Revue hebdomadaire de la presse africaine (04 novembre 2000) par l'agence PANA

La Côte d'Ivoire, qui a réussi à se stabiliser, après une semaine de troubles sanglants qui ont fait suite à la présidentielle du 22 octobre, occupe toujours la une des journaux africaine parvenue cette semaine, à la PANA, à Dakar.

Dans un éditorial intitulé "démocratie pour et par les Africains", le quotidien "East African Standard", de Naïrobi, pose la question de savoir ce qui ne marche pas avec les démocraties africaines.

"Lorsque les Africains sont présentés avec peu de considération dans les médias occidentaux, ils réagissent souvent en arguant qu'ils ne doivent pas être jugés à l'aune des démocraties occidentales", écrit le journal kenyan.

L'éditorialiste observe encore: "si les événements récents de Côte d'Ivoire et de Zanzibar reflètent fidèlement la conception et la compréhension que les Africains ont de la démocratie, ce n'est pas seulement triste, c'est également dramatique".

Le quotidien de Naïrobi condamne fermement la culture de la violence telle qu'elle est apparue en Côte d'Ivoire et dans la partie insulaire de la tanzanie, devant la communauté internationale.

La chute du général Robert Gueï, chassé du pouvoir par la rue appelée à la rescousse par Laurent Gbagbo, doit être considérée comme l'événement majeur de cette année, en Afrique, laisse entendre le "Monitor", publié à Kampala.

Il constate que, "depuis des décennies, les révoltes populaires en Afrique sont le fait d'une poignée d'hommes qui prennent le maquis et déclenchent une longue rébellion armée, comme en Ouganda, qui conduit à la prise du pouvoir".

Dans la même ville, l'officieux "New Vision" rappelle que le général Gueï a suivi l'exemple de Paul Muwanga qui, il y a vingt ans, avait bloqué les résultats des élections ougandaises, inaugurant ainsi "une période sanglante de cinq ans dans l'histoire du pays".

Heureusement, se félicite-t-il, la Côte d'Ivoire n'est pas abandonnée par la communauté internationale, contrairement au sort fait aux Ougandais à l'époque.

La presse d'Abidjan revient largement sur les derniers événements qui ont secoué la Côte d'Ivoire, fustigeant l'attitude de religieux et de politiques accusés d'avoir "jeté de l'huile sur le feu".

Quotidien indépendant, "L'Inter" titre : "après les affrontements, le Rassemblement des Républicains (RDR) fait le bilan: 115 tués, 316 blessés, 116 arrêtés, une cinquantaine de disparus".

"Le Patriote", organe du RDR, met un accent particulier sur le charnier découvert le 28 octobre, à Yopougon, une banlieue populaire d'Abidjan. "Charnier de Yopougon: des gendarmes nous ont mitraillés à bout portant", annonce-t-il, reprenant le témoignage d'un rescapé.

"Le National", réputé proche de l'ancien président Henri Konan Bédié, renversé par le général Guéï le 24 décembre 1999, écrit: "ADO et Koudouss, ces hommes sont dangereux".

Le journal estime que "Idriss Koudouss et Alassane Dramane Ouattara (ADO), respectivement président du Conseil National Islamique et leader du RDR, constituent une menace pour la paix en Côte d'Ivoire".

"Avec les pensées et actions des sieurs Alassane Dramane Ouattara et El Hadj Idriss Koudouss, la Côte d'Ivoire risque de basculer dans la violence", selon "Le National" qui suspecte les deux hommes d'être "animés d'une volonté de brûler le pays".

Quotidien du Front populaire ivoirien (FPI), désormais au pouvoir à Abidjan, "Notre Voie" se contente d'un constat: "Après les violentes manifestations, des femmes du RDR demandent la démission de Dramane Ouattara".

La presse de Kinshasa accorde également une place à la situation en Côte d'Ivoire. "L'Avenir", proche du gouvernement, dénonce "l'ivoirité", une notion qui, en un an, a allongé la liste des éxilés.

Un "mal qui répand la terreur", poursuit-il, imitant le poète.

Après Bédié et Gueï, on pensait, indique le journal, que "Gbagbo s'éleverait au-dessus de cette bassesse qu'est l'ivoirité, comprise non comme (une volonté de) respecter la Constitution, mais comme une manoeuvre politicienne pour régler des comptes à ses adversaires".

"Comme on peut bien le constater, la peur de Ouattara, (dernier Premier ministre de Félix Houphouet-Boigny), est le commencement de l'ivoirité", fait observer "l'Avenir".

A Yaounde, le "Cameroon Tribune" ironise sur le "triste parcours (du) balayeur", le général Gueï, qui en aura "rajouté à la crasse de la maison".

En cette fin de semaine, les journaux camerounais sont aux trousses du chef de la junte militaire chassée du sommet de l'Etat. Ironique, "le Messager Popoli", annonce: "Notre beau-frère Robert Gueï bientôt chez nous". Les Camerounais se rappellent que le fils de l'ancien chef d'Etat a épousé une camerounaise.

La presse togolaise relève les contradictions du président Gnassingbe Eyadéma qui, après avoir plaidé pour de nouvelles élections en Côte d'Ivoire, s'est dit prêt à "accompagner" le nouveau pouvoir en place à Abidjan.

"Le Regard" publie un article intitulé "Eyadéma obligé d'accompagner Gbagbo". "En l'espace de quelques jours, le chef de l'Etat togolais a émis deux opinions diamétralement opposées au sujet de la situation qui prévaut en Côte d'Ivoire, suite à la débandade de Robert Gueï et de ses affidés", souligne-t-il.

Il constate que "le président en exercice de l'OUA, après avoir réclamé un nouveau scrutin présidentiel, a changé d'opinion après le déjeuner avec le président français, Jacques Chirac".

Le journal ironise même, paraphrasant le président Eyadéma qui a l'habitude de déclarer que "quand on n'est pas au bord de la toilette, on ne peut sentir l'odeur".

"Le Regard" se demande si "le déjeuner avec Chirac l'a amené à oublier que jusqu'à la veille, il se prononçait, au nom de l'OUA, en faveur de nouvelles élections en Côte d'Ivoire".

"A-t-il senti l'odeur verbale de la toilette de Chirac?" s'interroge-t-il.

A Dakar, un hebdomadaire indépendant est d'avis que "les ingrédients qui ont fait que la Côte d'Ivoire a dégénéré sont toujours d'actualité".

"La constitution de Gueï, les germes de conflits ethniques et confessionnels sont toujours là", estime "Nouvel Horizon".

"Le Soleil" se contente de suivre l'actualité en Côte d'Ivoire. Il réserve son commentaire à la dissolution du gouvernement malawite par le président Bakili Muluzi à la suite d'une série d'affaires de corruption.

Pourtant et "contrairement au Nigeria et au Cameroun, le Malawi n'a pas été le plus en vue sur la liste des pays les plus corrompus", ajoute l'officieux de Dakar.

L'avertissement de l'ambassadeur de Grande Bretagne à Blantyre -"Nous ne soutiendrons pas la mauvaise gestion économique" vaut pour tous les hauts responsables du continent, souligne-t-on de même source.

"De leur volonté de faire preuve de probité tout court, dépendra, dans une large mesure, la réussite de toutes les mesures de redressement notées ça et là sur le continent", poursuit "Le Soleil".

(Dakar, Sénégal (PANA) - 0- PANA OD/KIB - 04 Novembre 2000)


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