Sida, paludisme, fléau, "conspiration" ?


Kofi Annan à Accra: la conspiration du silence sur le sida est rompue.
(Nations Unies, 24 avril 2001)

La conspiration du silence sur le sida est brisée, car de plus en plus les gens en parlent ouvertement. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est élaborer une méthode scientifique de lutte contre ce fléau qui combine la prévention et les soins médicaux. C'est ce qu'a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, à son arrivée à Accra, au Ghana, pour une brève visite privée dans son pays. M. Annan est en route pour Abuja, au Nigéria, qui accueille à partir d'aujourd'hui un sommet africain sur le virus du sida, la tuberculose et autres maladies infectieuses qui y sont liées. Le secrétaire général s'y adressera jeudi dans un discours-appel aux dirigeants africains pour qu'ils joignent leurs forces dans la lutte contre fléau. En marge de son séjour au Ghana, M. Annan a rencontré le nouveau Président du pays, John Kufuor, ainsi que le ministre des affaires étrangères.


Le Nigeria est engagé dans la lutte contre le VIH/SIDA
(PANA, Abuja, Nigeria - 25 avril 2001)

Le Nigeria, qui accueille cette semaine un sommet africain sur le Sida, la tuberculose et autres maladies infectieuses, a réaffirmé son engagement à lutter contre le SIDA.

Le ministre de la Santé, M. Alphonsus Nwosu, a déclaré à la presse à Abuja que le gouvernement devrait lancer vendredi le Plan d'action d'urgence contre le VIH (HEAP), une initiative qui s'inscrit dans le cadre de ses efforts visant à accélérer sa réponse face au nombre croissant de cas de VIH/SIDA recensés dans le pays.

"Le président Olusegun Obasanjo est engagé dans la lutte contre la propragation de la maladie", a dit M. Nwosu, qui a mis en avant la dernière directive présidentielle relative à l'achat de médicaments anti-rétroviraux d'une valeur de quatre millions de dollars.

Ces produits devront être mis à la disposition des personnes infectées à un taux fortement subventionné, ce qui, selon lui, traduit l'engagement de M. Obasanjo.

Depuis son arrivée aux affaires le 29 mai 1999, le numéro un nigerian a renforcé les mesures destinées à combattre la maladie, en mettant en place un Comité national d'action contre le SIDA (NACA) placé sous sa tutelle directe et en augmentant l'allocation budgétaire versée à la lutte contre le Sida.

Un nombre estimé à 2,6 milions de Nigerians est infecté par le virus.

Le sommet d'Abuja du 24-25 avril est coorganisé par l'OUA, l'ONUSIDA, le Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/SIDA.

Plusieurs chefs d'Etat africains, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan et l'ex-président américain Bill Clinton sont attendus à cette conférence où ils devraient accorder une attention particulière à ce fléau qui ravage le continent. -
(0- PANA ANO/SEG/PE/NFB/MA 25avril2001)


Sida en Centrafrique: malheur à ceux qui en parlent
(AFP, BANGUI, 25 avril 2001 - 9h27)

"Depuis que j'anime des débats et participe à des émissions télévisées sur le sida, on me montre du doigt : +c'est la sidéenne+. Quand je passe devant une école, je deviens la risée des jeunes"...

Patricia, secrétaire générale du Réseau centrafricain des personnes vivant avec le VIH-sida (RECAPEV), paye chaque jour le courage d'avoir osé briser le tabou d'une maladie encore jugée honteuse par les Centrafricains.

Son ONG, créée en 1991 et rattachée au ministère centrafricain de la Santé, ne compte que 700 adhérents.

La République centrafricaine (RCA) est pourtant un des dix pays les plus touchés d'Afrique par la pandémie, avec un taux de prévalence record en Afrique centrale de 15%, soit 300.000 personnes infectées, selon les chiffres nationaux.

Le pays a enregistré 20.000 décès depuis 1985 et compte 60.000 orphelins du sida. 95% des lits des formations sanitaires sont occupés par des malades du sida.

Face à ce constat, Justin M'Baka, président du RECAPEV, lui-même porteur du virus, s'inquiète du peu de succès de son organisation, chargée d'appuyer les campagnes de sensibilisation du Comité national de lutte contre le sida et de regrouper les porteurs pour les amener à changer de comportement sexuel.

"Sur nos 700 adhérents, beaucoup sont déjà morts alors que d'autres se retirent ou tentent de le faire pour échapper à l'exclusion", explique-t-il.

"C'est le cas de mon vice-président dont l'épouse vendait des beignets. Depuis que son mari est passé à la télévision pour parler de sa séropositivité, les clients refusent d'acheter ses beignets craignant d'attraper le sida. Le couple voudrait changer de quartier. Moi, j'ai dit au mari qu'il ferait mieux de changer de visage".

Face à cet ostracisme, les personnes aisées, les fonctionnaires et les jeunes pourtant convaincus de leur séropositivité refusent d'avouer leur maladie ou d'adhérer au RECAPEV, estime son président.

"Ce faisant, ils empêchent le RECAPEV d'être informé des autres formes d'exclusion frappant les sidéens. Ils continuent de fréquenter lycées et bars dancing à la conquête de jeunes filles nécessiteuses qu'ils contaminent à longueur de journée".

Les membres du RECAPEV sont aujourd'hui pour la plupart des chômeurs et des désoeuvrés, démunis de tout moyen pour conduire la lutte contre le mythe encore répandu du "Syndrome Inventé pour Décourager les Amoureux".

"Beaucoup de couples se sont disloqués. De nombreux sidéens ont perdu leur emploi ou se sont suicidés parce qu'ils ont été abandonnés ou rejetés", regrette M. M'Baka.

Avec la création d'un Comité national de lutte contre le sida présidé par le chef de l'Etat centrafricain, et l'existence du service Solidarité Action Service (SAS), qui aide les séropositifs et leurs familles, il "espère que l'Etat songera à appuyer le RECAPEV".

Mais les moyens publics sont eux-même très limités. Le président Ange-Félix Patassé à décrété en 2000 la création d'un centre de trithérapie, resté pour le moment lettre morte, faute de financements.

L'ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé avait dénoncé en février "l'hypocrisie collective" de ses concitoyens face à la maladie, et notamment l'attitude de certains médecins "qui n'osent pas prescrire spontanément le dépistage systématique du sida".

Et d'avertir: "le risque est sérieux que nous manquions de bras pour faire décoller ce pays. La jeunesse et les cadres meurent à un rythme inquiétant au point que les courbes de la croissance démographique et de l'espérance de vie connaîssent un infléchissement réel".



Paludisme : le fléau africain

La journée africaine du paludisme a lieu le 25 avril. Cette maladie "évitable" est encore responsable de plus d'un million de décès par an dans le monde. Et le continent africain est toujours la région la plus touchée.

Les enfants, les femmes enceintes, les personnes souffrant d'une faiblesse du système immunitaire sont les premières victimes du paludisme. Cette maladie entraîne des souffrances terribles. Les crises provoquent la destruction de cellules sanguines, l'anémie, affaiblissent le cœur des personnes atteintes, donnent des diarrhées et des oedèmes. Et lorsqu'il n'est pas soigné, le paludisme tue. Ainsi, on dénombre encore 3 000 décès par jour dus à cette maladie. 700 000 enfants de moins de cinq ans en meurent chaque année. Les nourrissons dont les mères étaient infectées souffrent généralement d'insuffisance pondérale, l'une des principales causes de décès des bébés durant le premier mois de leur vie.
L'Afrique est toujours le continent le plus touché par le paludisme. Elle regroupe près de 90 % des cas. Dans certains pays comme le Nigeria, la quasi totalité de la population vit dans des zones où le risque d'infection est constant. Au Ghana, le paludisme représente la première cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Au Burkina Faso, une personne hospitalisée sur cinq l'est à cause de cette maladie.
Depuis 1998, Faire reculer le paludisme, un partenariat lancé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme des Nations unies pour le Développement (Pnud), le Fonds des Nations unies pour l'Enfance (Unicef) et la Banque mondiale, essaie de stimuler les acteurs impliqués dans la lutte contre le paludisme, et notamment les gouvernements, pour multiplier les programmes efficaces. A l'image, par exemple, de celui qui a été mené en Ethiopie dans la région du Tigre avec la diffusion auprès d'un demi-million de personnes de traitements anti-paludiques grâce à 700 agents de santé volontaires et qui a permis de diminuer de 40 % la mortalité des enfants de moins de cinq ans. L'objectif du partenariat est de réduire la mortalité de moitié d'ici 2010, de permettre à 60 % des personnes atteintes d'avoir accès à des traitements à bas prix et à des traitements préventifs.

Résistance à la chloroquine
L'un des moyens les plus efficaces pour éviter l'infection par le moustique anophèle responsable de la transmission de la maladie, est l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide durant la nuit. Mais cette protection coûte cher et reste inaccessible à la plupart des populations africaines concernées. Selon l'OMS, dans certains Etats, le prix des moustiquaires peut représenter jusqu'à 8 % du PNB par habitant. Pour l'instant, seul un pays du continent, la Tanzanie, a pris des mesures significatives pour réduire les droits de douanes sur ces équipements et ainsi faciliter leur diffusion. La Côte d'Ivoire, le Nigeria, l'Ouganda, la Zambie devraient suivre cet exemple.
La diffusion retreinte des moustiquaires rend d'autant plus indispensable l'accès aux traitements. Mais le coût des médicaments est trop élevé et les budgets santé des Etats sont trop réduits pour permettre une offre de soins généralisée notamment dans les zones éloignées des centres urbains. Pourtant, certains traitements existants pourraient améliorer la situation des populations particulièrement sensibles. En l'occurrence, les femmes enceintes et les enfants. Pour les premières, le Traitement préventif intermittent (TPI) permet grâce à l'administration d'antipaludique à partir du deuxième trimestre de grossesse de réduire les risques d'infection placentaire. Pour l'instant, seuls le Kenya et le Malawi appliquent ce protocole en Afrique. Concernant les enfants, l'artusénate, un médicament présenté sous forme de suppositoire, est particulièrement efficace pour freiner le développement de la maladie. Selon les estimations de l'OMS, une diffusion large de ce médicament permettrait de réduire de 100 000 le nombre d'enfants qui meurent du paludisme chaque année.
Au-delà du problème de l'accès aux traitements, les populations africaines ont à faire face depuis quelques années à un obstacle supplémentaire. De plus en plus, les moustiques développent une résistance à l'action du principal médicament anti-paludique utilisé, la chloroquine. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les laboratoires pharmaceutiques ne développent pas de programmes de recherche pour mettre au point de nouvelles molécules contre le paludisme. Les pays touchés faisant partis des plus pauvres de la planète, les compagnies pharmaceutiques ne peuvent envisager un retour sur investissement et se désintéressent donc du problème.
En dehors de ses conséquences dramatiques en terme de santé publique, le paludisme a aussi un impact fort sur le développement économique de l'Afrique. Selon l'OMS, le PIB du continent serait supérieur de 100 milliards de dollars à son niveau actuel si le paludisme avait été éradiqué il y a 35 ans. Les familles touchées par la maladie voient, quant à elles, leur budget amputé d'un quart par le coût du traitement.

(Source RFI actualité http://www.radiofranceinternationale.fr/ )

25 avril 2001


Observation de la 1ère Journée contre le paludisme en Afrique.
(Nations Unies, 25 avril 2001l )

La première Journée de lutte contre le paludisme en Afrique est observée aujourd'hui dans le monde. Placée sous les auspices des autorités nigérianes, cette manifestation a pour objet d'informer sur la manière de prévenir et de traiter ce véritable fléau. L'an dernier, une quarantaine de pays africains réunis à Abuja s'étaient engagés à fournir des soins efficaces, abordables et rapides à 60% au moins des victimes du paludisme, avec le concours de l'ONU. Selon les agences spécialisées de l'Organisation, l'installation de moustiquaires anti-pesticides permet de réduire de 63% les risques de transmission du paludisme qui tue encore plus d'un million de personnes par an, dont la plupart des enfants africains de moins de cinq ans.


Première cause des consultations dans les formations sanitaires
(PANA, Cotonou, Bénin - 25 avril 2001)

Le paludisme est la première cause de consultation dans les formations sanitaires du Bénin, mais aussi la première cause de décès, notamment chez les enfants de zéro à cinq ans, selon le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP).

A l'occasion de la journée africaine de lutte contre le paludisme, célébrée pour la première fois ce 25 avril, les responsables du programme béninois soulignent que cette maladie a des répercussions graves aussi bien sur l'économie nationale que sur les revenus des ménages.

Ainsi, elle oblige le gouvernement béninois à inscrire dans son programme annuel d'investissement public un budget d'un montant de 1.957.000.000 de F CFA pour lutter cette maladie devenue un problème de santé publique.

Le paludisme seul fait 36% du taux de fréquentation du système sanitaire au Bénin. Ce taux s'élève jusqu'à 40% chez les enfants de moins de cinq. Il constitue 29% des causes d'hospitalisation des adultes et 34% au niveau des enfants de moins de cinq ans, entraînant ainsi une incidence moyenne de 120 pour mille habitants au niveau de la population, 437 pour mille chez les enfants de plus de cinq ans et 219 pour mille chez les enfants de un à quatre ans.

Selon les résultats des enquêtes publiées par le PNLP, près de 50% de la population du Bénin attribue le paludisme à la consommation excessive d'huile, à l'exposition prolongée au soleil et à la sorcellerie.

Une autre cause du paludisme relevée par le PNLP est la non-utilisation des moustiquaires par la population. Ainsi, plus des deux tiers de la population béninoise n'utilisent pas de moustiquaires imprégnées pour des raisons socio-anthropologiques (représentation de la couleur blanche, utilisation des moustiquaires lors des expositions des corps des décès) et socio-économiques (coût trop élevé).

Pour le Dr Charles da Silva, le PNLP, par l'entremise du ministère de la Santé publique, est en train de faire un plaidoyer pour obtenir du gouvernement béninois une exonération des taxes sur les produits importés entrant dans la fabrication de la moustiquaire imprégnée. "C'est la seule manière possible pour nous d'en subventionner le coût", a-t-il affirmé.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, en Afrique un enfant meurt de paludisme toutes les 30 secondes et on enregistre un million de décès chaque année. Les torts financiers directs et indirects dus à cette maladie s'élèvent à environ 12 milliards de dollars US par an.

Il existe par ailleurs d'autres préjudices notamment humains non quantifiables mais tout aussi importants.

Ainsi, conformément à la Déclaration d'Abuja dont les objectifs sont, entre autres, de contribuer jusqu'à ce qu'au moins 60% des paludéens aient accès à un traitement rapide, adéquat et abordable dans un délai de 24 heures après l'apparition des premiers symptômes, le Bénin a décidé, à l'instar de la communauté africaine, de célébrer cette première Journée sur l'ensemble du territoire.

Les autres objectifs de la Déclaration sont qu'au moins 60% de toutes les femmes enceintes aient accès à la chimioprophylaxie ou à un traitement intermittent de présomption, qu'au moins 60% des personnes à risque, surtout les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans, puissent disposer de moustiquaires traitées aux insecticides et bénéficier d'autres interventions communautaires accessibles et abordables...

Au cours de la célébration de cette Journée au Bénin, il est prévu des opérations de distribution de moustiquaires imprégnées dans tous dans les orphelinats et dans les structures accueillant des enfants en situation difficile (école des sourds, SOS Calavi, Terre des hommes et l'ONG Regard d'amour).

Il est également prévu une marche de soutien des femmes et des manifestations sportives en milieu scolaire.

(-0- PANA SN/MA 25avril2001)

Origine du sida : des chercheurs tordent le cou à une théorie controversée.

Des équipes indépendantes de chercheurs tordent le cou à la théorie controversée selon laquelle la pandémie du sida aurait pour origine un vaccin oral contre la poliomyélite utilisé à la fin des années 50 en Afrique, notamment au Zaïre.

Leurs travaux paraissent simultanément dans les revues britannique Nature et américaine Science.

L'hypothèse controversée d'une transmission du virus du SIDA à l'homme par le biais ce vaccin anti-polio a été promue en 1999 par un journaliste britannique, Edward Hooper, dans un livre ("The River: A Journey Back to the Source of HIV and AIDS", éditions Penguin, Londres).

Le vaccin oral américain était supposé contenir des particules de reins de chimpanzé contaminées par le virus de singe "SIV" (virus de l'immunodéficience simienne), proche parent du virus du SIDA le plus répandu sur la planète (VIH 1).

La campagne de vaccination, menée de 1957 à 1960, a concerné près d'un million de personnes, essentiellement au Zaïre. Elle avait été lancée par un institut américain, le Wistar Institute de Philadelphie (Pennsylvanie).

(AFP, PARIS, 25 avril 2001)

Dossiers sangonet 25 avril 2001