Sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de la CEMAC

C'est sur fond de tension Tchad-Centrafrique que s'est ouvert le mercredi 16 janvier 2002 à Brazzaville le sommet extraordinaire des chefs d'Etat des pays membres de la CEMAC.
D'entrée de jeu le président hôte Denis Sassou Nguesso donne le ton : << qu'il est important que nous retirions de notre parcours les quelques freins qui bloquent notre marche en avant>>, poursuit-il en soulignant la difficulté d'atteindre l'intégration sans << la paix, la sécurité, la libre circulation des personnes et des biens >>.
En fin des travaux déroulés à huit clos, les chefs d'Etat des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) ont décidé ce mercredi à Brazzaville l'envoi d'une mission d'experts à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique pour prévenir des incidents entre les deux pays. La composition inclut les représentants des pays membres de la CEMAC, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique, les représentants du secrétaire général de l'Union africaine (UA) et du comité des Etats sahélo-sahéliens. Les modalités pratiques et le calendrier de son exécution restent à préciser.


Envoi d'experts à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique

AFP, Brazzaville, 16 jan. 2002 - 20h30 - Les chefs d'Etat des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) ont décidé mercredi à Brazzaville l'envoi d'une mission d'experts à la frontière entre le Tchad et la Centrafrique pour prévenir des incidents entre les deux pays.

Dans un communiqué rendu public à l'issue d'un sommet extraordinaire consacré à la crise en République centrafricaine, qui s'est tenu dans la capitale congolaise, les chefs d'Etat se sont félicités des "mesures d'apaisement" prises par le président Ange Félix Patassé pour ramener la paix et la sécurité dans son pays, sans préciser la teneur de ces mesures.

A la fin du sommet, les président tchadiens et centrafricains, Idriss Déby et Felix-Ange Patassé se sont donnés l'accolade avant de se séparer. Le chef de l'Etat tchadien a regagné son pays mercredi soir.

La mission d'experts sera composée de représentants des pays membres de la CEMAC, du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en Centrafrique, des représentants du secrétaire général de l'Union africaine (UA) et du comité des Etats sahélo-sahéliens.

Aucune date n'a été avancée pour son envoi.

Le ministre centrafricain des affaires étrangères, Agba Otikpo Mezôde avait indiqué à l'AFP mercredi matin que le président Patassé avait accepté de mettre fin aux poursuites judiciaires engagées contre l'ancien chef d'Etat-major général le général François Bozizé pour avoir tenté de renverser les institutions.

Selon M. Mezôde, le président Patassé est prêt à re-examiner la situation administrative du général Bozizé et des membres de sa famille. L'officier a été retrogradé soldat de 2è classe.

Le général Bozizé est réfugié au Tchad avec des militaires qui lui sont demeurés fidèles.

La présence du général Bozizé sur le sol tchadien empoisonne les relations entre le Tchad et la république centrafricaine.

Interrogé par la presse, le président tchadien Idriss Déby a indiqué que le général Bozizé resterait encore au Tchad.

"Le général Bozizé restera en territoire tchadien avec l'accord des chefs d'Etat de l'Afrique centrale jusqu'à ce que nous trouvions une solution définitive sur la question qui l'oppose à son pays", a dit le président tchadien.

Les chefs d'Etat se sont par ailleurs félicités de l'accord de paix conclu entre le gouvernement tchadien et le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad.

Ils ont lancé un appel à la communauté internationale pour aider le gouvernement de Ndjamena à reconstruire les régions touchées par la guerre.

Le sommet a regroupé outre MM. Déby et Patassé, les présidents Denis Sassou Nguesso (Congo), Omar Bongo (Gabon), les premiers ministres du Cameroun, Peter Mafany Musonge, de Guinée équatoriale, Candido Muatetema Ribas.

Le Soudan qui ne fait pas partie de la CEMAC a été représenté par son ambassadeur en RCA en qualité d'observateur.

Le comité des Etats sahélo-sahéliens basé à Khartoum qui a abrité la première réunion sur la situation en RCA en décembre 2001 était également présent en tant qu'observateur.


"Il faut lever les freins à la marche en avant de l'Afrique centrale" (président Denis Sassou Nguesso)

AFP, Brazzaville, 16 jan 2002 - 14h55 - Le président congolais Denis Sassou Nguesso a appelé mercredi à Brazzaville les Etats membres de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) à "lever les freins à l'intégration de la sous-région d'Afrique centrale".

"L'Afrique centrale au coeur de l'Afrique est une région qui a des possibilités humaines et naturelles. Nous avons les moyens de faire en sorte que la sous-région participe au développement de l'Afrique", a dit le chef de l'Etat congolais ouvrant les travaux d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de la CEMAC, consacré à la situation en Centrafrique.

"Il est important que nous retirions de notre parcours les quelques freins qui bloquent notre marche en avant", a insisté le président Sassou Nguesso précisant que sans "la paix, la sécurité, la libre circulation des personnes et des biens" il était "difficile d'atteindre cette intégration".

Autour du président congolais le sommet regroupe les présidents Omar Bongo (Gabon), Idriss Déby (Tchad), Ange-Félix Patassé (Centrafrique), les premiers ministres Peter Mufany Musonge (Cameroun) et Ribas Candido Muatetema (Guinée équatoriale).

Le Soudan est présent en qualité d'observateur, ainsi que le comité des Etats sahélo-sahéliens qui avait organisé une première réunion sur la crise centrafricaine à Kartoum en décembre 2001.

Après la cérémonie d'ouverture, les Chefs d'Etat ont commencé leurs travaux à huis clos.

Lors d'un sommet à Libreville en décembre 2001, les chefs d'Etat de la CEMAC avaient mis en place un comité ad-hoc dirigé par le président Bongo pour trouver une solution négociée à la crise en Centrafrique née de l'échec des forces de sécurité centrafricaines à arrêter en novembre 2001 l'ancien chef d'Etat-major général des armées, le général François Bozizé.

Le régime du président Ange-Félix Patassé a accusé le général Bozizé d'avoir tenté de renverser les institutions à la faveur d'un coup d'Etat manqué attribué à l'ancien président, le général André Kolingba en juin 2001.

Le général Bozizé s'est ensuite réfugié au Tchad avec des militaires qui lui sont demeurés fidèles.

La présence de l'officier centrafricain sur le sol tchadien a provoqué la tension entre le Tchad et la République centrafricaine qui se sont accusés mutuellement de masser les troupes à la frontière commune.

Interrogé par l'AFP, le ministre centrafricain des affaires étrangères, Abga Otikpo Mezôde a exprimer le souhait que "ce sommet permette de mettre fin à cette tension".

"J'étais à Ndjamena il y a trois jours. J'ai dit que M. Bozizé pouvait rentrer au pays. Certains obstacles pouvaient être levés comme sa situation administrative et celle des membres de sa famille. Aucune poursuite judiciaire ne peut être engagée contre lui. Mais une amnistie n'est pas envisagée parce que M. Bozizé n'a jamais été condamné", a dit le ministre.

Le général Bozizé a été retrogradé soldat de 2è classe par le président Patassé.

Le sommet prend fin en fin d'après midi.


Actualité Centrafrique - sangonet Dossier 9