Drame et conflit social au Congo (RDC) : reportage avec AFP et Reuters (27, 29 novembre 2000)

Seize millions de Congolais en difficulté à cause de la guerre
La malnutrition, les maladie, le manque de logements et les mauvais traitements affectent 16 millions de Congolais, soit plus d'un tiers de la population, à cause de l'interminable guerre civile dans le pays, selon une responsables des Nations unies.
Carolyn McAskie, coordinatrice par intérim de l'aide humanitaire au sein de l'Onu, explique que l'économie que la République démocratique du Congo a souffert de la guerre mais aussi de décennies de mauvaise gestion et de négligences.
L'alimentation est venue à manquer, le système de santé s'est effondré, quelque 200.000 ont eu du mal à survivre de la cueillette dans les forêts pluviales et d'autres ont été utilisés pour des travaux forcés par les armées en présence, a-t-elle dit mardi au Conseil de sécurité de l'Onu.
"Pour l'instant, tous les efforts diplomatiques et militaires pour mettre un terme à ce qui a été qualifié de 'première guerre mondiale d'Afrique' n'ont pas produit de résultats, tandis que la crise humanitaire dans la RDC reste l'une des pires du monde, autant en termes d'intensité que de magnitude", a dit McAskie.
Les combats avaient commencé en août 1998 lorsque que des groupes rivaux de rebelles soutenus par les armées rwandaise et ougandaise avaient tenté de renverser le président congolais Laurent Kabila, lui-même soutenu par le Zimbabwe, de l'Angola et de la Namibie. Les Nations unies ont envoyé une force de maintien de la paix réduite constituée d'observateurs militaires mais attend que les combats baissent d'intensité avant de déployer des soldats.
Des procédures administratives restrictives dans les zones contrôlées par le gouvernement et des combats dans les régions tenues par les rebelles empêchent souvent l'acheminement de l'aide pour des centaines de milliers de personnes.
McAskie exhorte la communauté internationale à garantir une généreuse assistance humanitaire au pays et à ne pas laisser des questions politiques empêcher le financement de l'aide d'urgence, qui s'est élevée cette année à 43,6 millions de dollars au lieu des 71,4 millions demandés.
(Reuters, Nations Unies, mercredi 29 novembre 2000 - 9h00)

Huit pays africains à la recherche d'une solution au conflit de RDC
Les six pays belligérants en République démocratique du Congo (RDC) auxquels se sont joint l'Afrique du sud et le Mozambique sont réunis lundi à Maputo pour tenter, une nouvelle fois, de trouver une solution au conflit et faire appliquer l'accord de cessez-le-feu de Lusaka.
Ce sommet, organisé à l'initiative du président sud-africain Thabo Mbeki est le suivi logique d'un sommet similaire qui s'était tenu le 16 octobre dans la capitale du Mozambique.
Les initiatives se sont multipliées au cours des dernières semaines pour tenter, mais en vain, de mettre un terme à la guerre qui ravage la RDC depuis 1998.
Au cours de la première réunion de Maputo les participants avaient décidé le retrait des toutes les troupes en présence de 15 km, au moins, des positions qu'elles occupaient au moment de la signature, de l'accord de cessez-le-feu de Lusaka, en juillet-août 1999.
Le sommet qui s'est ouvert lundi doit examiner l'état du suivi de l'accord de Lusaka dont les Nations unies sont, en principe, chargées de vérifier l'application sur le terrain.
Depuis le 16 octobre deux autres réunions, au niveau des chefs d'Etats, ont été consacrés au conflit en RDC.
L'une à Kinshasa a rassemblé le 27 octobre les pays francophones d'Afrique centrale, la seconde s'est déroulée le 8 novembre à Tripoli en présence d'une partie des belligérants.
A Tripoli la décision avait été prise de "déployer immédiatement une force africaine neutre" pour ramener la paix en RDC, avait indiqué le ministre libyen de l'Unité africaine Albi Abdel Salam Triki.
Cette force, dont la composition n'avait pas été arrêtée, était chargée de "garantir la sécurité des frontières du Rwanda et de l'Ouganda" avec la RDC et "de désarmer les groupes" rebelles actifs en RDC.
Mais les rebelles, qui avaient signé l'accord de Lusaka en 1999, n'ont pas été invités aux derniers sommets sur la RDC et ne se considèrent donc pas tenus au respect des décisions prises par les chefs d'Etat.
C'est ainsi que le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC, soutenu par l'Ouganda), Jean-Pierre Bemba avait déclaré en octobre que: "Tant qu'il n'y a pas une volonté politique du président Kabila de laisser se dérouler le dialogue inter congolais", le retrait de 15 km décidé à Maputo n'aurait aucune incidence.
Le leader du MLC avait ajouté que les décisions de Maputo concernaient les belligérants, c'est-à-dire les Etats concernés, "mais pas les rébellions, donc pour nous ça ne change rien".
Le président rwandais Paul Kagamé qui compte parmi les belligérants en RDC a réaffirmé le 17 octobre que le Rwanda était prêt à retirer ses troupes si l'ONU était prête à se déployer entre les lignes.
M. Kagamé a estimé qu'il y aura "des difficultés de mise en pratique de l'accord de Maputo parce que certains, comme Kabila et ses alliés, n'aimeraient pas le voir entrer en pratique", ajoutant "le Rwanda est prêt à respecter cet accord malgré ces difficultés".
"Le Rwanda a commencé à retirer ses forces jusqu'à 200 km des positions de départ, parce que nous constations que l'accord (de Lusaka) piétinait", avait expliqué M. Kagamé qui avait expliqué que ce geste étais "fait pour motiver les autres parties à également retirer leurs forces dans le but d'appliquer l'accord".
Outre le président mozambicain Joaquim Chissano, hôte du sommet de Maputo, les participants sont Thabo Mbeki (Afrique du sud), Laurent-Désiré Kabila (RDC), Paul Kagame (Rwanda), Robert Mugabe (Zimbabwe) et Yoweri Museveni (Ouganda). La Namibie est représentée par son Premier ministre Hage Geingob et l'Angola par son ministre de la Défense Kundi Pahyama.
Le conflit en RDC oppose depuis août 1998 les forces gouvernementales appuyées par l'Angola, le Zimbabwe et la Namibie à des factions rebelles soutenues par le Rwanda et l'Ouganda.
(AFP, Maputo, lundi 27 novembre 2000 - 13h09)

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