Le président Patassé et le premier ministre Ziguélé décident de nettoyer à fond la grande maison Kodro


Scandale financier: M. Patassé ordonne le rapatriement des fonds détournés

BANGUI, 16 juillet 2002 (AFP) - 13h18 - Le président centrafricain, Ange-Félix Patassé, a ordonné au gouvernement "de prendre toutes les mesures" pour rapatrier les fonds détournés dans le cadre du scandale politico-financier qui secoue son pays depuis plusieurs semaines, a rapporté mardi la radio nationale à Bangui.

"J'ordonne au ministre de la Justice de prendre toutes les mesures qui s'imposent pour que les fonds détournés soient rapatriés au profit du peuple centrafricain. Et c'est un ordre", s'est exclamé le président Patassé lors d'une communication faite au palais présidentielle en présence du gouvernement et du corps diplomatique.

Une enquête sur d'importants détournements de fonds publics, pour un montant estimé à au moins deux milliards de francs CFA (environ 3 millions d'euros), a abouti à l'arrestation d'une vingtaine de fonctionnaires centrafricains et au placement en garde à vue, depuis le 8 juillet, du ministre d'Etat au Finances et au Budget, Eric Sorongopé Zoumandji.

"Le peuple souffre, et c'est nous, responsables, à qui le peuple a fait confiance, qui continuons à piocher dans les caisses de l'Etat. A détourner", a déploré le chef de l'Etat.

"Parent ou pas parent, ami ou pas ami, militant ou pas militant, celui qui commet des actes de détournement, doit être condamné sans pitié", a rappelé M. Patassé, dont c'était la première réaction officielle depuis l'arrestation de M. Sorongopé Zoumandji, son ancien conseiller économique (1993-2001), également membre influent du parti qu'il a créé.

"Il y a des interventions. Mais je dis pour ma part que ceux qui essaient d'intervenir, sont aussi complices", a par ailleurs indiqué M. Patassé en allusion à des pressions politiques visant à la libération du ministre d'Etat aux Finances.

"C'est fini cette politique d'impunité", a-t-il affirmé, assurant avoir donné des instructions en ce sens au parquet général de Bangui.


Scandales politico-financiers: M. Ziguélé déterminé à "aller jusqu'au bout"

BANGUI, 17 juillet 2002 (AFP) - 21h29 - Le Premier ministre centrafricain Martin Ziguélé a affirmé mercredi à l'AFP sa détermination à "aller jusqu'au bout" dans l'opération "mains propres" en cours dans les finances publiques avec, a-t-il assuré, le soutien "le plus engagé" du chef de l'Etat Ange-Félix Patassé.

"On ira jusqu'au bout (...) En ce qui me concerne, c'est extrêmement sérieux. Est-ce qu'on a d'autre choix que de combattre cette disposition à s'accaparer les ressources de l'Etat?", s'est interrogé le chef du gouvernement.

"Le gouvernement, a poursuivi M. Ziguélé, a le soutien le plus total et le plus engagé du chef de l'Etat. Un régime est obligé d'avoir un bilan. Quel bilan nous aurons si nous en organisons la faillite?".

La découverte de ces importantees malversations dans les Finances de l'Etat intervient alors que le pays - l'un des plus pauvres du monde en dépit de richesses potentielles importantes - doit affronter des échéances électorales à la fin de cette année (municipales), en 2003 (législatives), et en 2005 (présidentielles).

Une vingtaine de cadres du Ministère des Finances ont été interpellés ces dernières semaines et le ministre d'Etat aux Finances lui-même, Eric Sorogonpé-Zoumanji, actuellement entendu, vient d'être démis de ses fonctions.

Le Premier ministre, nommé en avril 2001, a expliqué que son attention avait été attirée pour la première fois en février 2002 par "le niveau anormalement élevé des dépenses de l'Etat en matière de travaux" et "les soldes débiteurs des comptes de l'Etat".

Les investigations menées se révélant insatisfaisantes, M. Ziguélé a alors pris diverses mesures qui n'ont pas apporté l'amélioration sensible attendue. "J'ai alors demandé aux banques de ne plus faire aucune dépense sans mon accord", a-t-il dit.

Le déclic s'est produit grâce à un opérateur économique venu protester auprès du chef du gouvernement après avoir été grugé par le Trésor. Saisi, le procureur général a pu constater la véracité des faits dénoncés, ouvrant la voie à des vérifications en cascade qui ont mis en évidence l'amplitude des opérations de détournement au niveau du Trésor.

Mais, pour M. Ziguélé, le problème n'est pas seulement à ce niveau. "Il y a d'autres secteurs (de l'Etat) qui fonctionnent de manière criminogène (...) Il faut que l'opération se consolide, il faut que nous débusquions l'ensemble des systèmes" qui s'apparentent à une "mafia", a-t-il assuré, insistant sur la nécessité, pour les citoyens. d'aider l'Etat dans sa tâche.


Les nouvelles brèves de Centrafrique (suite 2)