Sommet COMESSA: le Tchad montrera une vidéo accusant l'armée centrafricaine

AFP, N'Djamena, 4 mars 2002 - 20h40 - Le Tchad montrera lors du sommet des chefs d'Etats de la Communauté des Etats du Sahel et du Sahara (COMESSA), prévu les 6 et 7 mars en Libye, une vidéo prouvant les "exactions" de militaires centrafricains contre ses ressortissants, a-t-on appris lundi de source diplomatique tchadienne à N'Djamena.

"Les autorités tchadiennes, images à l'appui, montreront aux chefs d'Etat les exactions commises par l'armée centrafricaines tout au long de la frontière entre les deux pays sur de paisibles éleveurs", a déclaré cette source, sous le couvert de l'anonymat.

La bande vidéo, filmée par la télévision tchadienne, montre les traces de sévices et de tortures infligées à huit Tchadiens capturés début janvier au sud du Tchad par des militaires centrafricains et emmenés de l'autre côté de la frontière.

L'un d'entre eux était mort. Les sept autres avaient été transférés vers la capitale centrafricaine, avant d'être remis par les autorités locales à l'ambassade du Tchad à Bangui, dans un souci d'apaisement, puis rapatriés vers N'Djamena.

Il s'agissait selon Bangui de "coupeurs de route" rançonnant les voyageurs. N'Djamena affirme de son côté que ces Tchadiens étaient de simples éleveurs.

Ces exactions, attribuées à un ancien rebelle tchadien, Abdoulaye Miskine, recruté selon N'Djamena par l'armée centrafricaine, avaient eu lieu sur fond de tensions à la frontière entre les deux pays.

Les relations entre autorités tchadiennes et centrafricaines se sont brusquement dégradées en novembre dernier, lorsque l'ancien chef d'état-major centrafricain François Bozizé, fuyant Bangui après avoir échappé à une tentative d'arrestation pour complot, avait trouvé refuge dans le sud du Tchad avec ses partisans.

La situation à la frontière tchado-centrafricaine s'est progressivement détendue depuis le début de l'année.

Mais des sources militaires centrafricaines et l'ambassade du Tchad à Bangui ont annoncé vendredi que 11 autres Tchadiens avaient été abattus à la mi-février, à l'extrême nord de la RCA, par le même Abdulaye Miskine.

Le gouvernement tchadien a vivement réagi le soir-même, en rendant les autorités centrafricaines "responsables de tout ce qui arrive à nos compatriotes", et en se réservant "le droit de réagir en temps opportun".


Actualité Centrafrique - Dossier 9