Charlatanisme, sorcellerie et règlements de comptes tous azimuts en Centrafrique

Misère, incrédulité et règlement de compte deviennent monnaie courante. Ici, des habitants d'un village ou d'un quartier qui se ruent à coups de bâtons, de pilons, de cailloux sur une vieilles femme accusée, sans preuve, de sorcière. Là; une bande armée qui s'attaquent à de paisibles villageois ou encore des soldats qui usent de leurs armes pour régler une banale affaire de jalousie. Ailleurs, c'est l'homme crocodile qui sème la terreur : il fait disparaître sa victime et revient quelques jours plus tard déposer le corps mutilé sur la berge. La gendarmerie et la police semblent désarmées devant cette recrudescence; conséquence, c'est le laxisme et les agresseurs courent toujours. Point de justice. Chacun fait sa justice.


Deux civils abattus après une altercation avec des soldats

AFP, Bangui, 20 jan. 2002 - 20h24 - Deux habitants de Bossangoa, une ville située dans le nord de la Centrafrique, ont été abattus et un troisième a été grièvement blessé par balles par des soldats au cours d'un soulèvement populaire, a-t-on appris dimanche auprès d'une délégation de notables de cette localité venus à Bangui.

Ce soulèvement, qui remonte à la semaine dernière, a été provoqué par le décès d'un homme de Bossangoa (355 km au nord de Bangui), abattu à bout portant par un militaire qu'il accusait d'adultère.

Devant l'hostilité des manifestants, la garnison de cette ville a ensuite ouvert le feu sur la foule, "tuant une autre personne et blessant grièvement une troisième", selon cette source.

Informé des tensions qui règnent depuis cet incident à Bossangoa, situé dans son fief électoral du Nord, le président Ange-Félix Patassé a rencontré samedi une délégation dirigée par le sous-préfet de la ville, son député et des représentants de la jeunesse locale.

A l'issue de cette audience, le chef de l'Etat "a demandé aux autorités compétentes d'ouvrir une enquête sur ces événements, afin de déterminer les responsabilités et pour que des sanctions appropriées soient prises à l'encontre de leurs auteurs", a indiqué la même source.

L'année dernière, le meurtre d'une jeune femme, qui vivait en concubinage avec un militaire, avait déjà provoqué pendant plusieurs jours le soulèvement des jeunes de Bossangoa contre le détachement des Forces armées centrafricaines (FACA).


Accusée de sorcellerie, une vieille dame a été tuée à coups de pilon

AFP, Bangui, 20 jan. 2002 - 20h48 - Une vieille dame, accusée d'avoir ensorcelé un homme décédé, a été tuée à coups de pilon par des habitants de M'baiki (105 km au sud de Bangui), a rapporté dimanche la radio nationale centrafricaine.

Une autre femme, supposée être sa complice, se trouve entre la vie et la mort après avoir subi le même supplice, a précisé le correspondant local de la radio.

Les deux femmes avaient été arrêtées samedi par la police de M'baiki qui enquêtait sur le cas d'un homme "envoûté" dont l'état de santé ne cessait de se dégrader.

Pendant leur transfert, les parents du malade ont pu profiter d'une panne du véhicule des policiers pour s'emparer des deux femmes et les amener au chevet du mourant.

Le décès, peu de temps après, de l'homme "envoûté" a provoqué la fureur des parents qui "se sont rués sur les deux vieilles dames qu'ils ont massacrées au pilon", a raconté le correspondant local.

Certains auteurs de ce crime ont été arrêtés par la gendarmerie, tandis que d'autres ont réussi à prendre la fuite, selon la même source.

En province comme dans la capitale Bangui, la vindicte populaire est responsable chaque année de la mort de plus d'une dizaine de personnes, accusées de sorcellerie ou de charlatanisme.


Les "hommes crocodiles" tuent à nouveau au sud-ouest de la RCA

AFP, Bangui, 17 déc. 2001 - 12h29 - Un adolescent de 16 ans est mort noyé vendredi au sud-ouest de la Centrafrique, probablement victime de la secte des "hommes crocodiles" qui sévissent depuis quelques années dans le pays, a annoncé lundi la radio nationale.

Le décès du neveu du sous-préfet de Mongouma (préfecture de la Lobaye) fait suite à la noyade récente d'un parent du chef du centre de santé de la même localité, située à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Bangui, à la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC).

"Le neveu du sous-préfet qui prenait son bain dans le fleuve Oubangui est resté introuvable depuis vendredi, probablement assassiné par les +hommes crocodiles+, a déclaré la correspondant locale de la radio nationale. "Malgré le secours que lui a apporté un de ses amis, il n'a pu être sauvé", a ajouté le journaliste.

De nombreuses familles de fonctionnaires affectés dans au sud, à l'est et au nord de la RCA, ainsi que des autochtones, sont victimes chaque année des "hommes crocodiles", une secte qui noie ses victimes par rancoeur, jalousie ou vengeance.

Les victimes sont entraînées sous l'eau lors d'une baignade ou d'une traversée en pirogue et leurs cadavres, affreusement mutilés, réapparaissent au même endroit, deux ou trois jours après la disparition.

Parfois la langue, les dents, les lèvres, et les yeux des victimes sont enlevés. Les organes génitaux, masculins ou féminins, sont coupés lorsque la victime est soupçonnée d'avoir commis un adultère.

L'année dernière, trois noyades dans la rivière Lobaye ont été attribuées aux "hommes crocodiles" et une dizaine d'autres dans les régions où ils font la loi malgré les mesures judiciaires prises à leur encontre.

Beaucoup de ces "fa te fa" ("l'homme qui s'est métamorphosé", en langue nationale Sango) ou "ta li mbi" (calebasse sur la tête) ont été condamnés à des peines de prison de plus de cinq ans, assorties de mesures d'éloignement de leur lieu de résidence.


Les créatures de l'Oubangui (hommes crocodiles) - Afrik.com 23 déc. 2001)


Les nouvelles brèves de Centrafrique (suite 2)