L'appel de Ziguélé pour la reprise du travail, et plainte en Belgique par une association contre des personnalités centrafricaines


Les autorités appellent le pays à se remettre au travail (AFP, Bangui, 8 nov 01 - 18h54)

Au lendemain de la fuite de Bangui du général François Bozizé, ancien chef d'état-major de l'armée, les autorités centrafricaines se sont employées jeudi à remettre le pays au travail, soucieuses de rendre une apparence de normalité à une capitale qui s'apprête à recevoir en fin de semaine une délégation du FMI.

"Je demande aux fonctionnaires et agents de l'Etat qui n'ont pas encore repris le service de le faire immédiatement", a déclaré jeudi matin le ministre de la Fonction publique, Laurent N'gon Baba.

"La reprise immédiate du travail permettra d'assurer un fonctionnement régulier de l'administration afin d'éviter de briser l'élan du programme du gouvernement axé sur le bien être du peuple centrafricain", a-t-il ajouté.

La circulation a été rétablie dès jeudi matin sur la sortie nord de la capitale où de nombreux véhicules étaient bloqués depuis vendredi, à la suite de l'épreuve de force engagée par le général Bozizé et ses partisans.

Taxis et taxis-bus ont ainsi recommencé à emprunter cette route vitale pour le pays et on pouvait voir de nombreux camions entrer dans la ville par cette voie qui donne accès non seulement au nord du Centrafrique, mais aussi aux pays voisins, notamment le Tchad et le Cameroun.

Ce retour à la normale est fondamental par le Centrafrique, secoué par des crises à répétition. Dans ce cadre, la lenteur des négociations avec l'ancien chef d'état-major semble avoir été déterminante pour les autorités.

"Au début, il (le général Bozizé) semblait accepter. Puis (...) il a radicalisé sa position et il faisait traîner les choses indéfiniment", a expliqué jeudi le Premier ministre Martin Ziguélé. "Là, nous avons dit qu'il fallait qu'on s'en sorte (...) il faut qu'on arrête définitivement ce cycle perpétuel de crise" dans le pays, a-t-il ajouté avant d'appeler ses compatriotes au calme et de demander aux étrangers de continuer à faire confiance aux autorités du pays.

La République centrafricaine (RCA) a signé le 10 octobre à Washington, avec cinq mois de retard sur la date initialement prévue, un accord intérimaire de six mois avec le Fonds monétaire international (FMI) en attendant la mise en place d'un programme triennal.

Ce programme intérimaire aurait dû être signé en mai dernier mais sa signature avait été compromise par le coup d'Etat avorté du 28 mai qui avait entraîné un ralentissement de l'économie nécessitant un recadrage. Dans le cadre de ce programme, une délégation du FMI est attendue dimanche à Bangui.

Quant au général Bozizé, qui s'opposait depuis vendredi à un mandat d'amener délivré par la commission d'énquête judiciaire chargée de faire la lumière sur le putsch avorté de mai, il était toujours en fuite vers le nord du pays avec ses partisans jeudi en fin de journée.

La présence de "certains de ses éléments" a été signalée "à proximité de la Frontière entre la Centrafrique et le Tchad", a indiqué une source proche des autorités.

De même source, on assure que c'est le général Bozizé qui "a disséminé les caches d'armes découvertes" la semaine dernière en divers lieux de Bangui. On affirme qu'"il n'y a aucun doute" que le général "cherchait à gagner du temps", lors des négociations, en vue de "son propre coup d'Etat" .

"Il a des relations dans le monde du mercenariat. Il a des amis barbouzes qui complotaient avec lui pour l'installer au pouvoir", a-t-on ajouté.


Une association des Centrafricains portent plainte en Belgique contre Patassé (AFP, Bruxelles, 8 nov 01 - 17h44)

Une dizaine de Centrafricains ont déposé plainte jeudi devant le parquet de Bruxelles contre le président centrafricain Ange-Félix Patassé pour génocide et crime contre l'humanité, a-t-on appris auprès de l'association qui les représente.

Cette plainte, avec constitution de partie civile, vise également plusieurs autres dirigeants centrafricains, dont le Premier ministre Martin Ziguélé et l'ancien chef d'état-major le général François Bozizé, actuellement en fuite, a précisé à l'AFP le trésorier de l'association Oubangui-Chari, Gaston Kongbré.

Le parquet de Bruxelles n'avait pu être joint pour confirmation jeudi après-midi.

Les plaignants accusent ces dirigeants d'être responsables des "massacres, tueries, viols, tortures, assassinats et disparitions de populations civiles et militaires qui ont eu lieu à Bangui et dans d'autres villes de la République centrafricaine depuis les mutineries de 1996-1997 et depuis le coup d'Etat manqué du 28 mai 2001", selon le texte de la plainte.

Certains des plaignants vivent actuellement en Centrafrique, d'autres habitant en France, a indiqué M. Kongbré.

Cette plainte en Belgique est possible en vertu d'une loi de 1993 accordant la compétence universelle aux tribunaux belges pour les crimes de guerre, de génocide et crimes contre l'humanité, quels que soient leur lieu et les nationalités et lieux de résidence des victimes et des accusés.

Ces derniers mois, les plaintes se sont multipliées en Belgique contre des dirigeants étrangers, notamment le Premier ministre israélien Ariel Sharon poursuivi pour sa responsabilité présumée dans le massacre de Sabra et Chatila au Liban en 1982.

La loi de 1993 a déjà été appliquée une fois avec la condamnation en juin de quatre Rwandais par la cour d'assises de Bruxelles pour leur participation au génocide de 1994 au Rwanda.


Le gouvernement appelle les salariés centrafricains à reprendre le travail (AFP, Bangui, 8 nov 01 - 11h35)

Le gouvernement centrafricain a appelé jeudi l'ensemble des travailleurs, notamment les fonctionnaires, à reprendre leurs activités, perturbées depuis plusieurs jours par l'épreuve de force entre les partisans du général François Bozizé et les forces militaires loyalistes.

"La liberté de circuler, et surtout d'aller au travail, est rendue réelle", a déclaré ministre de la Fonction publique, Laurent N'gon Baba, dans un communiqué diffusé par la radio nationale.

Cette déclaration intervient au lendemain de l'assaut des forces loyalistes contre les positions des partisans de l'ancien chef d'état-major des armées dans les quartiers nord de Bangui et de la levée des barrages érigés par ces derniers à la sortie nord de la capitale.

Près de trois quarts des salariés de la fonction publique et du secteur privé de la capitale habitent dans ces quartiers nord.

"Je demande aux fonctionnaires et agents de l'Etat qui n'ont pas encore repris le service de le faire immédiatement", a insisté le ministre, invitant les responsables des départements ministériels "à poursuivre les contrôles de présence".

"La reprise immédiate du travail permettra d'assurer un fonctionnement régulier de l'administration afin d'éviter de briser l'élan du programme du gouvernement axé sur le bien être du peuple centrafricain", a-t-il ajouté.

L'occupation de la sortie nord de la capitale et les tirs intempestifs entendus dans cette zone avaient provoqué des déplacements de plusieurs centaines de personnes vers le nord et dans les quartiers sud-ouest.

Les partisans du général Bozizé, qui se sont opposés par les armes à l'arrestation de l'ex-chef d'état-major par la Commission d'enquête mixte sur la tentative de putsch du 28 mai dernier, bloquaient depuis vendredi, par des barrages, la circulation sur la route reliant Bangui au nord du pays.


Les nouvelles brèves de Centrafrique (suite 2)