La vie reprend-elle à Bangui après les remous du samedi 3 novembre 01

Quand Bangui dérape, sombre ou rentre en rébellion, c'est tout le pays qui souffre. La crise qui a son véritable fondement ailleurs est vite occultée et le regard s'oriente vers les effets. Le peuple centrafricain aspire au bonheur mais tout d'abord réclame des écoles avec tableaux et bancs pour les enfants, des centres hospitaliers et des médecins pour une meilleure santé de tous, des salaires pour tout travail fourni, et enfin une sécurité garantie pour les citoyens et citoyennes sans exception. Pour l'heure, l'espoir semble évanoui et le pari loin d'être tenu.


Le calme est revenu à Bangui, par Jules S. Guèye, envoyé spécial de la Pana

PANA, Bangui, 12 novembre 2001 - La parenthèse Bozizé fermée après la fuite du général rebelle aujourd'hui réfugié au Tchad, la vie a repris son cours normal en Centrafrique.

Premier signe de cette reprise, l'aéroport international de Bangui Mpoko grouille de monde en ce dimanche 11 novembre. Le petit aéroport a du mal à faire face à l'affluence occasionnée par l'arrivée, à quelques minutes d'intervalle, des vols d'Air France et de la Camair.

Dehors, on note la même affluence. Les banguissois sont nombreux pour accueillir ou raccompagner des amis ou parents.

Les soldats en armes sont cependant là pour rappeler que la capitale centrafricaine vient de vivre sa seconde crise en sept mois.

A Bangui, les soldats font maintenant partie du décor. On les voit partout, à pied, en taxi, à mobylette. Les taxis sont obligés de s'arrêter aux check points et les passagers de descendre pour présenter leur pièce d'identité.

Il en est ainsi depuis la tentative de coup d'Etat de mai dernier. Au point que les banguissois, toujours sous couvre-feu à partir de 21 locales (20 h GMT), semblent l'accepter de bonne grâce, trop heureux de voir leur ville retrouver le calme.

La plupart des centrafricains ne cachent cependant pas leur

exaspération devant l'instabilité de leur pays.

L. Mboka en a presque honte. Dans l'avion de la Camair qui le ramène de Douala (Cameroun), d'où il a vécu les derniers événements, il affirme éprouver une certaine gêne pour son pays "où tout le monde veut être président de la république".

Dans son réquisitoire revient souvent le nom de Barthélémy Boganda, le fondateur de la Centrafrique, "qui n'a pas compris, comme Houphouet-Boigny, qu'il fallait privilégier l'agriculture sur l'enseignement général".

Selon son raisonnement, la RCA serait victime de son trop plein d'intellectuels". "Les Centrafricains ne comprennent pas qu'on peut réussir ailleurs que dans l'administration", souligne-t-il, trouvant "bizarre que les problèmes surviennent toujours lorsque les autres sont prêts à nous aider".

Le quotidien "le Citoyen", qui se distingue par ses critiques sévères du régime en place, attribue la récente crise à un règlement de comptes entre l'ancien chef d'Etat-major de l'armée, le général François Bozizé et l'ancien ministre de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, actuellement aux arrêts pour tentative de coup d'Etat et qui n'aurait pas voulu tomber seul.

Certains Centrafricains sont convaincus que la paix ne se fera que par le vide. Autrement dit, lorsqu'il n'y aura plus personne pour contester la légitimité du président Patassé par des moyens anticonstitutionnels.

A. B. Homme d'affaires bien établi, est persuadé que le général Bozizé était le dernier dans l'armée capable de gêner le chef de l'Etat.

Ainsi, s'ouvrirait enfin pour la RCA une ère de stabilité et de paix qui permettrait au pays de s'attaquer aux véritables problèmes qui sont d'ordre économique et social.

Les fonctionnaires traînent plusieurs mois d'arriérés de salaires et le SIDA fait des ravages avec une prévalence de 14 pour cent, soit 350.000 malades pour une population d'environ trois millions d'habitants.


Actualité Centrafrique - Dossier 7