La valse de l'Etat-major en Centrafrique


- Patassé la paranoïa, (JPD - 26 octobre 2001)
- Patassé limoge son chef d'état-major et reprend l'armée en main (AFP, Librevile, 26 octobre 2001 - 18h48
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- Le chef de l'armée centrafricaine relevé de ses fonctions (LIBREVILLE, 26 oct (AFP) - 15h11
- M. Démafouth ne peut être jugé par la Cour criminelle, selon son avocat (BANGUI, 25 oct (AFP) - 19h10
- La Cour criminelle de RCA jugera les putschistes du 28 mai 2001, (BANGUI, 25 oct (AFP) - 13h34)


Patassé la paranoïa ! , par Jean-Paul DOMBA (26 octobre 2001)

Patassé a été à l'école de Bokassa n'est-ce-pas ? C'est le moins qu'on puisse dire du gigantesque bordel et du soupçon tous azimuts en cours à Bangui. Tiens donc:

- Le Quai d'Orsay de l'époque (Paris via Giscard D'Estaing), pour redorer son blason, avait décidé de saborder l'empereur dictateur et paranoïaque Jean Bedel Bokassa. C'est ainsi qu'il emmèna dans un Trans' All David Dacko pour refaire de ce dernier le vrai promu de la Centrafrique après Boganda. Je crois me souvenir que l'actuel Président Patassé était alors Premier Ministre à la Cour Impériale de Bokassa 1er à Béréngo.

- Patassé, se sentant lésé dans ce choix de Paris parce que s'estimant l'héritier naturel de Papa Bok, pour tanter de récupérer le pouvoir, a sémé un gigantesque bordel en montant en épingle entre autre les quartiers nords de Bangui contre les quartiers sud, et in fine les tribus du nord de Centrafrique contre ceux du sud (naissance du vrai tribalisme ou ethnicisme d'aujourd'hui en Centrafrique).

- Le désordre était tel que David Dacko, n'en pouvant plus du pétrin dans lequel le Quai d'Orsay de l'époque l'avait impitoyablement largué, demandait au plus haut gradé militaire de l'armée centrafricaine à l'époque de ramener le calme en Centrafrique. Le plus haut gradé était à ce moment là André Kolingba, non préparé à la fonction présidentielle. La rivalité de fait pris donc naissance entre Patassé et Kolingba.

- Qui c'est qui avait fomenté alors un coup d'Etat pour renverser Kolingba à l'époque ? C'est bel et bien Patassé aidé par le militaire Bozizé.

- Ce coup d'Etat (au début des années 80) n'avait pas marché. Patassé était alors contraint à l'exil.

- L'histoire notera également qu'André Kolingba, Chef de l'Etat Centrafricain à l'époque, avait eu le recul nécessaire pour permettre la mise en place d'un système démocratique.

- André Kolingba, ayant donc fait table rase du passé, pour être convaincu du bien fondé d'un système démocratique, a permis à Patassé de venir se présenter tranquillement aux élections présidentielles de 1993.

- L'histoire retiendra que Patassé s'est fait élire en 1993 à la surprise générale à la place du Professeur Abel Goumba pour les démélés originels de ce dernier avec son rival David Dacko qui était 3ème en nombre de voix à l'issue du 1er tour et qui n'avait pas donné de consigne de vote particulière à ses électeurs pour voter en faveur du Pr Abel Goumba. D'ailleurs, la disaspora Centrafricaine avait préferré le Pr Abel Goumba comme Président à Patassé. De ce point de vue, il ne faut d'ailleurs pas s'étonner que le vote de la diaspora centrafricaine pour les élections de 1999 aient été purement et simplement spoliés. Bref, Patassé s'est fait élire à défaut d'un vrai homme d'Etat capable d'assouvir l'attente des Centrafricains dans leur ensemble.

- L'histoire ne nous dit pas encore pourquoi André Kolingba n'a pas mis à feu et à sang Bangui et au délà la Centrafrique entière avec ses soit disant nombreuses caches d'armes découvertes après le putch manqué de mai 2001, fictives caches d'armes dont Prosper Ndouba s'en sert sans arrêt pour tonner sur tous les toits ses bobards propangandistes.

Pauvre Général Bozizé, pourvu que Le Président Patassé ne vous réserve pas le même sort qu'à Démafouth, vous transformant en une véritable marionnette armée, un citron pressé en quelque sorte qu'il est bon de jetter maintenant. Le Président Patassé, c'est sûr, n'a pas le coeur a intégrer vos ambitions personnelles quel que soit ce que Démafouth et vous même aviez fait pour lui à l'époque. Il s'en fiche éperdument du fait que si votre coup avait réussi, vous auriez pu le loger dans une prison dorée comme l'avait fait Jean Bedel Bokassa pour David Dacko à l'issue du coup d'Etat de 1966, car vous n'êtes quand même pas des salauds je présume. Mais en attendant, les Yakomas et apparentés qui n'avaient rien à voir avec votre guerre de gang ont casqué et continuent de casquer à aujourd'hui !

Mon Général, au pays de Patassé, il règne une paranoïa impitoyable !

Bonne chance !

Jean-Paul DOMBA


Patassé limoge son chef d'état-major et reprend l'armée en main (AFP, Librevile, 26 octobre 2001 - 18h48)

Le président Ange-Félix Patassé a procédé vendredi à une reprise en main de l'armée centrafricaine en limogeant le chef d'état-major des armées, le général de division François Bozizé, et en nommant de nouveaux hommes à des postes stratégiques.

Cinq mois après le coup d'Etat manqué du 28 mai, le pouvoir continue ainsi de tirer les leçons de ses carences sécuritaires, crûment apparues lors de ces événements.

Le 31 août, M. Patassé avait déjà remplacé tous les ministres en charge de la sécurité du pays, en particulier le titulaire de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, accusé d'avoir fomenté un complot parallèle.

Le général Bozizé, chef d'état-major des Forces armées centrafricaines (FACA) depuis la deuxième mutinerie militaire de 1996, fait les frais de ce second tour de vis présidentiel.

Sans nouvelle affectation, il est remplacé par son ancien adjoint, le colonel Ernest Bétibangui, un officier longtemps resté dans l'ombre du président et promu vendredi au grade de général de brigade, comme trois autres colonels, a annoncé la présidence jointe par l'AFP depuis Libreville.

C'est le cas du patron de l'Unité de sécurité présidentielle (USP), Ferdinand Bombayaké, récompensé pour la loyauté sans faille de ses quelque 800 hommes, dont un petit commando avait sauvé la vie du chef de l'Etat pendant l'attaque nocturne de sa résidence par les putschistes.

Egalement promus aux grades de généraux, André Mazi devient chef d'état-major général adjoint des FACA, tandis que Jean-Baptiste Séréname est nommé chef du cabinet militaire du président.

Ce dernier remplace le général Alphonse Gombadi, nommé inspecteur général des FACA.

Autre nomination importante, celle du préfet de Bouar, le colonel Dieudonné Zérégaza, au poste de chef d'état-major de l'armée de Terre, qui succède ainsi au lieutenant-colonel Joël Abrou, tué lors du putsch avorté.

L'ancien directeur de la gendarmerie, le général François Ndjadder, également assassiné, dans des circonstances peu claires, pendant le coup d'Etat, avait été remplacé le 31 août par un magistrat, Paul Morombaye.

Depuis les décès de ces deux hauts responsables, le général Bozizé semblait le seul vrai patron d'une armée comptant environ 4.000 hommes.

Contrairement aux trois mutineries de 1996-97, les FACA, entre-temps restructurées, étaient demeurées globalement loyales au régime, malgré les défections d'environ 600 éléments appartenant pour la plupart à l'ethnie minoritaire yakoma.

Toutefois, leur relatif attentisme aux premières heures du putsch attribué par Bangui à l'ancien président André Kolingba, a suscité critiques et soupçons. Surtout depuis la mise en cause de l'ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Démafouth, accusé par les autorités d'avoir ourdi son propre complot contre le président Patassé en marge du putsch. Nombre d'observateurs estimaient en effet que ce civil n'avait pu s'y préparer sans quelques solides complicités au sein de l'armée.

Le général Bozizé, bien que considéré comme un fidèle du chef de l'Etat et connu pour ses perpétuelles querelles avec le ministre Démafouth et le général N'Djadder, n'avait pas échappé à ces rumeurs.

Dans les mois qui ont suivi le putsch, certains militaires ont en outre montré des signes alarmants d'indiscipline: tirs intempestifs nocturnes semant la panique parmi la population, prises à partie d'arbitres par des militaires lors de rencontres de football.

Peu avant cette reprise en main, les militaires ont été préventivement consignés dans les casernes. Vendredi après-midi, les rues de Bangui étaient calmes, a constaté le correspondant de l'AFP.


Le chef de l'armée centrafricaine relevé de ses fonctions (AFP, Libreville, 26 octobre 2001 - 15h11)

Le chef d'état-major général des Forces armées centrafricaines (FACA), le général François Bozizé, a été relevé vendredi de ses fonctions, dans le cadre d'un train de nominations à la tête de l'armée, a annoncé à l'AFP la présidence centrafricaine, jointe à Bangui depuis Libreville.

Le général Bozizé, qui dirigeait les FACA au moment du coup d'Etat avorté du 28 mai dernier à Bangui, a été remplacé par son ancien adjoint, le colonel Ernest Bétibangui, promu au grade de général de Brigade, par décret du président Ange-Félix Patassé, selon cette même source.

Le général Bozizé n'a pas encore reçu de nouvelle affectation.

Trois autres colonels, André Mazi, Ferdinand Bombayaké et Jean-Baptiste Séréname, ont été promus généraux.

M. Mazi devient chef d'état-major général adjoint des FACA, M. Bombayaké demeure directeur général de l'Unité de sécurité présidentielle (USP), tandis que M. Séréname est nommé chef du cabinet militaire du président.

Le colonel Dieudonné Sérégaza, jusqu'alors préfet de Bouar, est pour sa part nommé chef d'état-major de l'armée de Terre, en remplacement du lieutenant colonel Joël Abrou, tué lors de derniers événements de Bangui.

Un autre militaire fait les frais de ce jeu de chaises musicales: le général de division Alphonse Gombadi quitte le cabinet militaire du président de la République et se voit nommer inspecteur général des FACA.

Le régime centrafricain continue ainsi de tirer les leçons de ses carences sécuritaires, près de cinq mois après le putsch manqué, attribué à d'anciens militaires proches du général André Kolingba, le prédécesseur de M. Patassé.

Le 31 août dernier, le président centrafricain avait remplacé tous les ministres en charge de la sécurité au moment des faits, en particulier le ministre de la Défense Jean-Jacques Démafouth, accusé d'avoir fomenté un coup d'Etat.


M. Démafouth ne peut être jugé par la Cour criminelle, selon son avocat (AFP, Bangui, 25 octobre 2001 - 19h10)

L'ancien ministre centrafricain de la Défense Jean-Jacques Démafouth, soupçonné d'avoir fomenté un complot contre le président Ange-Félix Patassé, ne peut être jugé par la Cour criminelle comme les personnes impliquées dans la tentative de putsch du 28 mai dernier, a estimé jeudi l'un de ses avocats.

En effet, a affirmé à l'AFP Me Nicolas Tiangaye, "la Constitution et la loi organique sur la Haute Cour de Justice prévoient une procédure particulière pour des personnes qui sont détentrices de la légitimité ou bien de l'autorité de la puissance publique, c'est à dire le président de la République, les ministres et les députés à l'Assemblée Nationale".

M. Démafouth assurait les fonctions de ministre de la Défense jusqu'à son arrestation le 30 août dernier.

"La loi est claire, a estimé Me Tiangaye. Ce n'est pas la Cour criminelle qui doit le juger, ce n'est pas non plus, le tribunal militaire permanent. La Constitution prévoit une procédure particulière, c'est à dire qu'il faut qu'il y ait un acte d'accusation" émanant soit du Président de la République, soit d'une résolution de mise en accusation adoptée "par l'Assemblée nationale par une majorité qualifiée des deux tiers", a expliqué l'avocat.

"Cette décision doit ensuite être transmise au procureur général près la haute cour de justice" qui dispose de "cinq jours pour saisir le juge d'instruction près la Haute cour de justice", a précisé Me Tiangaye.

La position de Me Tiangaye est défendue par le bâtonnier de l'Ordre des avocats centrafricains, Me Martin Kongbeto Gbogoro, qui s'interroge sur le rôle que s'octroie dans le cas Démafouth la Commission mixte d'enquête judiciaire chargée de faire la lumière sur le putsch avorté du 28 mai dernier: "Comment une simple commission peut-elle décider de l'arrestation d'un ministre pour des faits commis dans l'exercice de ses fonctions et susceptibles d'être qualifiés de trahison et comment peut-elle le déférer devant d'autres juridictions en lieu et place de la Haute Cour de Justice qui doit normalement le juger?", a demandé le bâtonnier.

Les auteurs, coauteurs ou complices de ce putsch manqué seront jugés par la Cour criminelle, a annoncé Joseph Bindoumi, le président de la commission d'enquête, sans préciser clairement devant quelle juridiction M. Démafouth devrait comparaître.


La Cour criminelle de RCA jugera les putschistes du 28 mai (AFP, Bangui, 25 octobre 2001 - 13h34)

Les auteurs, coauteurs ou complices du putsch manqué du 28 mai dernier en République centrafricaine (RCA) seront jugés par la Cour criminelle, a déclaré à la radio nationale Jospeh Bindoumi, le président de la Commission mixte d'enquête judiciaire sur la tentative de coup d'Etat.

"Pour avoir des garanties suffisantes de transparence", il fallait que ces personnes soient jugées par "une Cour criminelle, avec un jury populaire, qui connaisse le dossier", a expliqué M. Bindoumi à la radio nationale. "Il ne s'agit pas de créer une juridiction spéciale. Nous avons une juridiction permanente qui s'appelle Cour criminelle", a-t-il ajouté.

A l'exception de l'ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Démafouth dont le cas ne semble pas encore totalement tranché, les quelque 70 personnes actuellement en détention préventive sur décision de la commission d'enquête seront jugées selon "la procédure du crime flagrant" après la mise en état du dossier par le tribunal de grande instance de Bangui, a précisé M. Bindoumi.

La Cour statuera également par contumace sur les cas de 628 personnes en fuite, "parmi lesquelles (l'ancien président) André Kolingba et ses acolytes", ainsi que l'avait précisé M. Bindoumi le 9 octobre dernier, lors de la remise du rapport d'enquête préliminaire de la commission au président centrafricain Ange-Félix Patassé. Pour les autorités de Bangui, le général Kolingba est l'instigateur du putsch manqué.

La Commission a pu retenir contre les personnes présentes ou en fuite des indices concordants susceptibles de motiver leur inculpation pour "atteinte à la sûreté de l'Etat, assassinat et complicité d'assassinat", avait alors souligné M. Bindoumi.

"Il est possible que, si ce dossier est mis en état tout de suite, il puisse être jugé au cours de la deuxième session annuelle de la cour criminelle", c'est à dire avant la fin de cette année, a indiqué M. Bindoumi mercredi soir. La Cour criminelle, dont les décisions ne sont pas susceptibles d'appel, tient deux sessions annuelles, l'une en avril mai et la seconde en décembre.


Actualité Centrafrique - Dossier 7