PATASSE LIMOGE BOZIZE PAR DECRET PRESIDENTIEL DU 26 OCTOBRE 2001

- Le général Bozizé annonce ne plus être autorisé à parler à la presse
- Patassé limoge Bozizé le 26 octobre 2001
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Les autorités suspendent les activités d'une église créée par le général Bozizé


Le général Bozizé annonce ne plus être autorisé à parler à la presse (AFP, Bangui, 29 octobre 2001 - 18h32)

Le général François Bozizé Yangouvonda, ancien chef d'Etat-major général des FACA (Forces armées centrafricaines) limogé vendredi, a déclaré lundi à l'AFP ne plus être autorisé à parler à la presse mais ne pas être inquiété pour autant.

"J'ai parlé sur RFI, j'ai parlé sur la BBC pour donner mes impressions sur mon limogeage. Mais les autorités viennent de m'informer que je ne suis plus autorisé à faire de déclarations à la presse car il paraît qu'elles sont fracassantes", a affirmé le général Bozizé dans un entretien téléphonique.

Interrogé sur sa situation quelques jours après son limogeage, l'ancien chef d'Etat-major a déclaré: "pour le moment, je ne suis pas du tout inquiété et je ne me reproche rien. Je m'étais présenté devant la commission mixte d'enquête judiciaire (NDLR: chargée de faire la lumière sur la tentative de coup d'Etat du 28 mai dernier) qui m'a entendu pendant trois heures. J'y étais allé individuellement en tant que citoyen", a-t-il dit.

Concernant l'interdiction de l'église dont il est le fondateur, le général Bozizé a démenti que celle-ci, dénommée "christianisme céleste nouvelle Jérusalem", n'ait pas "d'existence illégale", motif officiel de son interdiction.

"La direction des affaires administratives et politiques a bien reconnu cette association en 1997 et j'entends contacter les services de cette direction aux fins de régularisation", a-t-il assuré. "C'est tout simplement parce que l'église est fréquentée par Bozizé qu'on a décidé de la fermer maintenant que Bozizé est limogé", a-t-il ironisé.

La presse centrafricaine consacre quelques commentaires lundi au limogeage du général Bozizé.

Ainsi, le bi-hebdomadaire pro-gouvernemental "Centrafrique-Presse" écrit, sous la plume de son directeur, Prosper N'Douba, également porte-parole de la présidence: "contrairement à ce qui a été dit ici et là, les FACA ont fait les frais des graves perturbations générées par les querelles de commandement tant politiques que militaires qui opposaient l'ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth, aujourd'hui sous les verrous, aussi bien au défunt général François Bédaya N'Djadder qu'au général François Bozizé".

Ancien patron de la gendarmerie centrafricaine, le général N'Djadder avait été abattu au premières heures du putsch manqué dans des circonstances guère élucidées.



Patassé limoge Bozizé le 26 octobre 2001 (Source : KODRO-CENTRAFRIQUE, 29 octobre 2001)

Par décret présidentiel, le général François BOZIZE a été relevé de ses fonctions le vendredi 26 octobre 2001.

Le chef d'Etat-major général des Forces armées centrafricaines - Faca - est accusé par un mémo, des services de renseignements présidentiels, d'avoir coordonné les opérations du coup d'Etat du 28 mai dernier, pour le compte d'une personnalité du pouvoir.

En clair, il aurait lui aussi fomenté un coup d'Etat afin d'y placer son complice, un haut dignitaire du régime actuel.

Pour les observateurs nationaux, qui s'attendaient au limogeage du général Bozizé, la personnalité en question ne saurait être que le ministre des Affaires présidentielles de Patassé, M. GBEZERA-BRIA, cousin du général, soupçonné lui aussi par le pouvoir d'être un des nombreux coauteurs ou complices d'un des coups d'Etat de la nuit de la Fête des mères.

De l'avis des observateurs, privilégiant une thèse véhiculée dès les premiers développements du coup d'Etat-manqué du 28 mai 2001.Il y aurait donc eu "un coup dans un coup". Deux sinon trois coups d'Etat se seraient télescopés cette nuit-là.

Les principaux acteurs du coup de force auraient donc agi chacun dans l'intérêt de son propre camp. Ainsi le ministre de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, le général d'Etat-major général des Faca, le général François Bozizé et le général André Kolingba, auraient joué chacun une partition qui n'aurait rien à voir avec les deux autres.

Mis à part le général Kolingba qui avait, lors d'une déclaration radiodiffusée reconnu expressement son implication dans le coup d'Etat, les deux autres présumés acteurs nient en bloc ce qui leur est attribué.

Les deux personnalités tombées en disgrâce ont le même système de défense.

Si pour le ministre Démafouth, la cassette qui l'accuse est un grossier montage, produit de ses adversaires politiques, il en est de même pour le général qui accuse cette fois-ci son ministre d'avoir fabriqué des tracts pour faciliter sa mise en accusation; bien avant l'arrestation du ministre par les sbires du pouvoir épaulés par des unités libyennes.

La mise aux arrêts à redouter de l'officier centrafricain sonnera le glas des différents cercles du régime dictatorial de Bangui, au seul profit de Patassé, qui pour l'instant semble renversé la situation à son avantage.

"Après avoir démoli l'opposition, le coup d'Etat manqué donne ainsi l'occasion à Patassé de procéder à un grand dégraissage au sein du pouvoir ", affirme un cadre du Mlpc - parti au pouvoir- qui requiert l'anonymat.

Et de poursuivre, visiblement apeuré, "le prochain tour de vis concernera la Présidence. Ensuite, il s'attaquera à la représentation nationale en publiant le décret de dissolution de l'Assemblée nationale, déjà redigé et qui n'attend que le moment propice. Patassé est un tigre qui sait attendre son heure, hypnotisant ses proies avant de n'en faire qu'une bouchée."

Insistant sur l'objectif final visé par le chef de l'Etat centrafricain, un autre observateur souligne: "l'étape ultime consitera à absoudre Patassé de ses responsabilités dans les crimes économiques ou de sang commis sous son règne."

Pour celui-ci, "si le temps l'y autorise, Patassé plaidera la thèse du grand complot contre la République et contre sa personne. Les responsables sont déjà tous connus. Une certaine France, représentée par le général Mantion; le parti du général Kolingba, le Rdc, qui aurait infiltré le Mlpc, à travers ses anciens illustres membres ou agents, M. Dondon-Konamabaye, président de l'Assemblée nationale, le député Maïtart-Djimarem, les ministres Sorongopé et Démafouth; et bien d'autres "adversaires politiques" tels l'ancien président de l'Assemblée, M. Dobozeindi ou le général Bozizé pour ne citer que ceux-là."

Et de conclure, "ainsi blanchi, Patassé ne sera pas responsable des assassinats et autres crimes politiques et économiques dont la responsabilité reviendrait à ces différentes personnes et leurs complices, qui l'empêchaient de gouverner. Il aurait pu hisser la République centrafricaine à un niveau enviable de progrès social et économique. Partant, Patassé se prendrait pour Boganda, le Père de la nation centrafricaine."

Mais la grande question demeure, Patassé y réussira-t-il ?


Les autorités suspendent les activités d'une église créée par le général Bozizé (AFP, Bangui, 28 octobre 2001 - 13h48)

Les autorités centrafricaines ont décidé de suspendre les activités d'une église créée par l'ancien chef d'état-major des armées, le général François Bozizé, limogé vendredi, a-t-on appris dimanche de source officielle.

"Les activités de l'église +Christianisme céleste nouvelle Jérusalem+ sont supendues pour existence illégale de l'association, précise le texte, qui indique que "les locaux de l'église sont déclarés fermés".

Les autorités ont demandé au directeur général de la police et au directeur général de la gendarmerie, "de veiller à la stricte application de cette décision".

L'église "Christianisme céleste nouvelle Jérusalem", a été créée il y a plus d'un an par le général Bozizé, devenu pasteur pendant son exil au Bénin de 1983 à 1987. Elle est située dans le 4ème arrondissemnt de Bangui, fief du président Patassé.

Elle avait la particularité d'offrir des repas chaque dimanche à la fin du culte à tous ses adeptes.

Le général Bozizé a été limogé vendredi dans le cadre d'un train de nominations importantes à la tête de l'armée centrafricaine, cinq mois après le coup d'Etat avorté du 28 mai dernier.


Actualité Centrafrique - Dossier 7