Début d'apaisement dans l'affaire Bozizé et le Bataillon du BIT à Bangui

La rupture est consommée entre le président Patassé et son ancien chef d'Etat-Major, le général Bozizé. Par des personnes interposées, l'incendie de la dernière case préservée est déclenché. La question est de savoir si c'est volontaire ou une erreur.? Qui seraient les pompiers et en auront-ils les moyens? Il y a risque que l'on en arrive à la politique de la terre brûlée. Les victimes ne se comptent plus. Déjà un pan de la population erre encore sur l'autre rive de l'Oubangui.

Le bon sens l'emportera : le général Lamine représentant des Nations Unies tente les bons offices... c'est peut-être la lueur d'espoir.


"Entretien positif" entre Lamine Cissé et le général Bozizé (officiel)

AFP, Libreville, 3 novembre 2001 - 19h59 - Le représentant du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique, le général Lamine Cissé, et l'ancien chef d'état-major des armées centrafricaines, le général François Bozizé, ont eu samedi un "entretien positif", a indiqué une source officielle centrafricaine, jointe par l'AFP depuis Libreville.

Le représentant de l'ONU et le général Bozizé, entouré d'un groupe de militaires qui se sont vigoureusement opposés à son arrestation dans la nuit de vendredi à samedi, ont discuté pendant deux heures dans l'enceinte de la caserne du Bataillon d'infanterie territoriale (BIT), au nord de Bangui.

"Ces discussions ont été qualifiées de positives et vont dans le sens de l'apaisement", a précisé la même source, soulignant que les deux hommes "doivent se contacter à nouveau dimanche matin".

Un "comité de sages", composé de notables de la préfecture d'Ouham, l'un des fiefs électoraux du président Ange-Félix Patassé, dont est originaire le général Bozizé, a également entamé une médiation, a-t-on indiqué par ailleurs.

Ces démarches distinctes visent à obtenir une solution de compromis acceptable tant par le général Bozizé que par les autorités centrafricaines.

Un mandat d'amener (bien d'amener) a été délivré vendredi soir par la Commission mixte d'enquête judiciaire chargée de faire la lumière sur la tentative de putsch du 28 mai dernier à Bangui, à la suite de la découverte de caches d'armes dans trois résidences privées de la capitale.

"Il n'est pas évident qu'il y ait un lien direct entre ces armes et le général Bozizé", a assuré vendredi soir une source officielle centrafricaine.


Vers l'apaisement après une journée de tension autour du général Bozizé

AFP, Bangui, 3 novembre 2001 - 18h32 - La situation semblait s'apaiser samedi soir au nord de la capitale centrafricaine Bangui, après une journée de tension entre les autorités et des militaires proches de l'ancien chef d'état-major des armées, le général François Bozizé, qui ont fait barrage à son arrestation.

Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique, le général Lamine Cissé, s'est personnellement impliqué dans une médiation pour éviter que cette situation ne tourne à l'affrontement meurtrier et ne débouche sur une nouvelle mutinerie, a-t-on appris de sources concordantes.

Dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs dizaines de militaires du Bataillon d'infanterie territoriale (BIT), membres comme M. Bozizé de l'ethnie Gbaya, ont procédé à des tirs d'intimidation nourris à l'arme légère et lourde.

Retranchés aux abords de la résidence de M. Bozizé qui jouxte leur caserne, située à une dizaine de km du centre-ville, ils entendaient protéger l'ancien chef d'état-major des forces armées, limogé le 26 octobre, contre des militaires venus l'arrêter en vertu d'un mandat d'arrêt délivré vendredi par la justice centrafricaine.

Les tirs ont cessé au lever du jour, laissant place à un face-à-face entre les partisans de l'ancien chef d'état-major, qui avaient établi un barrage bloquant la sortie nord de Bangui vers le Cameroun et le Tchad, et les forces loyalistes, distantes d'un kilomètre.

En cours d'après-midi, les partisans du général Bozizé ont levé leur barrage pour se regrouper aux alentours de sa résidence, tandis que les forces loyalistes se sont retirées de leurs positions pour regagner leurs casernes ou sécuriser les grands carrefours de la capitale, a constaté le correspondant de l'AFP.

Selon une source proche de la médiation, le général Bozizé n'était pas personnellement opposé à son arrestation, mais des membres de son entourage l'en ont dissuadé, craignant pour son intégrité physique.

"Le président Patassé a assuré au général Lamine Cissé qu'il était prêt à garantir la sécurité de M. Bozizé", a indiqué à l'AFP une source officielle centrafricaine ayant requis l'anonymat.

Vendredi soir, la Commission nationale mixte d'enquête judiciaire, chargée de faire la lumière sur le putsch manqué du 28 mai, avait délivré un mandat d'arrêt contre le général Bozizé après avoir découvert une importante quantité d'armes "de tout calibre" dans trois domiciles privés de la capitale.

Ces perquisitions ont été menées "suite à des informations concordantes parvenues à la Commission (...) faisant état d'actes de violence en cours de préparation dont l'exécution serait imminente", a indiqué samedi matin la présidence centrafricaine dans un communiqué.

Chef d'état-major des armées depuis la 2ème mutinerie de 1996, M. Bozizé a été limogé le 26 octobre à l'occasion d'un important train de nominations à la tête de l'armée, venant compléter les remplacements, fin août, des ministres en charge de la sécurité et de la défense du pays.

Le régime entendait tirer les leçons de ses carences sécuritaires apparues lors du putsch manqué et reprendre l'armée en main.

Contrairement à l'ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Démafouth, limogé et arrêté le 26 août dernier pour avoir, selon la Commission d'enquête, ourdi son propre complot contre le président Patassé, François Bozizé n'avait pas encore été inquiété judiciairement. Il avait cependant été entendu par la commission d'enquête.

Véritable homme fort de l'armée jusqu'à son éviction, il faisait l'objet depuis plusieurs semaines de rumeurs lui prêtant des velléités putschistes, qu'il a démenties en se disant victime de malveillances.

Le reste de la capitale centrafricaine n'a pas été perturbé par cette journée de tension survenue cinq mois après le coup d'Etat manqué du 28 mai, attribué par Bangui à l'ancien président André Kolingba et à d'anciens officiers mutins de l'ethnie Yakoma. Aucun signe de nervosité n'a été relevé aux alentours des autres casernes.

La sécurité a été renforcée autour de la résidence du président Ange-Félix Patassé et l'avenue qui la longe interdite à la circulation.

acp-fj-pal/mcl/sba tmf.


Négociations avec les partisans de Bozizé sous l'égide de Lamine Cissé

AFP, Bangui, 3 novembre 2001 - 17h54 - Des négociations avec les partisans du général François Bozizé, qui se sont opposés samedi par les armes à l'arrestation de l'ancien chef d'état-major des armées, ont été engagées par le représentant en Centrafrique de l'ONU, Lamine Cissé, selon une source proche des négociateurs.

A la suite de l'intervention du général sénégalais, des généraux centrafricains ont rencontré dans l'après-midi les militaires qui défendent depuis vendredi soir l'accès à la résidence du général Bozizé, au nord de la capitale Bangui, a-t-on indiqué de même source.

Le représentant onusien, nommé en juillet dernier à Bangui, aurait lui-même contacté les deux parties adverses pour "éviter un affrontement", a précisé la même source selon laquelle les négociations sont toujours en cours.

Les partisans du général Bozizé, à l'origine des coups de feu entendus dans la nuit de vendredi à samedi à proximité de son domicile, ont par ailleurs levé leur barrage érigé au Kilomètre 10, situé sur la sortie nord de la capitale, a constaté un journaliste de l'AFP.

Ces soldats restaient en revanche toujours positionnés aux environs de la résidence du général Bozizé.

La circulation était également en partie rétablie pour les véhicules civils, tandis que les forces loyalistes qui se sont heurtées aux militaires rebelles se sont elles aussi repliées dans leurs casernements, a constaté l'AFP.

Le gouvernement, dont plusieurs membres appartiennent à l'ethnie Gbaya du général Bozizé, souhaite "un apaisement de la situation", a indiqué à l'AFP une source proche du gouvernement.

Les tensions apparues lors de la tentative d'arrestation de l'ancien chef d'état-major des Forces armées centrafricaines (FACA), limogé le 26 octobre, résultent d'une "incompréhension", a-t-on précisé de même source.

L'entourage du général Bozizé, sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par la commission d'enquête mixte chargée de faire la lumière sur le coup d'Etat manqué du 28 mai dernier, aurait perçu un danger pour la sécurité personnelle de l'ancien chef d'état-major, considéré comme un homme fort de l'armée centrafricaine.

Ce dernier, qui avait déjà été entendu par la commission d'enquête, était pourtant, selon la même source, disposé à se rendre auprès de cette commission pour répondre des charges pesant contre lui.


Actualité Centrafrique - Dossier 7