Le MLPC accuse son président, Patassé, de "dérive totalitaire"

BANGUI, 9 déc 2003 (AFP) - 15h18 - Le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), ancien parti au pouvoir, a accusé mardi son président, l'ancien chef de l'Etat Ange-Félix Patassé, de "dérive totalitaire et de violation délibérée des textes du parti".

"Aussi bien dans les statuts que dans le règlement intérieur du parti, aucune place n'est faite au président du parti de prendre seul (...) la décision de suspension des militants. Il s'agit donc là d'une dérive totalitaire et de violation délibérée des textes du parti", affirme la déclaration signée par Hugues Dobozendi, 1er vice-président du MLPC.

Cette déclaration émanant du bureau exécutif du MLPC fait suite à la décision prise récemment par l'ancien chef d'Etat centrafricain, officiellement toujours président du MLPC, de suspendre certains militants du parti "pour intelligence avec la rébellion et légitimation du putsch du 15 mars 2OO3" qui a porté au pouvoir le général François Bozizé.

Depuis son exil de Lomé, M. Patassé avait également délégué "une compétence partielle et ponctuelle" à la fédération MLPC-France-Europe-Amérique, ce que contestent les autres dirigeants du parti.

Le bureau exécutif du MLPC estime aussi que, dans ses décisions, M. Patassé "a fait preuve de méconnaissance grave des textes qui régissent le parti qu'il prétend aimer".

Par ailleurs, le bureau exécutif "rappelle au camarade Ange-Félix Patassé (...) qu'il est sur un territoire d'un pays ami (le Togo) et doit savoir observer les règles élémentaires de réserve dues à ce statut et se garder de poser des actes politiques à partir du territoire de ce pays".

Dans sa déclaration, le bureau exécutif du MLPC annule purement et simplement les décisions portant, d'une part, sur la suspension de certains militants et, d'autre part, portant sur la délégation de compétence partielle et ponctuelle à la fédération MLPC France-Europe-Amérique.

Il appelle tous ses militants (y compris M. Patassé), "à transcender leurs divergences et à se mobiliser davantage pour préparer le congrès dont la nouvelle date sera arrêtée conjointement par le bureau exécutif et le comité préparatoire".

Le texte lance enfin "un vibrant appel à l'unité, à l'esprit de camaraderie afin d'éviter toutes tentatives de division d'où qu'elles viennent, car, avec ou sans Patassé, le parti doit aller de l'avant comme par le passé".

L'ancien parti présidentiel est représenté par deux ministres au sein du gouvernement d'union nationale issu du coup d'Etat du 15 mars dernier qui a renversé M. Patassé.

Les nouvelles brèves de Centrafrique (suite 3)