Poursuite des pourparlers à Bangui après la tentative d'arrestation de Bozizé

AFP, Bangui, 4 novembre 2001 - 18h32 - Bangui semblait avoir retrouvé son calme dimanche au lendemain de la tentative d'arrestation de l'ex-chef d'état-major des armées, le général François Bozizé, et dont l'issue faisait toujours l'objet de pourparlers menés par le représentant de l'ONU en Centrafrique, Lamine Cissé.

Si quelques coups de feu sporadiques ont encore émaillé la journée de dimanche, les négociations se sont toutefois poursuivies dimanche après-midi pour désamorcer la crise entre des militaires partisans du général Bozizé et d'autres militaires des Forces armées centrafricaines (FACA), soutenus par l'Unité de sécurité présidentielle.

Les soldats loyalistes, qui entendaient interpeller M. Bozizé en vertu d'un mandat d'amener délivré par la Commission mixte d'enquête judiciaire sur la tentative de coup d'Etat manquée du 28 mai dernier, avaient en effet essuyé dans la nuit de vendredi à samedi des tirs d'intimidation nourris à l'arme légère et lourde.

Devant cette résistance imprévue, les FACA ont préféré battre en retraite, laissant leurs adversaires - plusieurs dizaines de militaires du Bataillon d'infanterie territoriale (BIT) - se retrancher à proximité du domicile du général Bozizé, à la sortie nord de Bangui.

Ces partisans de l'ancien chef d'état-major, membre comme lui de l'ethnie Gbaya, ont également érigé un barrage sommaire sur la principale voie d'accès à ce quartier, à une dizaine de kilomètres du centre-ville.

Une première rencontre de deux heures entre le représentant de l'ONU et le général Bozizé avait permis samedi après-midi de désamorcer les tensions, provocant même une levée temporaire du barrage et l'arrêt des tirs intempestifs jusqu'à dimanche.

Durant cette rencontre, jugée "positive" par la présidence, le général sénégalais Cissé a pu rassurer l'ancien chef d'état-major, limogé le 26 octobre dans le cadre d'un important train de nominations à la tête de l'armée à la suite de la tentative de putsch du 28 mai.

Son entourage, qui soupçonne une "manoeuvre politique", craignait d'autant plus pour son "intégrité physique" que sa tentative d'arrestation avait été précédée de l'annonce par la présidence centrafricaine d'une découverte de caches d'armes dans des domiciles privés, a expliqué à l'AFP un des partisans de M. Bozizé.

"Il n'est pas évident qu'il y ait un lien direct entre ces armes et le général Bozizé", a assuré par la suite à l'AFP une source officielle.

Les autorités centrafricaines, qui parlent désormais d'"incompréhension" et semblent vouloir calmer le jeu, auraient commis une "maladresse", selon un observateur étranger qui envisage plutôt "un dénouement en douceur" qu'un véritable affrontement armé dans un pays encore meurtri par trois mutineries en 1996-1997, sans compter la récente tentative de coup d'Etat.

Cette analyse semble confortée par l'attitude des forces loyalistes qui se contentent toujours de sécuriser les principaux axes de la capitale et la résidence du président Ange-Félix Patassé, également protégé depuis mai par des soldats libyens.

L'évolution des négociations semblaient néanmoins encore incertaine dimanche en fin de journée, alors que le représentant des Nations unies poursuivait son entretien par téléphone avec le général Bozizé, selon le porte-parole de la présidence, Prosper Ndouba.

Lamine Cissé devait initialement se rendre au domicile de l'ancien chef d'état-major en compagnie d'un "comité de sages" composé de notables de la même région que le général Bozizé, l'Ouham.

L'issue de ces pourparlers est d'autant plus importante que la Centrafrique ne peut se permettre une nouvelle crise majeure à la veille d'une visite d'une délégation du Fonds monétaires international (FMI), prévue le 11 novembre prochain.

Les préfectures de l'Ouham et de l'Ouham-Pendé (ouest), d'où sont originaires le groupe ethnique Gbaya, sont également les plus peuplées du pays, notent les observateurs, rappelant qu'elles étaient considérés jusqu'à présent comme des fiefs électoraux du président Patassé, membre d'un groupe proche des Gbaya.


La RCA doit faire l'économie d'une "affaire général BOZIZE" (Centrafrique-Presse, 03/11/2001)

Les incidents qui ont eu lieu le 2 novembre dernier au PK 11 de la sortie nord de Bangui aux environs du domicile de l'ancien chef d'Etat-major des FACA, le général Bozizé au moment où un mandat d'amener délivré par la commission mixte d'enquête judiciaire devait lui être remis sont très regrettables...

Les incidents qui ont eu lieu le 2 novembre dernier au PK 11 de la sortie nord de Bangui aux environs du domicile de l'ancien chef d'Etat-major des FACA, le général Bozizé au moment où un mandat d'amener délivré par la commission mixte d'enquête judiciaire devait lui être remis sont très regrettables. La RCA qui se débat pour se relever de la récente tentative criminelle de coup d'Etat de Kolingba et ses acolytes, aux désastreuses conséquences, s'en passerait bien. On pensait que la triste page était tournée. Les prochaines échéances et enjeux de nos délicates relations avec les institutions de Bretton Woods sont si capitaux pour que nous puissions essayer de voir le bout du tunnel que nous n'avons pas besoin de soubresauts inutiles dans l'évolution de la situation du pays. Il faut donc impérativement revenir à une situation normale afin de tenir absolument le timing avec le FMI et la Banque Mondiale. La raison doit prévaloir coûte que coûte.


Actualité Centrafrique - Dossier 7