Procès du putsch manqué du 28 mai 2001: journée du mardi 26 février avec Jean-Jacques Démafouth à la barre


Procès du putsch manqué: des informations sur un complot bien avant le 28 mai

AFP, Bangui, 26 fév 2002 - 18h30 - Les services de sécurité centrafricains disposaient d'informations sur un complot de l'ex-président André Kolingba, mais n'ont pu, faute de coordination, prévenir le putsch avorté du 28 mai 2001, ont rapporté mardi des témoins devant la Cour criminelle de Bangui.

Bien avant le 28 mai 2001, "toutes les informations reçues avaient trait à un coup d'Etat préparé par l'ancien président André Kolingba", a déclaré le général Maurice Regonessa, ministre de l'Intérieur de 1999 à avril 2001, au procès des auteurs présumés du putsch manqué du 28 mai dernier.

"Ces informations rapportaient que des réunions nocturnes qui traînaient en longueur se tenaient à son domicile, auxquelles prenaient part d'anciens officiers mutins", a ajouté l'ancien ministre, assurant que "des véhicules bâchés acheminant des armes gagnaient la résidence de Kolingba la nuit".

Un témoignage confirmé par celui du délégué général au Désarmement, Michel Dognéné, membre comme M. Kolingba de l'ethnie yakoma, selon qui "le coup d'Etat d'André Kolingba était préparé depuis 1993, aussitôt après sa défaite à la présidentielle".

Les trois mutineries successives de 1996/97 étaient des "coups d'Etat déguisés", a affirmé M. Dognéné, rapportant que des slogans en langue yakoma favorables à ce projet étaient distillés au sein de la population.

Selon lui, l'un d'eux disait: "E zia? E zia apé, E gbou? E gbou ka ka ka ka, kouayanga a kpi da"; soit en français: "Allons-nous laisser? Non! Devons nous continuer à tenir? Oui, tenons bon, jusqu'à ce que le barbu (le président Ange-Félix Patassé, ndlr) y trouve la mort!".

Le directeur général de la police, Joel Moidamsé Sinféi, a quant à lui affirmé que "plusieurs fiches faisant état de réunions dans certains quartiers de Bangui, regroupant des militaires et des personnalités politiques ont été adressées à la hiérarchie, en 2000 et 2001, relatives à des projets de coup d'Etat".

"L'objectif visé était d'organiser un putsch pour abattre le président Patassé au retour d'un déplacement à l'extérieur", a-t-il précisé.

Ces dépositions viennent conforter l'idée, déjà largement évoquée au cours des précédentes audiences, que les autorités disposaient, bien avant l'attaque nocturne de la résidence présidentielle le 28 mai, de nombreuses informations sur des préparatifs de coup de force.

Vendredi déjà, Jean-Jacques Démafouth, ministre de la Défense au moment des faits, et qui comparaît pour l'organisation d'un complot parallèle présumé, avait assuré à la Cour avoir tenu informé le président Patassé, dès janvier 2001, de la préparation de trois complots.

Il avait également confirmé la tenue, une semaine avant les événements du 28 mai, d'une réunion de sécurité au cours de laquelle M. Patassé aurait révélé avoir connaissance d'une tentative de renversement.

Comment, avec cette masse d'informations, l'attaque du 28 mai a-t-elle donc été possible? Selon le général Régonessa, les renseignements dont il disposait "étaient directement envoyés au chef de l'Etat pour savoir la conduite à tenir". Mais "parfois, ces informations (nous) étaient renvoyées pour plus de précisions".

M. Sinféi, qui avait déclaré au cours de l'enquête avoir "introduit plusieurs demandes auprès du chef de l'Etat pour être reçu, mais en vain", a quant à lui expliqué mardi que "certaines informations (transmises) ont eu des effets, mais pas d'autres".

Selon lui, il manquait, au sein des services de sécurité, d'un organe pouvant centraliser et traiter ces renseignements.


Procès du putsch manqué: Kolingba soupçonné de complot bien avant le 28 mai

AFP, Bangui, 26 fév 2002 - 17h18 - Les services de renseignement centrafricains disposaient, bien avant le 28 mai, d'informations mettant en cause l'ancien président André Kolingba dans la préparation d'un putsch, a indiqué mardi devant la Cour criminelle de Bangui un ancien ministre de l'Intérieur.

"Toutes les informations reçues avaient trait à un coup d'Etat préparé par l'ancien président André Kolingba", a déclaré le général Maurice Regonessa, ministre de l'Intérieur de 1999 à avril 2001, témoin au procès des auteurs présumés du putsch manqué du 28 mai dernier à Bangui.

"Ces informations rapportaient que des réunions nocturnes qui traînaient en longueur se tenaient à son domicile, auxquelles prenaient part d'anciens officiers mutins", a ajouté l'ancien ministre, assurant que "des véhicules bâchés acheminant des armes gagnaient la résidence de Kolingba la nuit".

Ces renseignements "étaient envoyés directement au chef de l'Etat pour savoir la conduite à tenir" mais "parfois, ces informations (nous) étaient renvoyées pour plus de précisions", selon l'ancien ministre.

Ce témoignage a été confirmé par celui du délégué général au désarmement, Michel Dognéné, membre comme M. Kolingba de l'ethnie yakoma, selon qui "le coup d'Etat d'André Kolingba était préparé depuis 1993, aussitôt après sa défaite à la présidentielle".

Les trois mutineries successives de 1996/97 étaient des "coups d'Etat déguisés", a indiqué M. Dognéné, rapportant que des slogans en langue yakoma étaient distillés au sein de la population pour qu'elle soutienne ce projet de coup d'Etat.

Selon lui, un de ces slogans disait: "E zia? E zia apé, E gbou? E gbou ka ka ka ka, kouayanga a kpi da"; soit en français: "Allons-nous laisser? Non! Devons nous continuer à tenir? Oui, tenons bon, jusqu'à ce que le barbu (le président Ange-Félix Patassé, ndlr) y trouve la mort!"

Le général Kolingba, aujourd'hui en fuite, est tenu par l'accusation pour l'instigateur de la tentative de putsch du 28 mai contre le président Patassé.

Quelques jours après l'attaque nocturne avortée contre la résidence du chef de l'Etat, M. Kolingba avait déclaré avoir été contacté par les putschistes pour prendre leur tête a posteriori. Il avait appelé ces derniers à cesser les combats, alors que les affrontements faisaient encore rage dans la capitale centrafricaine.

L'ancien président avait également écrit à l'ambassadeur de France en poste à Bangui au moment de ces événements, Jean-Marc Simon, pour qu'il intervienne auprès du président Patassé afin que ce dernier lui remette le pouvoir.


Actualité Centrafrique - Dossier 9