Viols, exactions et question d'assistance en Centrafrique et au Congo-Kinshasa (Dossier)


La Monuc confirme l'anthropophagie perpétrée par les troupes rebelles du Mlc

La Mission d'observation des Nations Unies au Congo (Monuc), après l'enquête qu'elle vient de mener en Ituri, vient de confirmer les actes d'antrhopophagie dont se sont rendus coupables les hommes du Mlc de J P Bemba en novembre et décembre derniers, lors de leur progression vers Beni, fief du Rcd/Ml de Mbusa Nyamwisi.

Kinshasa , 14.01.2003 | Politics - C'est confirmé par la Monuc dans son enquête menée sur le terrain en Ituri. Les troupes rebelles du Mlc et leurs alliés du Rcd/N se sont livrés au cannibalisme au cours de leur progression en novembre et décembre derniers vers Beni encore sous contrôle du Rcd/Ml de Mbusa Nyamwisi. Selon l'enquête menée par la Monuc sur plusieurs personnes interrogées à Mambassa, Eringeti, Beni et Utsha, il y a une dame qui a été obligée de manger son bras coupé par les anthropophages de Mlc et grille devant elle. Auparavant, elle a pu bouffer la chair de son mari qu'on la contrainte à préparer. La pauvre s'est révoltée et a demandé qu'on mette fin à sa vie. Sa prière a été tout de suite exaucée. On l'a abattue.

Des témoignages sont légion confirmant ces actes d'atrocité, d'anthropophagie par les troupes du Mlc de Jean-Pierre Bemba, surnommées les « effaces », allusion faite a leur slogan qui consisterait a exterminer tout ce qui pourrait bouger à leur passage. Outre ces actes de cannibalisme dénoncés par plusieurs témoins, notamment les villageois, les religieux et les Ong, les vols, les viols ont été également commis par les adeptes de l'opération « effacez le tableau ». C'est grâce à cette opération que le Mlc règne en maître absolu sur Mambassa depuis le 28 décembre dernier, sur les cases abandonnées, détruites, les maisons saccagées on pillées. Une femme qui tentait de rentrer après avoir fui dans la forêt, a été violée par dix éléments du Mlc qui avaient auparavant maîtrisé, immobilisé son mari et bandé ses yeux pour l'empêcher de voir ces obscénités. Donc les premiers résultats de l'enquête de la Monuc confirment la barbarie des troupes rebelles du Mlc de Jean-Pierre Bemba qui se sont livrées à des atrocités, au cannibalisme dans cette partie de la RD Congo.

Le chef des opérations nie les faits. Mais le chef des opérations du Mlc a Mambassa, le Colonel Ramses, s'est inscrit en faux contre tous ces témoignages. « Non, nous ne mangeons pas les hommes, nous ne sommes pas de cannibales, de carnivores pour manger la chair humaine », a-t-il dit, arguant que « nous avons la population avec nous. C'est une campagne d'intoxication pour que la population puisse nous quitter ». Le rapport de la Monuc a été remis au représentant spécial du Secrétaire général de l'Onu qui devait s'envoler hier lundi pour New-York pour le transmettre à Koffi Annan.

VIVA | Numerica


Mise en place d'un comité d'assistance aux femmes victimes de viols

BANGUI, 14 jan (AFP) - 13h07 - Le ministre centrafricain des Affaires sociales, Mme Françoise Ibrahim N'doma, a mis en place un "comité d'assistance humanitaire" aux filles et femmes victimes de viols après la tentative du coup d'Etat du 25 octobre, a annoncé lundi soir la radio nationale.

"Un comité d'assistance humanitaire aux filles et femmes victimes de viols lors des derniers évènements douloureux qu'a connus notre pays est mis en place sous la tutelle du ministère des Affaires sociales", a indiqué un communiqué radiodiffusé émanant de la ministre des Affaires sociales.

"A cet effet, les femmes victimes d'exactions sont attendues pour la réparation des préjudices subis", a conclu le communiqué sans autre précision.

Le mois dernier, l'Organisation des femmes centrafricaines (OFCA), s'était déclarée "inquiète des risques d'infection aux MST, au VIH-sida, et des grossesses pouvant résulter des nombreux viols de femmes et filles lors des derniers évènements par les combattants du MLC" (Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba).

Elle avait "demandé au gouvernement de s'impliquer dans la prise en charge psycho-médico-sociale des victimes".

Au moins 11O femmes, adolescentes et fillettes violées, selon l'OFCA et des sources médicales, ont été recensées dans les seuls quartiers nord de Bangui.

Mais les rebelles congolais, toujours présents en Centrafrique depuis la dernière tentative de coup d'Etat où ils étaient venus prêter main forte au président Ange-Félix Patassé, ont également sévi dans d'autres quartiers de Bangui et hors de la capitale, dans les localités où ils ont été envoyés combattre les rebelles du général François Bozizé.


Répères :

1) - Viol de filles mineures par les Hommes de BEMBA à BANGUI (02 novembre 2002)

2) - Centrafrique Sans Frontières (Association de Solidarité avec les femmes Centrafricaines et les orphelins pour lutter Contre le Sida) : Lettre ouverte (cas de viols et de tortures de fillettes, de femmes par les hommes de Bémba et problèmes de SIDA) - 05 nov 2002

3)- Témoignages :

3.1- «J'ai été violée dix fois la même journée» (Premières victimes de la guerre qui ravage le Congo-Kinshasa)
Par Alexis MASCIARELLI, mardi 26 novembre 2002
(Libération)
Bukavu envoyé spécial - Pendant les quatre années de conflit en République démocratique du Congo (RDC), plusieurs dizaines de milliers de femmes ont été victimes de viols commis par les multiples groupes armés impliqués dans le conflit. «Libération» a recueilli des témoignages fin octobre à Bukavu, dans l'est de la RDC.

Séraphine
«Je m'appelle Séraphine. J'ai 36 ans. Je viens de la ville de Shabunda. Un jour, voilà un an, alors que j'étais partie dans les champs chercher à manger pour ma famille, des miliciens maï maï (guerriers traditionnels alliés au gouvernement de Kinshasa, ndlr) m'ont emmenée dans la forêt avec d'autres femmes. Ils nous ont gardées pendant un mois. Ils venaient nous violer chaque fois qu'ils le voulaient. Ensuite, ils allaient faire leur business et puis ils revenaient nous prendre de force. Les viols se déroulaient en public, devant tout le monde. Il est arrivé que je sois violée dix fois dans la même journée. Certains nous frappaient. Ils nous avaient pris nos habits, car ils pensaient qu'en étant nues nous n'oserions pas nous échapper. Nous avons subi de nombreuses blessures corporelles. Certaines, comme moi, ont eu des problèmes de vessie. D'autres avaient des blessures vaginales ou à l'utérus. J'ai entendu dire qu'après les viols des hommes leur tiraient dans le vagin avec leur fusil. Je sais aussi que d'autres femmes qui ont refusé d'être violées ont été tuées à coups de machette. Finalement, au bout d'un mois, nous sommes parvenues à nous échapper. Les Maï Maï nous ont envoyées dans un village pour aller chercher à manger. Même si nous étions pratiquement nues, avec seulement une culotte, on en a profité pour demander de l'aide. Des médecins nous ont emmenées à Bukavu pour nous traiter et nous donner à manger. J'avais perdu beaucoup de poids et j'étais toujours très nerveuse. Maintenant je me sens mieux. Mon mari sait ce qui s'est passé. Il m'a consolée. Il dit que ce n'était pas ma faute. Mais je ne sais pas si je dois avoir peur de retourner à Shabunda. Les hommes qui m'ont violée ont le contrôle de la zone. Je ne crois pas qu'ils seront punis. Ils ont des armes. Ils ont des munitions

Uvila
«Je m'appelle Uvila. J'ai 15 ans. Je suis orpheline, alors j'habite chez des voisins. Un jour, la maman m'a demandé d'aller chercher de la farine de maïs. Je suis rentrée la nuit, après 18 heures. En chemin, j'ai croisé des militaires du RCD (Rassemblement congolais démocratique, rebelles alliés au Rwanda, ndlr). Ils m'ont demandé de me déshabiller. Ils étaient quatre. Ils m'ont tous violée. Ils ne m'ont pas parlé. Ils se disaient seulement, les uns aux autres : "Vas-y, c'est ton tour, vas-y." Après, je ne pouvais pas marcher. Je pleurais. Un groupe de femmes m'a trouvée là. L'une d'entre elles m'a amenée chez elle. J'y suis restée deux jours avant qu'elle me raccompagne chez moi. Aujourd'hui, j'ai toujours des douleurs au ventre et mes règles se sont arrêtées depuis ce jour-là. Ça s'est passé en juillet. Je me sens toujours très fatiguée. Je n'ai pas assez d'énergie pour travailler dans la maison. Je suis troublée. Je ne sais pas comment expliquer ce qui se passe. Peut-être que ces hommes avaient une maladie et qu'ils m'ont contaminée. Ma vie a complètement changé.»

Charlotte
«Je m'appelle Charlotte. J'ai 20 ans. Je vis dans le quartier de Bagira, dans les collines, juste en dehors de Bukavu. Les Interahamwes (milices hutues rwandaises extrémistes) qui vivent dans les collines d'en face sont venus attaquer plusieurs maisons début octobre. Quand ils sont entrés chez moi, ils m'ont tout de suite vue. Ils m'ont déshabillée de force. Sous la menace de couteaux, ils m'ont couchée par terre et un des hommes m'a violée. Un autre s'apprêtait à me prendre de force aussi. Mais quelqu'un a fait sonner la cloche de l'église pour alerter les voisins. Alors les Interahamwes ont décidé de partir. Ils ont pris tous nos vêtements et m'ont forcée à les porter pour eux. J'ai passé une nuit dans la colline. Là, les militaires ont commencé à se disputer pour moi, et leur commandant m'a dit de partir, car je provoquais la confusion. Maintenant, je ne dors plus chez moi, car ils ont menacé de revenir.».

 

3.1- A Bangui aussi...(victimes de viols) (mardi 26 novembre 200)

Alors que l'ONU célébrait hier la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, les évêques centrafricains ont dénoncé «l'insoutenable sauvagerie» infligée aux femmes par des «bandes armées». Ils désignent les rebelles du Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba venus aider le régime de Patassé, menacé par un coup d'Etat, fin octobre.
Liberation : "A bangui aussi... "


Les nouvelles brèves de Centrafrique (suite 2)