Commission judiciaire, ATT attendu, 80 000 personnes déplacées depuis le 28 mai 2001 (9 juin 01)


Création d'une "Commission mixte d'enquête judiciaire" sur le putsch avorté
(AFP, Libreville, 9 juin 2001 - 20h12)

Une "Commission mixte d'enquête judiciaire" a été créée par le gouvernement centrafricain pour "faire la lumière sur la tentative de coup d'Etat du 28 mai à Bangui et des infractions connexes", selon un document officiel centrafricain dont l'APF Libreville a reçu une copie.

Cette Commission "a pour mission de rassembler les preuves, rechercher les auteurs, coauteurs, complices et receleurs, procéder à leur arrestation en vue de les traduire en justice", précise le texte, un arrêté du ministère de la justice.

Le texte précise que la Commission, placée sous l'autorité de ce ministère et dirigée par le Commissaire du gouvernement au tribunal militaire permanent, "peut déléguer certains de ses pouvoirs par voie de commission rogatoire pour accomplir certains actes en province ou à l'étranger".

Les autorités de Bangui ont déjà ouvertement désigné à plusieurs reprises l'ancien président centrafricain André Kolingba comme l'instigateur de cette tentative de putsch qui, selon un premier bilan officiel, a fait 59 morts et plus de 80.000 personnes déplacées.

La tête de l'ex-général Kolingba, dégradé depuis au rang de simple soldat de 2ème classe et qui fait l'objet, par décret présidentiel, de sept chefs d'accusation dont "tentative de coup d'Etat" et "assassinat", a été mise à prix par le président Ange-Félix Patassé.

Selon des témoignages militaire recueillis sous couvert de l'anonymat dans la capitale centrafricaine, l'ex-général aurait réussi à franchir le fleuve Oubangui pour se réfugier en République démocratique du Congo (RDC) voisine.

Ces informations n'ont toutefois pu être confirmées officiellement samedi.

M. Patassé avait par ailleurs demandé vendredi soir lors d'une déclaration radio-diffusée un "constat international" sur "l'impressionnant arsenal d'armes" saisi au domicile de M. Kolingba.

"Il est fort étonnant que toutes ces armes et munitions destinées à la gendarmerie centrafricaine, par l'intermédiaire de l'ambassade de France à Bangui, puissent atterrir en la résidence de Kolingba", avait-il souligné.


Départ du général Amadou Toumani Touré pour la Centrafrique
(AFP, Bamako, 9 juin 2001 - 16h40)

L'ancien chef de l'Etat malien, le général Amadou Toumani Touré, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique pour apaiser les tensions après le putsch manqué du 28 mai, a quitté Bamako samedi pour Bangui, a-t-on appris auprès de son entourage.

De même source, on indique que le général malien - surnommé ATT - est porteur d'un message du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, au président centrafricain, Ange-Félix Patassé.

Au cours de sa mission, le général Touré qui avait aidé au retour au calme en Centrafrique après une série de mutineries de 1996 et 1997, devrait également prendre contact avec toutes les parties en conflit, précise-t-on.

Selon son entourage, l'ancien chef de l'Etat malien "part confiant en Centrafrique où il se sent chez lui et il parlera franchement avec tout le monde avec une constante: contribuer à une normalisation de la situation".


Plus de 80.000 déplacés, selon Bangui qui appelle à l'aide internationale
(AFP, Libreville, 9 juin 2001 - 16h35)

Le gouvernement centrafricain a estimé samedi à "plus de 80.000 personnes de tous âges" le nombre de personnes déplacées à la suite de la tentative de coup d'Etat du 28 mai, dans une déclaration dont le texte a été transmis à l'AFP Libreville.

Dans ce même texte, le gouvernement de Bangui lance un "appel pressant" à la communauté internationale pour faire face à cette "situation précaire".

A la suite du putsch manqué et des combats qui ont suivi, "16.000 familles se sont déplacées, soit plus de 80.000 personnes de tous âges, composées d'enfants non accompagnés, de femmes, de personnes du 3ème âge qui sont en situation précaire", souligne le texte.

Le gouvernement de Martin Ziguélé, signataire de cette déclaration, a par ailleurs revu à la hausse le nombre de victimes donné dans la matinée par les autorités sanitaires de Bangui, en faisant état d'un bilan de "59 décès, dont 25 militaires et 34 civils, et 87 blessés".

"Eu égard à la crise économique profonde que traverse le pays, le gouvernement lance un appel pressant à tous les compatriotes ainsi qu'aux partenaires bilatéraux et multilatéraux pour l'appuyer dans ces efforts", précise le texte.

"Cet appui vise à répondre aux besoins d'urgence dans les domaines de la santé, notamment par la distribution de médicaments, et de l'action sociale par la fourniture de vivres, couvertures et tentes aux déplacés" à Bangui et dans "quelques villes de province", toujours selon la déclaration gouvernementale.

"Le gouvernement s'engage résolument à poursuivre l'action de sécurisation de la vie publique et partant, exhorte les autorités administratives locales à faciliter et encourager les personnes déplacées à regagner leurs foyers respectifs", conclut la déclaration.

La plupart des personnes déplacées ont fui la capitale pour échapper aux combats qui ont opposé jusqu'au jeudi 7 juin les forces loyalistes aux mutins, dirigés selon Bangui par l'ancien président André Kolingba dont la tête a été mise à prix.


Les nouvelles brèves de Centrafrique (suite 2)