Des souvenirs amers et l'anniversaire (22 octobre)

Des promesses et encore des promesses.
Qu'il s'agisse de Bokassa, Dacko II, Kolingba, Patassé : les promesses se renchérissent - de "l'heure de la justice a sonné (la canne renversée en forme de J)"... à la répartition équitable des richesses (pétrole, bois, diamant), il ne reste plus que des mirages et le pays est engouffré dans la misère totale. Quel gâchis! Pire, l'avenir de la jeunesse s'en trouve hypothéqué.
Et si, des si... mais, les conditions du citoyen restent inchangées. C'est plutôt la descente aux enfers, le cortège des malheurs. Qui peut situer en 2001 la durée de vie moyenne du centrafricain ? La population actuelle ? Son évolution d'ici 5 ans, 10 ans ou 15 ans ? La République Centrafricaine risque de se transformer en une zone fantôme où il n'y aurait que des zombies : "Terra incognita". Les cimetières ne désemplissent et la capitale Bangui n'a plus d'espace pour ses morts : il faut désormais aller dans les champs, à la campagne. Les derniers survivants vont émigrer vers d'autres planètes. Sauf le dernier sursaut salvateur que le peuple centrafricain attend - alors, le bonheur sera pour demain.


Patassé, "le miraculé", célèbre ses huit ans au pouvoir

AFP, Bangui, 22 octobre 2001 - 19h32 - Trois mutineries, un coup d'Etat avorté: le chef de l'Etat centrafricain, Ange-Félix Patassé, "le miraculé", célébrait lundi ses huit ans mouvementés à la tête du pays, un anniversaire discret qui suscite des commentaires contrastés à Bangui.

Elu pour la première fois le 22 octobre 1993 après plusieurs années d'exil, le président de la République centrafricaine (RCA) a dû faire face à trois mutineries militaires entre 1996 et 1997, et a sauvé sa vie de justesse lors de l'attaque nocturne de sa résidence, pendant le putsch manqué du 28 mai dernier.

Ces événements, attribués à des militaires de l'ethnie minoritaire yakoma, à laquelle appartient son prédécesseur, le général André Kolingba (1981-93), ont miné la fragile économie de ce pays pauvre d'Afrique centrale, déjà pénalisé par son enclavement.

Aucune manifestation officielle n'a été programmée pour cet anniversaire mais la radio publique diffusait lundi par intermittence des chansons dédiées au président et à son parti, le Mouvement de libération du peuple centrafricain

"Qui dit la vérité? qui dit la vérité? Celui qui dit la vérité, c'est Ange-Félix Patassé. Qui dit la vérité? Qui dit la vérité? Celui qui dit la vérité, c'est le MLPC", scandait un de ces morceaux.

"Ange-Félix Patassé n'a pas bénéficié des conditions de liberté les plus optimales pour exécuter le programme sur lequel il a été élu", a commenté lundi son porte-parole, Prosper N'Douba, dans un entretien à la radio nationale.

"André Kolingba ne lui a laissé qu'un répit de trois ans (NDLR: entre l'élection de 1993 et la première mutinerie de 1996). En réalité, il n'avait pas envie de quitter le pouvoir et il a tenté par la force des armes, à plusieurs reprises, de le reprendre", a estimé M. Ndouba, un des plus proches collaborateurs du président centrafricain.

Pour l'éditorialiste de la radio d'Etat, M. Patassé, "apparaît aujourd'hui comme un véritable miraculé pour être sorti indemne de trois mutineries successives et d'un coup d'Etat sanglant. Aujourd'hui, la Constitution est adoptée, les institutions sont mises en place, mais il reste la relance de l'économie", a poursuivi le commentateur.

Un seul quotidien centrafricain, Le Citoyen, a commenté l'événement, sous le titre: "22 octobre 1993-22 octobre 2OO1, il y a huit ans Patassé accédait à la magistrature".

"Avec six Premiers ministres en huit ans, le régime Patassé aura battu tous les records de remue-ménages gouvernementaux, signe évident d'une instabilité politique", estime le journal, connu pour ses positions critiques envers le régime.

Selon Le Citoyen, "rien à l'horizon ne permet de dire que la RCA a enfin décidé de prendre un nouveau départ en se conformant aux lois et règlements de la République, en plaçant l'homme qu'il faut à la place qu'il faut, en traquant sans demi-mesure les contre-valeurs que sont le tribalisme, le népotisme, le clientélisme, l'affairisme et l'exclusion".

Tribun hors pair à la barbiche poivre et sel, M. Patassé, âgé de 64 ans et souvent surnommé à Bangui "Le Barbu", ou "Shaolin", est originaire de Paoua, une ville située à la frontière avec le Tchad.

Réélu en 1999 pour un second mandat de six ans, il a été confronté à une crise socio-économique sans précédent, marquée par une longue grève des fonctionnaires réclamant le paiement de leurs arriérés de salaires, de novembre 2000 à mars 2001.

Nombre d'observateurs estiment que cette crise a fait le lit du coup d'Etat manqué du 28 mai, au cours duquel la RCA a renoué avec de vieux démons qu'elle espérait avoir enfin exorcisés.


Actualité Centrafrique - Dossier 7