Affaire du 28 mai 2001: deux prêtres arrêtés, des réfugiés centrafricains pour une intégration au Congo-Brazzaville

Des réfugiés centrafricains veulent être intégrés au Congo-Brazzaville
Le prêtre centrafricain Julien Koyenguia arrêté depuis septembre
Italian priest arrested for story on genocide - Arrestation du prêtre italien Tolino Falagoista par la Commission d'enquête judiciaire


Des réfugiés centrafricains veulent être intégrés au Congo-Brazzaville

AFP, Brazzaville, 23 octobre 2001 - 11h57 - Des Centrafricains de l'ethnie Yakoma réfugiés au Congo-Brazzaville veulent bénéficier d'une intégration dans ce pays pour être à l'abri des exactions qu'exerce le pouvoir du président Ange Félix Patassé contre les membres de cette ethnie.

"Toute personne qui appartient à l'ethnie Yakoma était obligée de quitter Bangui à cause des persécutions dont elle fait l'objet de la part du pouvoir de Bangui", a affirmé à l'AFP Rodolphe Mbenguia, coordonnateur du comité des réfugiés centrafricains au Congo-Brazzaville.

"Jusqu'à ce jour en Centrafrique, des exactions se poursuivent contre l'ethnie Yakoma à laquelle nous appartenons. C'est pourquoi, ne sachant à quel saint se vouer, notre seul rempart reste l'intégration dans le pays d'accueil, le Congo au regard de l'hospitalité qui nous est réservée", a ajouté M. Mbengui.

L'intégration permettrait à ces réfugiés de s'installer durablement au Congo où ils pourraient mener des activités socio-économiques, sans nécessairement bénéficier de la nationalité de leur pays d'accueil, a précisé le coordonateur à l'AFP.

Plus de 2.000 Centrafricains, pour la plupart membres de l'ethnie Yakoma se sont réfugiés au Congo, après le coup d'Etat manqué du 28 mai tenté par l'ancien président, le général André Kolingba - lui même Yakoma - contre son successeur Ange-Felix Patassé.

La plupart des réfugiés ont transité par la ville de Nzongo en République démocratique du Congo (RDC) situé sur le fleuve Congo, frontière à cet endroit avec la Centrafrique, avant de gagner la région de la Likouala (nord-est) où ils se sont établis principalement dans trois localités: Impfondo, sur la rive droite du fleuve Oubangui, Bétou et Dongou.

Quelque 200 d'entre eux ont gagné Brazzaville par bateau. Les réfugiés continuent d'arriver, mais de façon plus espacée.

Arrivés en août dans la capitale congolaise, les Centrafricains ont d'abord été logés dans les locaux de l'aumônerie universitaire dans un quartier résidentiel, avant d'être transférés depuis trois semaines au centre inter-Etats de santé publique en Afrique (CIESPAC) au nord de Brazzaville.

Mais après avoir bénéficié pendant quelques jours d'une assistance alimentaire apportée par les autorités congolaises, les réfugiés sont abandonnés à eux-mêmes.

"Depuis plus de dix jours, nous sommes en rupture de stock alimentaire", déplore Rodolphe Mbenguia.

"Nous vivons désormais grâce à l'assistance des groupes religieux et des personnes de bonne volonté. Nous avons sur le site des personnes vulnérables: personnes du troisième âge et des mineurs", souligne-t-il pour l'AFP.

Des négociations en vue de l'intégration des réfugiés ont été amorcées avec le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et le gouvernement congolais.

"Les négociations en vue de notre intégration au Congo sont suffisamment avancées", se réjouit M. Mbenguia.

Le Congo et la république centrafricaine partagent une longue frontière. Les populations des deux pays ont des familles de part et d'autre de la frontière, ce qui, estime le coordonateur, facilitera l'intégration des Centrafricains.


Enquête sur la tentative de coup d'Etat : un prêtre centrafricain arrêté depuis septembre

AFP, Bangui, 23 octobre 2001- 17h40 - Un prêtre centrafricain a été arrêté le 2 septembre sur ordre de la commission mixte d'enquête judiciaire chargée de faire la lumière sur la tentative de coup d'Etat du 28 mai, a-t-on appris mardi à Bangui de source proche de l'église catholique.

"L'abbé Julien Koyenguia, du diocèse de Berbérati, (NDLR: à l'ouest de Bangui), a été arrêté le 2 septembre dernier et conduit nuitamment sous escorte militaire pour être écroué à la gendarmerie", a précisé cette source.

"Il lui est reproché d'avoir prêché la violence et la haine tribale dans ses homélies, et d'avoir hébergé chez lui certains putschistes du 28 mai dernier", a ajouté la même source.

Il s'agit de la deuxième arrestation d'un prêtre sur ordre de la commission d'enquête.

L'interpellation d'un autre religieux, un prêtre italien Tonino Falagoista, responsable de Radio Notre Dame, station de l'église catholique en Centrafrique, avait été rendue publique vendredi dernier.

L'abbé Koyenguia, selon la source proche de l'église catholique à Bangui, appartient à l'ethnie yakoma, comme l'ancien président André Kolingba, considéré par les autorités de Bangui comme l'instigateur du putsch manqué.

Le prêtre centrafricain, selon la même source, avait déjà été inquiété en 1995 dans l'affaire du général Guillaume Lucien N'Djengbot, préfet de la Mambéré Kadéi dont Berbérati est le chef-lieu. A l'époque, l'abbé Koyenguia avait été accusé d'avoir gardé des caissettes de munitions destinées au général N'djengbot avant d'être finalement relâché.

Proche du général Kolingba, le général N'Djengbot, accusé de complicité de meurtre pour des faits qui se sont déroulé en 1992 à Berbérati, purgeait encore une peine de 1O ans de prison ferme lorsqu'il a été libéré par les putschistes dans la nuit du 27 au 28 mai au Camp Deroux à Bangui, où il était incarcéré.


CAR: Italian priest arrested for story on genocide

IRIN, NAIROBI, 22 Oct 2001 - An Italian priest has been arrested in Bangui in connection with a story he allegedly wrote regarding mass executions of Yakomas, who are members of the ethnic group of the 28 May failed coup mastermind and former Central African Republic (CAR) president Andre Kolingba, Radio France Internationale (RFI) reported on Saturday.

The Reverend Tolino Falagoista, director of Radio Notre Dame in Bangui and correspondent of the Rome-based Roman Catholic MISNA news agency, is accused of writing such a story in June, which also referred to the existence of three mass graves and warned that the CAR was heading towards extermination and genocide.

When Falagoista was summoned by government authorities at the time, he allegedly denied writing or approving the story. A source told RFI that authorities asked Falagoista to send a handwritten denial to the government and MISNA on the story attributed to him, but that three months later, they had still not received it. He has, therefore, been summoned for another hearing.

RFI reported that the management of MISNA remained cautious, only saying that the matter had been referred to the Bangui nuncio, the Italian consul, and the Vatican.

(IRIN , UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs 1999-2001)

 

Arrestation d'un prêtre italien par la Commission d'enquête judiciaire

AFP, Bangui, 19 octobre 2001- 20h21 - L'abbé italien Tonino Falagoista, responsable de Radio Notre Dame, station de l'église catholique en Centrafrique, a été arrêté sur ordre de la Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur le putsch avorté du 28 mai, a-t-on appris vendredi de source proche de la radio

Le prêtre est actuellement détenu dans les locaux de la gendarmerie à Bangui, selon cette même source. Les motifs de cette arrestation étaient inconnus vendredi soir.

En juin dernier, le président centrafricain Ange-Félix Patassé s'était élevé publiquement contre des dépêches de l'abbé Tonino publiées par l'agence de presse Misna, agence d'information des missionnaires catholiques, dont il est le correspondant à Bangui.

Ces articles faisaient état d'exactions commises par les forces loyalistes envers des membres de l'ethnie yakoma et de la présence "d'abattoirs" dans certains quartiers nord de la capitale.

Le 9 octobre dernier, lors de la remise officielle du rapport d'enquête préliminaire de la Commission mixte d'enquête judiciaire, le président Patassé avait requis son arrestation pour "désinformation".

"Un curé doit dire la vérité et non pas des mensonges (...) il doit être interpellé et arrêté", avait déclaré le président Patassé.

"Ce n'est pas le pape qui lui a dit d'aller mentir. Ce n'est pas l'archevêque (NDLR de Bangui) N'dayen qui lui a dit d'aller mentir. Il doit répondre de ses actes", avait ajouté M. Patassé.

L'abbé Tonino, qui a vécu au Rwanda pendant plusieurs années, est considéré à Bangui comme le protecteur des hutus rwandais réfugiés en Centrafrique, dont il assure l'accueil, l'hébergement et, pour certains, le transfert vers des pays scandinaves.

Après le coup d'Etat manqué du 28 mai, les autorités centrafricaines avaient accusé deux généraux rwandais désignés comme "Safari" et Zouzou" de figurer parmi les putschistes.


Actualité Centrafrique - Dossier 7