Procès du putsch manqué du 28 mai 2001: journée du lundi 25 février avec Jean-Jacques Démafouth à la barre


Procès du putsch manqué: Jean-Jacques Démafouth charge le général Bozizé
AFP, Bangui, 25 fév 2002 - 13h23
- L'ancien ministre centrafricain de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, a fortement mis en doute, lundi devant la Cour criminelle de Bangui, la loyauté de l'ancien chef d'état-major des armées, François Bozizé, lors du putsch manqué du 28 mai 2001 en Centrafrique.
"J'ai constaté des actes qui m'ont amené à douter de la sincérité du chef d'état-major", a déclaré l'ex-ministre, lui-même jugé pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" au procès des auteurs présumés de ce coup de force manqué.
Jean-Jacques Démafouth avait été limogé et arrêté le 26 août dernier pour avoir, selon l'accusation, ourdi un complot parallèle contre le président Ange-Félix Patassé, ce qu'il conteste formellement.
François Bozizé, limogé à son tour fin octobre, est réfugié depuis début novembre au Tchad, après avoir résisté à Bangui par les armes à une tentative d'arrestation des autorités centrafricaines pour tentative de coup d'Etat.
L'ancien ministre a indiqué avoir tenu informé le président Patassé de ses doutes sur la loyauté de M. Bozizé, lors des combats qui avaient suivi l'attaque menée dans la nuit du 28 mai par des proches de l'ancien président André Kolingba contre la résidence du chef de l'Etat.
"Je lui ai dit: +le général (ndlr: Bozizé) dirige, mais je sens qu'il va remettre nos éléments à l'ennemi et que l'ennemi va se retourner contre nous+", a-t-il déclaré à l'audience.
L'ancien ministre a précisé qu'au matin du 30 mai, il avait obtenu du matériel supplémentaire pour le général Bozizé et ses hommes, afin qu'ils reprennent aux putschistes le camp Kassaï, au sud-est de Bangui, mais que ces hommes et leur équipement avaient été aperçus à l'opposé de la ville, dans les quartiers sud-ouest tenus par les mutins.
Il a ajouté avoir ordonné à M. Bozizé d'envoyer des éléments pour sécuriser le terminal pétrolier de Bangui, mais que le général n'y avait envoyé que 12 hommes, rapidement encerclés par les putschistes.
M. Démafouth a également réaffirmé avoir débloqué, juste avant le 28 mai, pour le général Bozizé et le chef de la gendarmerie, le général François N'Djadder, des primes destinées aux soldats composant les patrouilles de nuit et les piquets d'alerte mis en place préventivement au sein de l'armée.
Or ces sommes n'ont jamais été versées aux soldats, rendant ces mesures d'alerte inopérantes, s'est-il étonné.
Vendredi, l'ancien ministre avait dit à la Cour avoir tenu informé le président Patassé, dès janvier 2001, de la préparation de trois complots: le premier par des proches de M. Kolingba, le second par M. Bozizé, le troisième par le général N'Djadder, abattu la nuit même du putsch raté dans des circonstances restées mystérieuses.
L'audience se poursuivait lundi en fin de matinée.


La loyauté de Bozizé en doute au procès du putsch manqué
AFP, Bangui, 25 fév 2002 - 17h50
- L'ancien ministre centrafricain de la Défense, Jean-Jacques Démafouth, et deux militaires de haut rang ont fortement mis en doute, lundi devant la Cour criminelle de Bangui, la loyauté de l'ancien chef d'état-major des armées, François Bozizé, lors du putsch manqué du 28 mai 2001 en Centrafrique.
"J'ai constaté des actes qui m'ont amené à douter de la sincérité du chef d'état-major", a déclaré M. Démafouth au procès des auteurs présumés de ce cette tentative, imputée par l'accusation à l'ex-président André Kolingba, et auquel il comparaît lui-même pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".
Le chef de l'Unité de sécurité présidentielle (USP), le général Ferdinand Bombayaké, et le sous-chef d'état-major des armées, le général André Mazi, entendus comme témoins, ont confirmé un certain flottement dans la direction des forces loyalistes durant les jours ayant suivi l'attaque, dans la nuit du 28 mai, de la résidence du président Ange-Félix Patassé.
Jean-Jacques Démafouth, limogé et arrêté le 26 août 2001 pour avoir ourdi, selon l'accusation, un complot parallèle contre le chef de l'Etat, a raconté avoir confié au président Patassé ses doutes sur l'attitude de M. Bozizé: "Je lui ai dit: +le général (ndlr: Bozizé) dirige, mais je sens qu'il va remettre nos éléments à l'ennemi et que l'ennemi va se retourner contre nous+".
François Bozizé, limogé à son tour fin octobre 2001, s'est réfugié début novembre au Tchad, après avoir résisté à Bangui par les armes à une tentative d'arrestation des autorités pour tentative de coup d'Etat.

[L'ancien ministre a indiqué avoir tenu informé le président Patassé de ses doutes sur la loyauté de M. Bozizé, lors des combats qui avaient suivi l'attaque menée dans la nuit du 28 mai par des proches de l'ancien président André Kolingba contre la résidence du chef de l'Etat.
"Je lui ai dit: +le général (ndlr: Bozizé) dirige, mais je sens qu'il va remettre nos éléments à l'ennemi et que l'ennemi va se retourner contre nous+", a-t-il déclaré à l'audience. ] (1)

M. Démafouth a précisé qu'au matin du 30 mai, il avait obtenu du matériel supplémentaire pour le général Bozizé et ses hommes, afin qu'ils reprennent aux putschistes le camp Kassaï, au sud-est de Bangui, mais que ces hommes et leur équipement avaient été aperçus à l'opposé de la ville, dans les quartiers sud-ouest tenus par les mutins.
Il a ajouté avoir ordonné à M. Bozizé d'envoyer des éléments pour sécuriser le terminal pétrolier de Bangui, mais que le général n'y avait envoyé que 12 hommes, rapidement encerclés par les putschistes.
L'ancien ministre a en outre réaffirmé avoir, avant le 28 mai, débloqué au général Bozizé et au chef de la gendarmerie, le général François N'Djadder, des primes destinées aux soldats composant les patrouilles de nuit et les piquets d'alerte mis en place préventivement au sein de l'armée.
Or ces sommes n'ont jamais été versées aux soldats, rendant ces mesures d'alerte inopérantes, s'est-il étonné.
Vendredi, M. Démafouth avait indiqué avoir informé, dès janvier 2001, le président Patassé, de la préparation de trois complots: le premier par des proches de M. Kolingba, le second par M. Bozizé, le troisième par le général N'Djadder, abattu la nuit du 28 mai dans circonstances mystérieuses.
"A un moment, le commandement militaire a flotté et l'autorité suprême (ndlr: le chef de l'Etat) a été obligée de le confier au ministre de la Défense", a pour sa part révélé le général Bombayake, chef de l'USP.
M. Bombayake et l'ex-adjoint de M. Bozizé, le général Mazi, ont également témoigné du comportement, à leurs yeux, ambigu du général Bozizé, et du fait que les opérations s'étaient mieux déroulées lorsqu'elles avaient été prises en main par M. Démafouth, à partir du 30 mai.
Le ministre jouissait alors visiblement la confiance du chef de l'Etat. C'est à lui, a-t-il affirmé, que le président avait demandé de contacter le chef rebelle congolais, Jean-Pierre Bemba, pour lui demander des renforts en hommes contre les putschistes, qui avaient été envoyés.
Deux mois après, M. Démafouth était arrêté sur la foi d'une écoute téléphonique dont il conteste l'authenticité, mais d'après laquelle il réclamait en vain à M. Bemba un soutien en hommes... pour renverser à son tour le président Patassé.
Cet aspect du dossier devrait être examiné dans les prochains jours.

(1)Précision contenue dans la version diffusée à 13h23


Actualité Centrafrique - Dossier 9