Le Tchad transpose sa bataille politique interne en RCA, selon Ziguélé

BANGUI, 16 nov (AFP) - 17h04 - Le Premier ministre centrafricain Martin Ziguélé a déclaré samedi devant l'Assemblée nationale que la tentative de coup d'Etat du 25 octobre dernier était imputable à N'Djamena qui transpose en Centrafrique le débat politique interne au Tchad.

"Il s'agit de la transposition en RCA de la bataille politique interne pour le pouvoir et la conservation du pouvoir ainsi que des richesses du pétrole du sud du Tchad", a affirmé le Premier ministre devant l'Assemblée nationale.

"Les gouvernements successifs tchadiens ont régulièrement soupçonné la RCA de servir de base de repli aux opposants originaires du sud du Tchad", a-t-il ajouté.

"Les évènements du 25 octobre se voulaient une opération de commandos préparée et perpétrée par le Tchad pour être exécutée en 27 heures. Et (le général François) Bozizé a joué le rôle du +Centrafricain de service+", a affirmé M. Ziguélé, répondant aux députés qui interpellent son gouvernement depuis vendredi sur ces évènements.

"Le schéma Bozizé est exactement le schéma Kabila en 1997. Kabila père est arrivé au pouvoir avec les Rwandais, nous en connaissons la suite", a expliqué M. Ziguélé, dont les propos étaient retransmis en direct à la radio nationale.

Justifiant l'action de son gouvernement pendant les évènements, le Premier ministre a déclaré: "les ministres en charge de la sécurité et de la défense ont pris des dispositions pour faire bouchon aux assaillants, mais les FACA (Forces Armées Centrafricaines) n'avaient pas les moyens de leur action".

Le régime du président Ange-Félix Patassé a rétabli la situation grâce aux Libyens qui assurent la protection du chef de l'Etat et à l'intervention de rebelles congolais dirigés par Jean-Pierre Bemba.

M. Ziguélé a demandé aux pays amis d'aider la RCA à restructurer son armée, se félicitant du soutien de la France qui a déjà contribué à la construction de trois garnisons à l'intérieur du pays.

Concernant les positions tenues par les assaillants, il a reconnu que ceux-ci contrôlaient au moins partiellement la principale route menant à l'est et au nord du pays.

M. Ziguélé, qui n'a à aucun moment évoqué la possibilité d'un dialogue avec les insurgés, a révélé que, dans leur fuite, les assaillants tchadiens avaient fusillé plus d'une dizaine de leurs compagnons centrafricains accusés d'avoir fait échouer le coup de force.

Par ailleurs, il a informé les députés que certains assaillants centrafricains en fuite, dont il n'a pas précisé le nombre, ont déjà déposé les armes et pris contact avec les autorités de la ville de Bambari (près de 500 km au nord-est de Bangui).

M. Ziguélé a déploré que ce coup de force ait empêché l'examen par le FMI du dossier de la RCA, initialement prévu pour le 13 novembre dernier.

"Il faut qu'on recommence à se battre. Il n'y a absolument aucun reproche à faire au FMI. Ce sont les Centrafricains qui ont plongé leur pays dans la mort. Nous n'avons d'autre choix que de recommencer avec le FMI parce que c'est la seule voie pour la RCA de s'en sortir", a-t-il dit.

Contrairement au président Patassé qui affirmait ne rien regretter de tout ce qui s'est passé depuis le 25 octobre, M. Ziguélé a condamné les exactions commises de part et d'autre, estimant qu'"un mal est un mal, et (qu') il faut le reconnaître pour se faire une crédibilité".

Malgré la virulence des propos des députés vendredi, le débat n'a pas donné lieu à l'adoption d'une motion contre le gouvernement, ou d'une quelconque résolution.


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