Le paiement de la dot, une exigence en Centrafrique, même en cas de décès

AFP, Bangui, 27 juillet 2002 9h32 - La société centrafricaine considère comme un impératif le versement de la dot à la famille de l'épouse, y compris en cas de décès si elle n'a pas été acquittée auparavant, ce qui crée fréquemment des situations dramatiques.

"J'ai vécu des moments terribles lors du décès de ma femme, confie Stéphane à l'AFP. Nous tenions ensemble un bar depuis deux ans. Mais dès qu'elle est morte, mes beaux-parents sont venus exiger le paiement de la dot, fixée à 200.O00 FCFA (305 euros).

"A ce moment-là, je n'avais pas la somme car, bien sûr, rien ne me disait que mon épouse allait mourir tragiquement", témoigne-t-il.

"J'ai avancé 100.000 FCFA (152,5 euros). Mais cela n'a pas été suffisant pour ma belle famille qui est venue déposer la dépouille de mon épouse dans le bar en présence des clients", s'indigne Stéphane, décrivant les consommateurs affolés.

"J'ai finalement dû quitter le pays pendant une période après la faillite de mon bar qui faisait peur aux clients. Et je n'ai jamais oublié ces moments épouvantables", assure-t-il.

Comme Stéphane, nombreux sont les Centrafricains confrontés, le jour même de l'inhumation, aux exigences de la belle-famille de leur épouse.

Incapable de répondre sur le champs à cette demande, Jean-Pierre, dont le témoignage était récemment rapporté par le quotidien gouvernemental "Forum de l'unité", a vécu des moments similaires.

Les récriminations de la belle-famille se sont d'abord manifestées par de "vives discussions", suivies par "une échauffourée, un spectacle à ciel ouvert, qui n'a pas manqué de drainer des badauds".

Mais le pire est survenu, rapporte le journal, "lorsque les cousins de la défunte ont confisqué le couvercle du cercueil au motif qu'ils n'avaient pas eu gain de cause", Jean-Pierre n'ayant pu faire ce jour-là à ses beaux-parents qu'une avance de 30.000 FCFA (45,75 euros) sur les 180.000 FCFA (275 euros) de la dot.

En Centrafrique, un homme et une femme peuvent vivre maritalement, pour peu que l'homme se soit présenté à la famille de sa compagne pour décliner son identité et faire part de son intention.

Mais, comme pour les mariages célébrés à la mairie et à l'église, l'acceptation de cette union traditionnelle est généralement conditionnée au versement d'une somme fixée par la belle-famille, dont le montant est le plus souvent en relation avec le rang social du mari.

Dans certaines ethnies, cette coutume est considérée comme une façon "d'acheter son épouse", qui, en contrepartie, doit évidemment se montrer soumise, obéissante et respectueuse.

La somme peut varier entre 50.000 (76,22 euros) et 500.000 FCFAeuros), voire un million FCFA (1.520 euros), selon le niveau social du mari. Lorsque cette dot n'est pas versée à la conclusion du mariage, même en dehors des cas extrêmes de décès, le mari est harcelé par sa belle-famille qui lui retire parfois son épouse jusqu'à ce qu'il s'exécute.

"Mon beau-père m'a fait venir chez lui un jour, raconte Claude à l'AFP. A mon arrivée, il s'est rué sur ma mobylette pour l'immobiliser en échange de la dot de sa fille. La mobylette a passé un mois chez lui jusqu'au versement de la somme requise de 300.000 FCFA (460 euros)".


Les nouvelles brèves de Centrafrique (suite 2)