Patassé joue l'apaisement avant le sommet de Libreville sur la RCA

Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a tenu vendredi soir un discours d'apaisement, peu avant le sommet des chefs d'Etats d'Afrique centrale qui doit tenter, lundi à Libreville, de régler le litige apparu entre la RCA et le Tchad à l'occasion de l'affaire Bozizé.

S'adressant à la nation à l'occasion du 43ème anniversaire de l'indépendance de la RCA, M. Patassé n'a pas varié sur le cas de son ex-chef d'état-major François Bozizé, accusé de préparatifs de coup d'Etat et réfugié depuis trois semaines au sud du Tchad, qualifiant cette affaire de "purement judiciaire et non politique".

Le président tchadien Idriss Déby considère M. Bozizé comme un réfugié politique et refuse de l'extrader. Il prône une solution négociée entre frères Centrafricains.

Mais pour la première fois, M. Patassé a laissé une porte de sortie de crise entrouverte, en suggérant qu'après son jugement, François Bozizé, pourrait faire l'objet d'une mesure de clémence.

"Le traitement de cette affaire, après verdict des cours et tribunaux, relèvera des prérogatives que la Constitution me confère", a-t-il déclaré, dans une allusion à une possible grâce présidentielle ou amnistie.

Reste à savoir si ce petit pas suffira à convaincre M. Bozizé.

Mais aussi un Idriss Deby soucieux de la stabilité de son sanctuaire pétrolier du sud tchadien, concédé aux géants américains Exxon-Mobil et Chevron, et voisin du nord de la RCA, où des affrontements armés ont opposé la semaine dernière et lundi les frères ennemis centrafricains.

L'affaire Bozizé a en outre cristallisé, en coulisses, la mauvaise humeur de N'Djamena à propos des troupes libyennes dépêchées à Bangui pour soutenir le régime de M. Patassé lors du coup d'Etat manqué du 28 mai dernier.

Pays "ami" de la Libye, le Tchad entretient une tortueuse histoire avec son voisin arabe, contre lequel il a été en guerre dans les années 1980 et qu'il soupçonne parfois d'alimenter des foyers de rébellion, au nord comme au sud de son territoire.

Des informations, démenties par Bangui, selon lesquelles les Libyens de Bangui auraient apporté un concours aérien à l'armée régulière centrafriaine contre les partisans de Bozizé au nord de la RCA, n'ont guère apaisé N'Djamena.

Ainsi, selon des sources diplomatiques, le sommet de Libreville a été organisé à la demande de M. Deby, peu désireux de participer à un autre sommet programmé antérieurement à la même date à Khartoum (Soudan), en présence de son homologue libyen.

Du coup, M. Patassé s'est efforcé vendredi de ménager tous ses partenaires en leur rendant un hommage appuyé, sur un pied d'égalité.

Il a loué la France et les Etats-Unis pour leur concours à la "renaissance démocratique" de la RCA en début des années 1990 et la sauvegarde de cet acquis pendant les mutineries de 1996-97.

Puis il a salué les présidents gabonais Omar Bongo, maître d'oeuvre des Accords de Bangui, Deby, dont le contingent tchadien au sein des forces de maintien de la paix MISAB et MINURCA "a été le fer de lance dans la consolidation de la paix en RCA", après les mutineries, et Kadhafi, pour son "engagement" en faveur "de la sauvegarde de notre régime issu des élections libres et démocratiques".

Accusé au plan intérieur de contribuer à la crispation du climat national, M. Patassé a enfin lancé un "appel solennel" à ses ressortissans réfugiés en RCCongo pour qu'il regagnent "le pays de nos ancêtres", et annoncé un allègement du couvre-feu.

Il a par contre défendu la Commission d'enquête judiciaire chargée de faire la lumière sur le putsch manqué de mai, dont l'opposition dénonce les "méthodes arbitraires", en indiquant que "sous d'autre cieux", les auteurs du putsch auraient vu "leur sort réglé de manière sommaire et sans appel".

AFP, Libreville, 1er décembre 2001 - 13h32 -


Patassé évoque une possible clémence pour Bozizé après jugement

AFP, Bangui, 30 nov 2001 - 20h25 - Le président centrafricain Ange-Félix Patassé a laissé entrevoir vendredi une possible clémence après jugement pour son ancien chef d'état-major François Bozizé, dans un discours à la nation prononcé à la veille du 43ème anniversaire de l'indépendance de la RCA.

L'affaire Bozizé, à l'origine d'un litige actuel entre la RCA et le Tchad "est purement judiciaire et non politique", a réaffirmé le président Patassé.

Le traitement de cette affaire "après verdict des cours et tribunaux, relèvera des prérogatives que la constitution me confère", a-t-il dit.

Le président centrafricain, qui doit participer lundi à Libreville à un sommet des chefs d'Etat d'Afrique centrale sur la crise en RCA, a ainsi laissé la porte ouverte à une possible amnistie ou grâce présidentielle pour François Bozizé s'il accepte de se remettre à la justice centrafricaine.

L'ancien chef d'état-major centrafricain est refugié depuis trois semaines au Tchad, qui le considère comme un réfugié politique et refuse de l'extrader, tout en prônant une solution négociée entre Centrafricains.

Dans son discours radio-télévisé, M. Patassé a par ailleurs lancé un "appel solennel" aux Centrafricains réfugiés à l'étranger depuis le coup d'Etat manqué du 28 mai pour qu'ils regagnent leurs foyers et a annoncé un allègement du couvre-feu, qui ne sera plus en vigueur qu'à minuit au lieu de 21H00 actuellement.

Il a également rendu un hommage appuyé à la France et aux Etats-Unis pour leur concours à la "renaissance de la démocratie" dans son pays, ainsi qu'aux chefs d'Etats gabonais Omar Bongo, tchadien Idriss Deby et libyen Mouammar Kadhafi.


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