Le colonel Touaguendet condamné à 20 ans de prison pour "assassinat"


AFP, Bangui, 28 mars 2002 - 18h11 - La Cour criminelle de Bangui a condamné jeudi l'ancien sous-chef d'état-major de l'armée de terre centrafricaine, le colonel Georges Touaguendet, à 20 ans de prison ferme pour l'assassinat en juillet 2001 de deux jeunes gens, dont un neveu de l'actuel Premier ministre.

"La Cour déclare le colonel Touaguendet coupable d'assassinat. L'accusé bénéficie cependant des circonstances atténuantes pour service rendu à la nation", selon le verdict lu par le juge Etienne Koyagué (BIEN Koyagué), qui présidait l'audience.

Le colonel Touaguendet échappe ainsi à la peine de mort, qu'avait requise jeudi matin le procureur, Flammarion Goba, qui estimait que l'officier supérieur avait agi avec préméditation.

Ce dernier avait en effet reconnu qu'il avait fait arrêter deux garçons par ses hommes le 29 juillet 2001, avant de les abattre froidement, en personne, aux abords de l'Assemblée nationale.

Il soupçonnait ses victimes, Patience Wazona, un élève de 19 ans, et Raphaël Innlet, lieutenant des Douanes de 27 ans et neveu de l'actuel Premier ministre Martin Ziguélé, de vouloir attenter à sa vie.

La Cour a suivi la plaidoirie de l'avocat de l'accusé, Ignace Bandassa, qui avait demandé à la justice d'accorder à son client des circonstances atténuantes pour son rôle dans le rétablissement de l'ordre public lors des mutineries militaires de 1996-1997 et pour sa participation dans la lutte contre les braconniers et les bandits de grand chemin.

Habillé en civil, l'accusé n'a montré aucun signe d'émotion à la lecture du verdict. Il n'a pas non plus fait appel de sa condamnation.

"Je prie la cour de transmettre mon pardon aux parents des défunts", a déclaré l'officier avant d'être ramené dans sa cellule.

La Cour a également condamné le colonel Touaguendet "à payer 20 millions de francs CFA (près de 30.500 euros) à titre de dommages et intérêts à chacune des parties civiles".

L'ancien chef de corps, qui se fait appeler "Katos" et se prétend invincible aux balles, avait la réputation d'une "gâchette facile" dans la capitale centrafricaine. Il avait été placé en résidence surveillée et suspendu de ses fonctions après ce double meurtre.

Il avait quitté son lieu d'assignation début novembre 2001, à l'occasion des troubles armés provoqués par la tentative d'arrestation de l'ancien chef d'état-major des armées, le général François Bozizé, accusé de complot par les autorités centrafricaines.

A la tête d'un groupe de militaires dévoués à sa personne, il avait alors semé la terreur dans un quartier de Bangui pendant plusieurs jours, avant d'être arrêté et incarcéré.


Plaidoirie : Peine de mort requise contre un ancien officier centrafricain de haut rang

AFP, Bangui, 28 mars 2002 - 12h55 - La peine capitale a été requise jeudi à l'encontre de l'ancien sous-chef d'état-major de l'armée de terre centrafricaine, le colonel Georges Touaguendet, poursuivi pour l'assassinat, en juillet dernier, de deux jeunes gens, dont un neveu de l'actuel Premier ministre.

Le procureur de la Cour criminelle de Bangui, devant laquelle comparaît le colonel Touaguendet, a requis cette peine en estimant que l'officier s'était rendu coupable de meurtre avec préméditation, selon la radio nationale qui retransmet les débats.

Ses avocats ont de leur côté plaidé l'absence de préméditation et ont demandé à la Cour d'accorder des circonstances atténuantes à leur client pour "services rendus à la Nation".

Le colonel Touaguendet a par ailleurs demandé pardon pour les faits qui lui sont reprochés.

Le 29 juillet 2001, il avait fait arrêter deux jeunes gens de 19 et 27 ans, dont le neveu du Premier ministre Martin Ziguélé, avant de les abattre froidement, en personne, aux abords de l'Assemblée nationale, car il les suspectait de vouloir attenter à sa vie.

A l'issue des plaidoiries, la Cour s'est retirée pour délibérer.

Bien que la peine de mort soit toujours prévue par le code pénal centrafricain et qu'elle soit parfois prononcée par des tribunaux, elle n'a plus été appliquée dans ce pays depuis 1981.


Actualité Centrafrique - Dossier 9