Air Afrique sans avion

La compagnie aérienne Air Afrique va-t-elle être clouée au sol dans les jours à venir ? C’est ce qui se dessine avec la panne, à Bamako, de son avion A 300-600. Cet aéronef était le seul en état de marche. Déjà, vendredi dernier, l’autre appareil de type Airbus 300 B4 avait eu une avarie de moteur à Douala où il attend d’être dépanné. Le Conseil d’administration, réuni jeudi dernier à Abidjan, avait écarté l’idée du dépôt de bilan, mais le spectre se dessine de plus en plus car les deux avions utilisés en ce moment sur le réseau ne sont conformes ni aux dessertes ni aux capacités de la multinationale. Ces appareils, inadaptés aux dessertes inter-Etats, sont en effet très voraces en carburant.

La rentabilité de l’exploitation est loin d’être optimum. Afin que le dépôt de bilan ne soit pas effectif, il faudrait bien que M. Marcel Kodjo et son équipe (en attendant les 5 milliards de francs CFA demandés aux actionnaires) fassent preuve d’ingéniosité afin de continuer l’exploitation. Pourquoi, par exemple, ne pas développer une synergie Sud-Sud, avec une compagnie africaine qui offrirait ses capacités contre les droits de trafic d’Air Afrique. La compagnie Air Mali a renoué avec son partenaire égyptien après avoir collaboré avec Cameroon Airlines. Déjà, Air Ivoire l’avait expérimenté en duo avec Air Gabon sur les dessertes de Bamako et Dakar…

Une compagnie de la taille de South African Airlines ferait un partenaire idéal car il dispose de l’une des flottes les plus consistantes du continent : vingt et un Boeing 747, deux Boeing 767, trente-six Boeing 737, entre autres avions. Un croisement de cette flotte contre les droits de trafic de la compagnie aérienne panafricaine pourrait générer des recettes à mesure de financer le plan social pour lequel Air France voudrait intervenir à hauteur de son actionnariat actuel, c’est-à-dire 12 %.

Ce que les syndicalistes balaient du revers de la main en estimant que c’est la compagnie aérienne française, par l'intermédiaire de l'ancien directeur général d'Air Afrique, Yves Rolland Billecart, que les travailleurs accusent d'avoir conduit la compagnie panafricaine dans la mauvaise passe où elle se trouve actuellement. En effet, ce dernier s’était séparé de la flotte composée de trois Airbus 300 B4, trois DC 10 et deux DC8.

L’audit recommandé par le sommet des chefs d’Etat du 14 août dernier à Brazzaville permettrait d'y voir un peu plus clair. Malgré les difficultés que traverse la compagnie, son cadre réglementaire qu’est le Traité de Yaoundé lui prévoit la possibilité d’engranger des recettes. Pour l’heure, tous les regards sont tournés vers l’immeuble de la rue des Banques (siège de la compagnie) à Abidjan où Kodjo Mensa et ses collaborateurs doivent trouver une solution idoine afin qu'Air Afrique, ce vecteur du désenclavement, continue de fonctionner.

ABDOULAYE NIANG - (Correspondance particulière) 4 déc. 2001 - www.africatime.com


Actualité internationale et africaine 3