Assaut des forces loyalistes et libyennes, fin d'un face-à-face Bozizé-Patassé, mercredi 7 novembre 2001


Le général Bozizé "en fuite" après un assaut des forces loyalistes (AFP, Bangui, 7 nov 01 - 18h38)

La situation, bloquée depuis samedi à Bangui, s'est brusquement accélérée mercredi avec la fuite vers une destination inconnue du général François Bozizé, après un assaut des forces loyalistes centrafricaines qui a interrompu les négociations en cours.

"Des éléments des Forces armées centrafricaines (FACA) appuyés par l'Unité de sécurité présidentielle (USP) ont lancé un assaut contre la caserne du BIT dont ils ont repris le contrôle sans rencontrer de résistance", a annoncé mercredi en milieu de journée la présidence centrafricaine.

La caserne du BIT (bataillon d'infanterie territoriale), au nord de Bangui, jouxte la résidence où était retranché depuis vendredi soir l'ancien chef d'état-major des FACA, limogé le 26 octobre, pour échapper à un mandat d'amener délivré par la Commission mixte d'enquête judicaire sur la tentative de putsch du 28 mai.

Cette caserne où, en temps normal, les quelque 3 à 400 militaires qui y sont affectés sont présents seulement de jour, n'abritait plus, depuis le 3 novembre, que des soldats restés fidèles au général Bozizé et dont le nombre était estimé au maximum au quart des effectifs, selon une source militaire.

L'ancien chef d'état-major "est en fuite avec une poignée d'hommes (...) Il n'y a pratiquement pas eu de combats", a précisé la présidence centrafricaine.

Selon des témoignages concordants recueillis par l'AFP, des soldats libyens ont appuyé les FACA lors de leur intervention, sans prendre part à l'assaut, et sécurisaient toujours le secteur, au nord de la capitale, en fin d'après-midi.

Quelques dizaines de militaires libyens étaient arrivés le 5 novembre à Bangui en renfort de la centaine de Libyens qui assurent déjà, depuis la tentative de coup d'Etat, la sécurité du président Ange-Félix Patassé.

Selon des témoins, le général Bozizé et les quelques dizaines de militaires qui lui sont restés fidèles ont fui Bangui à bord de pick-up par la route du nord qui donne notamment accès au Cameroun, au Tchad ainsi qu'à la préfecture de l'Ouham, dont est originaire l'ancien chef d'état-major.

M. Patassé demandait toujours après cet assaut au général Bozizé de "se livrer à la justice" et s'engageait "à garantir sa sécurité".

Malgré cette fuite, des tirs intensifs d'armes légères et de mortier étaient entendus en milieu d'après-midi dans le quartier de Boy-Rabé au nord de Bangui.

Mercredi matin, la présidence qui, jusqu'à mardi soir, jouait "la retenue" en exprimant le souhait d'une "solution pacifique" dans le cadre de la médiation menée par le représentant de l'ONU en Centrafrique, le général Lamine Cissé, avait brusquement changé de ton.

"Pendant que traînent les négociations (...), des informations dignes de foi font état de la préparation d'un coup d'Etat avec des appuis et complicités extérieurs", assurait un communiqué signé du porte-parole de la présidence, Prosper Ndouba.

"On est donc fondé à croire que le retard pris dans ces négociations traduit bien la volonté délibérée du général Bozizé de gagner du temps dans la mise en oeuvre de sa stratégie visant à renverser par la violence les institutions républicaines pour la conquête du pouvoir", poursuivait le communiqué.

Ces propos accusateurs étaient lancés alors que Lamine Cissé exprimait encore la veille au soir son optimisme quant à l'issue des négociations. "Cela progresse bien (...) On a espoir que ça ne va pas durer très longtemps (...), le général Bozizé est dans de bonnes dispositions, le gouvernement aussi qui s'est retenu pour éviter un combat frontal", avait notamment déclaré M. Cissé.


L'avion de la mission de la COMESSA n'a pas pu atterrir à Bangui (AFP, N'Djamena, 7 nov 01 - 16h48)

L'avion transportant les membres de la "mission de bons offices" de la communauté des Etats sahélo-sahariens (COMESSA) n'a pas été autorisé à se poser à Bangui, mercredi, pour des raisons de sécurité, a-t-on indiqué de source officielle tchadienne.

"L'avion n'a pas été autorisé à se poser à l'aéroport de Bangui pour des raisons de sécurité et a dû rebrousser chemin vers N'Djamena", a-t-on indiqué de même source.

Une mission de "bons offices" comprenant les ministres des Affaires Etrangères de la COMESSA devait gagner mercredi la capitale centrafricaine.

Elle était composée des ministres des Affaires Etrangères du Tchad, du Burkina Faso, de Libye ainsi que de l'ambassadeur du Soudan à N'Djamena et du Secrétaire général adjoint de l'OUA.

Une mission de l'OUA, destinée à aider les autorités centrafricaines à surmonter la crise actuelle en Centrafrique, est également attendue mercredi soir à Bangui, en provenance d'Addis Abeba.


Le droit international permet à Bangui de faire appel à Tripoli [AFP, Paris, 7 nov 2001 - 16h27

Le droit international permet à la Centrafrique de faire appel à l'aide de la Libye, a indiqué mercredi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, François Rivasseau.

"Le droit international permet à un pays de faire appel à l'aide d'un autre", a-t-il déclaré.

"Nous souhaitons qu'il n'y ait pas d'ingérence et que ce principe de non-ingérence, appliqué par la France, soit appliqué par tous. Mais ceci étant, il appartient aux Centrafricains eux-mêmes de décider ce qu'ils veulent faire ou non, et ce qui est de l'ingérence ou non", a ajouté M. Rivasseau.

Des dizaines de soldats libyens sont arrivés lundi à Bangui, où l'ancien chef d'état-major, le général François Bozizé, refusait depuis le 3 novembre d'obtempérer à un mandat d'amener.

Une centaine de militaires libyens étaient déjà déployés à Bangui depuis la tentative de putsch du 28 mai 2001, pour assurer la sécurité du président centrafricain, Ange-Félix Patassé.

Le général Bozizé a pris la "fuite" mercredi matin après un assaut des forces loyalistes, selon la présidence centrafricaine.


Actualité Centrafrique - Dossier 7