Le FPP pratique une opposition négative, selon le parti au pouvoir

AFP, Bangui, 11 mai 2002 - 14h08 - Le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC au pouvoir) a estimé que le Pr Abel Goumba et son parti, le Front Patriotique de Progrès (FPP) pratiquaient une "opposition négative".

"Les prises de position souvent radicales du Pr Goumba ne nous étonnent pas. Elles montrent que l'opposition en général, et le FPP en particulier, pratiquent une opposition négative et non constructive", a déclaré vendredi soir M. Maitard Djim-Arem, secrétaire national aux relations extérieures du MLPC, lors d'un entretien à la radio privée N'déké luka.

Le responsable du MLPC réagissait à la décision de M. Goumba de "suspendre" la participation de son parti aux activités de l'opposition. Selon lui, "les raisons invoquées par le Pr Goumba pour justifier son retrait (...) nous paraissent légères dans la mesure où c'est le pays qui est dans une situation difficile".

M. Goumba avait décidé cette suspension parce que certains partis opposants avaient accepté d'accompagner le président Ange-Félix Patassé dans des déplacements au nord du pays (Batangafo et Kabo) et au Tchad, sans concertation préalable, selon lui, au sein de l'opposition.

M. Djim-Arem a en revanche soutenu la démarche des partis ayant décidé d'accompagner le président Patassé, rappelant le contexte de ces visites: "Lorsqu'une partie de la population a subi une agression d'une telle ampleur, parce qu'il s'agit quand même de villages incendiés, de morts d'hommes, il est tout à fait normal que toutes les filles et tous les fils de la RCA puissent, sur ce point, se rejoindre pour rechercher ensemble les solutions".

"Et le président de la République a jugé nécessaire d'inviter nos compatriotes de l'opposition pour aller constater de visu ce qui s'est passé au nord de la RCA pour couper court aux manipulations, et à la désinformation", a conclu M Djim-Arem.

En mars dernier, 155 maisons d'habitation avaient été incendiées dans la province de Kabo, par des élèveurs tchadiens de l'ethnie M'barara, entrainant la mort de trois habitants du village.


Le Pr Abel Goumba et le FPP suspendent leur participation à l'opposition

AFP, Bangui, 8 mai 2002 - 15h08 - Le plus ancien opposant politique centrafricain, le Pr Abel Goumba, a décidé de "suspendre" la participation de son parti, le Front Patriotique pour le Progrès (FPP, 7 députés), à l'opposition, a annoncé mardi soir la Radio privée Radio N'déké Luka.

Le président Ange-Félix Patassé "fait appel à des dirigeants de certains partis d'opposition pour l'accompagner dans des déplacements, comme à Paoua, Batangafo, et Kabo, ou au Tchad sans que ceux-ci n'appellent au préalable à une concertation de l'opposition", a affirmé le Pr Goumba. En conséquence, "nous avons pris l'engagement de suspendre notre participation au sein du groupe des partis d'opposition", a-t-il ajouté.

"Après le coup d'Etat manqué du 28 mai 2OO1, le président Patassé avait refusé toute idée de concertation avec les partis politiques, estimant qu'il attendait d'abord les résultats des travaux de la commission d'enquête judiciaire pour envisager le dialogue", a rappelé le Pr Goumba.

"Aujourd'hui, on connaît les résultats de cette enquête, a-t-il dit. Le procès des personnes présumées (coupables) a commencé, puis s'est arrêté, mais le chef de l'Etat n'est toujours pas décidé à rencontrer les dirigeants des partis politiques".

Le groupe des partis d'opposition comptait jusqu'à présent 15 partis totalisant 51 députés sur les 109 du Parlement.

Agé de 76 ans et professeur agrégé de médecine, Abel Goumba est considéré comme le principal opposant au régime Patassé en raison de son franc-parler et de ses prises de position souvent tranchantes.

Député à l'Assemblée nationale, partisan du multipartisme pour lequel il a longtemps été combattu par les régimes militaires, M. Goumba a été candidat malheureux à l'élection présidentielle en 1959, après la mort de Barthélémy Boganda, puis en 1981, après la chute de Bokassa, ensuite en 1993 et en 1999.

Le FPP est ainsi le deuxième parti d'opposition à se désolidariser, après le Parti Social Démocrate (PSD) d'Enoch-Dérant Lakoué, qui s'était isolé du groupe des partis politiques d'opposition au lendemain de la présidentielle de 1999 pour reconnaître la victoire du président Patassé.

Les nouvelles brèves de Centrafrique (suite 2)