDABA, 31 ANS. ENCORE UN EMPOISONNEMENT

(BOY-RABE (BANGUI - CENTRAFRIQUE) - 13 novembre 2000 - 20h00)

Hervé Mandaba est décédé hier, dimanche 12 novembre 2000, à 22h00. Ce deuxième décès qui survient dans la famille du professeur Mandaba conforte la thèse d_empoisonnement par "bile de crocodile ", apprend t-on de source familiale.
Ainsi, Hervé serait mort des suites d_un empoisonnement consécutif à un "repas partagé au domicile d_un proche du régime ", quelques heures avant son décès. Notons toutefois que vendredi soir, à l_invitation du chef de l_Etat et accompagné de son oncle le Dr Yangué, Hervé a été reçu à dîner à la Villa Adrienne.
De source médicale, non autorisée, l_autopsie apparente du corps révèle les mêmes symptômes que chez le professeur Mandaba, son père, le 22 octobre dernier. La thèse de l_empoisonnement est de loin la plus plausible. "De la mousse verdâtre lui sortait par la bouche, les narines et les oreilles ", précise notre informateur.
Au courant de la matinée, une autre explication a été avancée par le médecin qui aurait constaté le décès du fils Mandaba. Il serait mort des suites d_une crise cardiaque. Mais, ce praticien n_a pu confirmer son "autopsie ". Il est devenu "introuvable ", les investigations des journalistes de la presse privée sont demeurées vaines, pour le moment.
Secoué par cette autre subite disparition, le quartier Boy-Rabé fait bloc, pour la seconde fois, autour de la famille Mandaba.
"Comme avec le père, on a fait consommer à l_enfant un repas à base de bile de crocodile ", dénonce un ami du disparu. "Hervé tenait à faire la lumière sur les causes réelles du décès de son père. Le pouvoir l_a réduit définitivement au silence. Avec son oncle, le Dr Yangué, il était les derniers dépositaires du secret de son père. Avant qu_il ne rende l_âme, le père aurait confié au fils des éléments sur l_identification de ses empoisonneurs ", ajoute un autre ami.
Boy-Rabé est en émoi. La tension monte et l_on craint des manifestations anti-Patassé. Pour la jeunesse du quartier, il ne fait plus aucun doute que les "empoisonneurs sont au service de la Villa Adrienne ". Déjà, la première fois, c_est-à-dire à la disparition du professeur Mandaba, ils (les jeunes du quartier) avaient manifesté publiquement leur colère en direction des familles Dondon-Konambaye et Koyambounou. Leur présence n_était pas du tout désirée à la "place mortuaire " au domicile familial de Boy-Rabé. Le président de l'Assemblée nationale s_est depuis éloigné du quartier. L_intervention musclée des Services présidentiels de sécurité n_avait pas entamé la mobilisation des jeunes qui déclaraient à qui voulait les entendre : "on verra bien, quelle route Patassé empruntera pour se rendre à Boali ! " - des détachements y étaient envoyés pour rétablir l_ordre.
De source policière, la fiancée du disparu serait en garde à vue. Aucune information n_a circulé sur les raisons de cette arrestation. Cependant, deux hypothèses sont avancées par la famille. Soit elle aurait participé à l'empoisonnement et le pouvoir assurerait sa sécurité ; ce qui paraît le moins probable. Soit, elle servirait de bouc émissaire à ce même pouvoir qui tenterait ainsi de se dédouaner. Mais, dans tous les cas, cette garde à vue confirme les sérieux soupçons qui pèsent sur les circonstances non élucidées de deux disparitions.
En pleine possession de ses moyens, Hervé a été vu hier après-midi au "Bamboula ", un bar-dancing de la capitale centrafricaine. Il y était avec des "amis proches du régime ".

 

Intervention des forces de l'ordre pour dégager des barricades à Bangui
(AFP, Bangui, 14 novembre 2000 - 11h32 )- Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes mardi matin pour dégager des barricades et des pneus incendiés disposés sur certaines avenues de Bangui, a constaté un journaliste de l'AFP.
Des tirs d'armes ont été également entendus dans la capitale centrafricaine en début de matinée, mais à 10H30 locales (09H30 GMT), la situation semblait être redevenue normale.
Selon des témoins, des véhicules ont également essuyé des jets de pierres et les forces de l'ordre ont procédé à plusieurs arrestations aux portes de la ville, tandis que des élèves ont été chassés de certains établissements privés.
On s'interrogeait toujours en milieu de matinée sur la nature des manifestations qui, selon certaines sources, seraient liées à la mort dimanche soir du fils de l'ancien Premier ministre Jean-Luc Mandaba, décédé dans les mêmes circonstances mystérieuses que son père il y a quelques jours.
D'autres sources ont fait état de manifestations lancées à l'appel du Flambeau centrafricain (FLAC), un mouvement de jeunesse qui protesterait contre le blocage de l'année scolaire du fait de la grève des enseignants.
Les fonctionnaires centrafricains, qui réclament le paiement immédiat d'au moins douze mois d'arrièrés de salaires, ont cessé lundi soir un mouvement de grève observé depuis le 2 novembre, mais menacent maintenant de lancer une opération "Centrafrique pays mort", rappelle-t-on.


Actualité Centrafrique - Dossier 3